Chapitre 16

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Lorsque je reprend lentement connaissance, c'est d'abord la douleur qui me revient en premier. Une atroce douleur.
Ma nuque me brûle comme si elle avait été directement en contact avec de l'acide, et que ma peau, calcinée et fondue, avait totalement disparu, laissant entrapercevoir mes os.
Je tente un vague mouvement mais m'arrête aussitôt quand mes muscles endoloris crient douleur.
Mes jambes sont restées crispées pendant si longtemps qu'elles sont maintenant courbaturées et engourdies.
L'air passe difficilement dans ma trachée et me fait hoqueter : c'est là que je remarque dans quelle position inconfortable je suis mise, et la surface froide en contact avec ma joue.

J'ouvre les yeux, et de suite, je remarque que je suis dans le couloir sinistre juste devant la porte délabrée
La porte délabrée.
Un sursaut me fait bondir, et je me précipite pour me retourner pour vérifier que le psychopathe ne serait pas dans mon dos, à m'observer d'un sourire sadique.
Enfin, psychologiquement, je me précipite.
Mais physiquement, je me traine et je roule péniblement sur le dos en étouffant ma souffrance dans ma bouche. Crier ou gémir ne ferait que racler les parois de ma gorge déjà bien irritée, de toute façon.
Bien heureusement, je ne trouve personne. Personne qui m'observe dans un coin sombre, hormis les probables araignées logées au chaud dans leur toile. Berk.
Incapable de me redresser ou de simplement rouler sur le côté pour pouvoir mieux respirer, je reste étendue sur le dos, ma bouche grande ouverte pour chercher son souffle.
Je m'y reprend à trois fois, avant de prendre une grande goulée d'air.
Rien que l'effort de mettre tourné m'a épuisé.
Je ferme les yeux un instant, pour tenter de calmer la panique qui commence à poindre le bout de son nez ; mais les rouvre en sentant une goutte rouler le long de ma joue.
Est-ce que je serais entrain de pleurer sans m'en rendre compte !?
Je m'essuie la joue avec l'épaule d'un geste un peu gauche, et fronce le nez en comprenant à l'odeur, ce que c'est.
D'ailleurs sa source est étalée à quelques centimètres de mon visage, ce qui explique pourquoi j'en avais sur la joue.
C'est du vomi. De la bile plus précisément, et la mienne.
Un haut-le-coeur me révulse, et m'oblige à me retourner sur le ventre et à m'éloigner de cette flaque nauséabonde. Je manque de vomir une énième fois, mais me force à me retenir en couvrant mon nez dans mon t-shirt. Je suis extrêmement faible, alors je crois que si je vomis une fois de plus, je mourrais d'épuisement. Or, je ne compte pas mourir noyée dans mon propre vomi. D'abord parce que c'est lamentable, mais parce qu'en plus, je refuse de lui ressembler.
D'un oeil inquiet et désorienté, je jette un regard autour de moi, pour chercher du regard l'escalier.
Il va falloir que je me lève, et que je me traine hors d'ici, jusqu'à la cellule. Je ne sais pas comment, mais il le faut ; et vite, avant que le psychopathe ne revienne dans le coin.
Rassemblant mes forces, je me lève péniblement sur mes jambes et me retiens au mur lorsque ma tête, oppressée par les accoufènes, se met à tourner.
Je manque de trébucher plusieurs fois, mais motivée et déterminée à sortir d'ici vivante, je me rattrape sans me blesser, et continue mon parcours. Pied gauche, pied droit ; pied gauche, pied droit.
Ça parait tellement simple.

Mais lorsque mon pied bute contre la première marche de l'escalier,je bascule en avant et toutes mes forces semblent m'abandonner. Mon menton se cogne violemment contre la marche, et en voulant me rattraper, mon genou s'écorche contre le béton râpeux. Un gémissement de douleur sort de mes lèvres ensanglanté et résonne dans l'espace exigu, tel un geignement agonisant. Je reste un instant immobile, tête baissée à chercher mon souffle tandis que le sang goutte de ma lèvre entaillée.
Il faut que je continue. Il faut que je me relève, et que je me hisse jusqu'à là haut.
En prenant une profonde inspiration, je me force à faire abstraction de la douleur et me concentre sur mon ascension. J'attrape la marche suivante, et en tirant sur mes bras, me soulève.
Chaque marche que je gravis m'épuise un peu plus mais me motive aussi à continuer pour gagner la sortie de ce cauchemar. Si j'arrive à sortir d'ici j'espère que je ne reverrai plus jamais le psychopathe. Je serrai même prête à supplier à genoux Shane, et à faire tout ce qu'il veut ; sous-entendu ne plus lui poser de question et me montrer docile et discrète. Je ne veux plus jamais le revoir.

