Chapitre 48

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PDV Shane.

8heures
Une heure que je suis levé.

Je fixe l'aiguille des secondes tourner inlassablement dans la grande horloge du Forum, tandis que Léna, assise sur mes genoux, somnole, la tête enfouie dans mon cou.

Ma main gauche tortille ses cheveux autour de mes doigts, d'un geste un peu nerveux, et l'autre repose sur le dossier du banc.

Le contraste entre le silence entre nous et la bataille qui se déroule dans ma tête est si violent.

Mes yeux me brûlent à cause du manque de sommeil et si je n'étais peut-être pas si anxieux, j'arriverais probablement à m'endormir.
Je ne dors plus vraiment en ce moment alors j'attends avec impatience le moment où je tomberai de fatigue et où je dormirai vraiment.

Des tas de questions me trottent dans la tête, et même si j'essais de les repousser, elles reviennent sans arrêt à la charge, quelques minutes plus tard.
Mais c'est mon combat intérieur.
J'essais de garder mes emotions à l'intérieur comme je l'ai toujours fait, mais là c'en devient si intense que mon corps commence à lâcher et à me trahir.
Mes yeux, brûlant, rouges et explosés.
Mon teint, blâfard et cerné.
Mes lèvres sèches, fendues et rouge sanguine à force d'arracher les petites peaux sèches qui dépassent.
Ma tête, si lourde et migraineuse.

Et il y a ces petits tocs nerveux qui me trahissent.
Par exemple quand je me mords les lèvres. Ou quand je suis assis et que mon pied tressaute. Quand je ne peux pas m'empêcher de regarder tout autour de moi. Quand je me passe une main dans les cheveux, plusieurs fois, jusqu'à réussir à calmer les battements effrénés de mon coeur qui s'accélère.
Ce sont pleins de petits détails comme ça au quotidien qui vont me faire perdre la boule.

Je m'empresse de déglutir alors que je sens une nouvelle vague de panique m'assaillir, comme si j'allais pouvoir la ravaler avec ma salive, puis m'éclairci la voix.

-Léna ?

Ça revient. Je sens la panique revenir.
Je ne vais pas pouvoir la repousser longtemps.

-Hm ?

Peut-être que si je la...

Soudain, j'ai l'impression que ma poitrine se serre et que je manque d'air. Les murs se ressèrent autour de moi et j'ouvre la bouche, haletant, alors que je me sens étouffé. Un cri terrifié monte dans le fond de ma gorge mais aucun son ne sort lorsque j'ouvre la bouche, hormis celui de mes poumons qui cherchent désespérement un peu d'air à respirer.

-Shane, ça va ?

La voix de Léna me ramène à la réalité.
Les sourcils froncés et le visage froissé par le sommeil, Léna m'observe comme si j'étais bizarre.

La panique retombe aussitôt, aussi vite qu'elle est venue.

Et aussi vite qu'elle reviendra.

-Ça va ? Tu allais dire quelque chose. Tu as du mal à respirer ?

Je secoue la tête, négatif, en vérifiant que personne d'autre ne m'ai vu.

- Tu es sûr ? Tu veux que je t'aide à te détendre ? Ou...

Sa main se pose sur mon torse dans un message explicite, mais je l'attrape aussitôt, comme si j'avais été brûlé.

-Non, je gronde, en la fusillant du regard.

Je ne veux plus faire ça.
Son visage se ferme et je comprends qu'elle est vexée alors je m'empresse d'ajouter d'une voix adoucie :

N°2304Où les histoires vivent. Découvrez maintenant