Chapitre 7

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Durant notre traversée du couloir sombre, Shane ne dit mot et son silence me rend nerveuse.
Je n'arrête pas de me demander où il m'emmène et pourquoi. Après tout, si ces gars sont ses potes, je ne vois pas pourquoi ça le dérangerait de m'engueuler devant eux. C'est humiliant pour moi c'est vrai et je préfère qu'il en soit ainsi, mais pour lui ça n'est pas le cas. Enfin bon.
Je me demande où il m'emmène.

Des tas de scénarios différents et tous plus horribles les uns que les autres défilent dans la tête et m'inquiète encore plus.
Et s'il m'emmenait à l'écart pour m'engueuler plus librement ? Pour encore plus m'engueuler ? Ou pour me frapper et me faire regretter de lui avoir désobéi ?
Car j'ai bien compris qu'il détestait ça. Je connais les gars comme lui. Arrogant, fier et dominant. Ils détestent qu'on les ignorent, qu'on les contredisent ou qu'on ne leur obéissent pas. Et encore plus quand il s'agit d'une fille. Moi qui ai déjà rencontré plusieurs gars comme Shane, je sais de quoi je parle.

Je déglutis pour ravaler mon angoisse mais c'est peine perdu. Je ne sais pas s'il est énervé et je prie tous les dieux pour qu'il ne le soit pas.
Mes doigts se tordent dans mes mains, et mes dents mutilent ma lèvre inférieur.
Il faudrait que je le regarde pour savoir s'il est en colère ou pas, seulement, j'ai peur de déclencher quoique ce soit et de faire une erreur.

Si je ne peux pas le voir, je peux au moins l'entendre : sa respiration est régulière et calme, et sa démarche est plutôt lente et décontractée. On pourrait presque croire qu'il se promène et qu'il est détendu. Donc il n'a pas l'air énervé.

Quand nous quittons l'obscurité ambiante du couloir pour déboucher dans le hall, la lumière devenu agressive m'oblige à froncer les sourcils et à m'arrêter. Je sens la main de Shane me frôler le dos lorsqu'il s'arrête, tandis que je me frotte les yeux. Contrairement à notre retour de l'infirmerie de tout à l'heure, cette fois ci, il m'attend patiemment.
J'essuis une larme du coin de mon oeil d'un revers de manche et m'apprête à repartir mais me fige brusquement.

Dans le hall, il n'y a plus aucun bruits, et tout le monde nous regarde.
Ils font une fixette sur moi ou quoi, c'est pas possible.
Je croise le regard des gars qui m'interpellaient tout à l'heure et toute trace de sourire sur leur visage a disparu. Ils se tiennent là, sur notre gauche, immobiles et aux regards froids.
Je déglutis mal-a-l'aise et me rapproche inconciemment de Shane, qui a enfouis ses mains dans ses poches.
On dirait qu'ils sont prêts à se jetter sur nous pour nous casser la gueule.
Ils m'inspirent encore moins confiance que tout à l'heure.
Je jette un regard inquiet à Shane qui les fixent, son éternel petit sourire taquin aux lèvres et une lueur de malice dans les yeux.
À croire que chaque situation absolument pas drôle, semble amusante pour lui. J'espère simplement qu'il ne va pas provoquer ces gars, qui n'ont pas l'air d'être ses amis.

Soudainement, alors que je réfléchissais à comment nous sortir de cette situation puisque Shane n'avait pas l'air décidé de le faire, sa main droite se glisse dans mon dos et me pousse légèrement pour me faire avancer. J'obéis, cependant pas très sereine, et traverse la vingtaine de mètres qui nous séparent du centre du Hall. Shane n'enlève pas sa main de mon dos et quelque part, je suis bien contente. Son contact me rassure et m'assure qu'il est bien derrière à me suivre.

Les gens se poussent et nous ouvre un passage que je traverse, un peu tendue par cette ambiance oppressante et électrique. Shane lui, reste impassible.
Heureusement nous avons déjà dépassé les gars qui nous regardaient froidement et ils sont maintenant loin derrière nous. Je suis bien contente de ne plus les voir, parce que même s'ils étaient loin et que je ne pouvais pas voir leur visage précisément, ils n'en étaient pas moins effrayant.

J'entre la première dans la cellule et ne sachant trop où me mettre, me place sur le côté. J'ai de nouveau un tas de questions à lui poser. C'est comme si chaque minute de plus passer ici m'apportait des centaines de questions en plus. Ça m'angoisse et me pollue l'esprit.
Shane traverse la pièce en se frottant le visage, comme s'il tentait de se débarrasser de la colère qui l'habitait. Son impassibilité n'était en effet qu'un masque, et maintenant il l'air bien énervé.

N°2304Où les histoires vivent. Découvrez maintenant