Au bout de la septième marche, épuisée par cet immense effort, je suis contrainte de m'arrêter et de faire une pause. J'inspire et j'expire calmement plusieurs fois pour calmer mon pouls qui s'était affolé, et essuis mon front dégoulinant de sueur avec mon minuscule t-shirt. J'ai beau transpirer des litres et des litres de sueur, je suis pourtant totalement glacée. Ma peau est pâle et même bleu par endroits, et le contact froid du béton contre mes cuisses me donne la chair de poule.
Et j'ai soif.
Hormis le sang qui innonde ma bouche, celle-ci reste désespérément sèche, même lorsque j'essaie d'humidifier mes lèvres.

Malgré ma détermination à sortir de ce trou, mon corps ne suit plus et je dois admettre que je n'irais nulle part. Au moindre effort, ma tête se met à tourner et menace d'elle aussi me lâcher.
Mais têtue comme je suis, c'est seulement  lorsque je me mets à cracher mon propre sang que je stoppe mes tentatives d'ascension.
Je ne peux plus monter et je ne peux plus descendre non plus. Et encore moins me défendre si le psychopathe refaisait surface.
Ma respiration suffocante résonne entre les murs en béton armé, telle l'annonce de ma condamnation.

Je vais mourir.

Les secondes s'écoulent, pendant lesquelles je reste prostrée, souffrant le martyr, et essayant de résonner clairement alors que mes pensées s'éparpillent.
Aucunes solutions ni échappatoires ne me viennent, et le désespoir règne en maître dans mon esprit. Il m'envahit, tel un poison mortel, et abattu, je laisse mes larmes me submerger. Je me mets à pleurer, silencieusement cependant, parce que je sais que de toute façon personne ne m'entendra. Je me prends la tête entre les mains, serre les poings, serre les dents, et finis par me recroqueviller en boule sur la marche, devenue humide par mes pleurs.
Au loin, derrière mes gémissement désolé et abattu, s'élèvent des voix.
Il y en a plusieurs et je reconnais même la voix de ma mère. Ses pas descendent l'escalier, et sa main vient de frotter le dos pour me réconforter.
Mais malgré ma désolation, je ne suis pas dupe, et je sais que rien de tout ça n'est réel. La folie serait-elle déjà entrain de me gagner ?

-Qu'est-ce qui ne va pas, Hannah ?Me chuchote-t-elle, d'une voix rassurante et bienveillante.

Sa voix me noue la gorge et me replonge dans de vieux souvenirs. Depuis combien de temps n'avais-je pas entendus sa voix ?

-Tu peux tout me dire tu sais, continue-t-elle en me caressant les cheveux .

Mon coeur se serre, et lorsque je la sens se pencher vers moi, je préfère enfouir ma tête dans mon coude pour ne pas la voir. Je ne veux pas la voir. Il ne faut pas que je la vois. Elle n'est pas réelle, et elle ne peut pas être là.

-Va t'en, je souffle d'une voix étranglée.

Sa main stoppe ses vas et viens sur mon crâne et viens de glisser sur mon épaule pour le rapprocher d'elle.

-Ne pleure pas Hannah. Bientôt ce sera fini, je te le promets.

Mon coeur semble se briser en un millier de petits morceaux. Ces mots, que j'ai déjà entendus que trop pleins de fois, me donnent l'impression d'un vieux retour dans le passé. L'espoir que je ressentais lorsqu'elle me chuchotait ces mots me revient, et n'en finis pas de me blesser, de me détruire.

-Tu n'as qu'à fermer les yeux, et imaginer ce que ce sera lorsque nous...

Mais cette fois, c'en ai trop. Bien qu'extrêmement faible, je me redresse d'un bond en serrant les dents de colère.

-Ça suffit !! Je m'écris en faisant volte-face. Tu n'es pas réelle, tu n'es pas réelle !!

Sa main quitte mon dos quand je la repousse d'un geste brusque, et lorsque je me retourne pour l'affronter d'un regard méprisant, elle n'est plus là. Je ne vois plus que l'escalier en amont, et la faible lumière qu'il laisse passer.
Ses mots que je croyais devenus innofensifs par le temps, résonnent pourtant en moi et me font l'effet d'un boulet de démolition.

-Attend, il me semble avoir entendu quelque chose.. Y'a quelqu'un ?



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Je suis terriblement désolée d'avoir mis autant de temps à publier ce chapitre, qui plus est, n'est pas très grand en plus de ça😭
J'ai énormément de mal à trouver du temps pour écrire et publier, et à chaque fois que j'essaie de planifier quoique ce soit, tous mes plans sont contrecarrés... 😢
Normalement, pendant les vacances j'aurai plus de temps et là j'espère vraiment que je pourrais oublier plus souvent.
Encore une fois désolé de ne publier que tous les trois mille ans, mais merci à ceux qui prennent quand même le temps de lire et de commenter😊

N°2304Où les histoires vivent. Découvrez maintenant