-Ça va ?
J'ouvre les yeux à contre-coeur et lève la tête. Milla et Alice sont là et marchent vers moi, un triste sourire aux lèvres.
Je pousse un soupire et referme les yeux, laissant la chaleur du soleil me réconforter, et la brise balayer mon visage.
Depuis que Milla m'a fait découvrir qu'il y avait un jardin et qu'on pouvait y accéder librement, j'y vais quasiment tous les jours. J'aime la paix qui y règne ; ayant pour seul bruit les chants des oiseaux et le bruissement des feuilles dans les arbres. J'aime respirer l'air frais, et non l'air chaud et climatisé du centre ; et j'aime venir m'allonger dans l'herbe fraîche pour réfléchir. Quelle ironie de me mettre à aimer être dehors depuis que je suis enfermée ici, alors qu'avant, je n'en avais rien à faire.-On te cherchait.
-Mais je savais que tu serai ici, sourit Milla en s'asseyant à ma droite.
Alice s'assoit à ma gauche et un silence se fait. Je sais que le problème vient de moi, mais honnêtement, je n'ai pas envie de parler. Je sais ce dont elles vont me parler, et je n'ai pas envie d'en discuter avec elles. Non pas que je ne leur fait pas confiance ou quelque chose comme ca, mais c'est simplement que je n'aimes pas me confier, en règle générale.
Même si je ne les vois pas, je sais qu'elles se regardent, comme pour se donner un signal. Apparemment, je ne vais pas y couper.
Milla commence :-T'as pas l'air bien en ce moment.
Derrière mes paupières closes, je la sens me jeter un coup d'oeil, sûrement dans l'espoir que je réponde. Mais je n'en fais rien.
-T'as l'air... déprimée. Tu viens plus vraiment à la bibliothèque avec nous, et tu passes ton temps ici, à rester allongée et à penser à je ne sais quoi.
-J'aime bien être dehors, je marmonne, bien que je sais que là n'est pas le problème.
-Ouais, je sais mais...
Milla se tait et sa phrase reste en suspend.
-En gros, ce qu'on essaie de te dire, c'est que si y'a quelque chose qui te tracasse, tu peux nous en parler, intervient Alice pour terminer la phrase de Milla.
-Et si c'est être ici qui me tracasse !?
Les filles se taisent, et je regrettes d'avoir parler aussi agressivement. Elle n'y sont pour rien et je n'ai pas le droit de m'énerver contre elles. En plus, c'est terriblement égoïste de ma part de me plaindre d'être ici devant elles, alors qu'elles vivent exactement la même chose que moi, et qu'elles ne se plaignent pas.
-Non pardon, je ne voulais pas dire ça. C'est juste que...j'arrive à rien, je soupire. Tout ça me dépasse. Je suis quelqu'un qui a besoin de comprendre les choses pour se sentir bien, mais là j'arrive à rien et je me sens submergée. Je me noie. Je sais plus quoi faire. Et je sais plus quoi faire avec Shane, j'ajoute à voix basse, après un instant d'hésitation.
Après un échange de regard suspicieux, Milla hausse un sourcil :
-Il t'a dit quelque chose ?
-Non. Il n'essaie plus de me parler. Je crois qu'il préfère passer son temps avec Léna.
Milla et Alice échangent de nouveau un regard et paraissent embêtées. C'est tellement pathétique. C'est tellement pathétique de ma part de pleurnicher comme ça.
Je regrette aussitôt ma phrase qui sonne lamentablement comme désespéré et ferme les yeux pour me soustraire à leurs piteux regards.-Et qu'est-ce que tu voudrais faire ?me demande Milla pour changer de conversation en remarquant ma gêne.
-Je ne sais pas. J'aimerais... Quelqu'un m'a dit que je finirais par mourir si ma relation avec Shane ne changeait pas. On m'a dit qu'il fallait que je lui fasse confiance.
VOUS LISEZ
N°2304
Mystery / ThrillerUn centre. Des garçons. Des filles. Une fille. Une salle. Des menottes. La peur. Le désespoir. Le commencement. Un garçon. Une cellule. Des voix. La douleur. La culpabilité. La fin. Ils n'ont aucunes idées de ce qui les attendent...