Je ne m'étais jamais sentie à ma place. Je n'avais jamais eu le sentiment de me trouver exactement là où je devais être. Je ne m'étais jamais sentie assez importante pour quelqu'un au point d'être indispensable à sa vie. Je n'avais jamais eu de véritables amis, ou encore de petit-ami. On m'avait souvent qualifiée de "solitaire", parce que j'avais souvent démontrer mes capacités à mener ma vie seule et par moi-même.
Tout cela résultait sûrement de ma peur panique de l'attachement, et surtout de tout ce qu'il entraîne. J'avais toujours considéré chaque relation, qu'elle soit amicale ou amoureuse, d'une inutilité déconcertante car elle finirait forcément en une catastrophe inévitable. S'attacher signifiait pour moi dépendre de quelqu'un. Je n'avais jamais voulu dépendre de quelqu'un d'autre que de moi-même.J'avais toujours refusé de prendre le risque d'être déçue, de souffrir et de devoir me blâmer moi-même pour avoir accordé ma confiance à quelqu'un. Je refusais de pleurer un jour pour quelqu'un, je refusais de passer ne serait-ce qu'une seule seconde à regretter de ne pas avoir fait les choses qu'il fallait pour sauver une relation. Je refusais de me surprendre à penser quelques années plus tard a ce qu'aurait pu être ma vie si j'avais alors réussi à garder cette personne dans mon monde. Les regrets, le manque et le vide, voilà ce que j'essayais à tout prix d'éviter depuis toujours. Je ne m'autorisais tout simplement pas d'aimer pour ensuite ressentir le vide que le manque laisserait en moi une fois cette personne partie. Parce qu'à mes yeux, tout était forcément éphémère.
Alors oui, ma solitude était une forme de défense que je m'étais efforcée d'ériger autour de moi tout au long de ma vie.Cependant, en cette douce nuit du mois de mai, alors que j'arpente les ruelles sombres de la ville lumière je peux enfin dire qu'ici, je me sens chez moi. La décision de partir loin de tout et de venir m'installer ici, à Paris, a sans doute été la meilleure de toute mon existence. J'ai enfin la sérénité de me dire que maintenant, j'appartiens à un endroit. J'apprécie enfin un endroit à sa juste valeur, et depuis mon arrivée ici je me sens en paix avec moi même. Cette ville m'a permis d'évoluer, de me voir grandir et mûrir dans le bon sens du terme, de me forger une nouvelle opinion bien meilleure du monde et des personnes qui m'entourent.
Il faut dire que pour ça, j'ai été bien aidée. J'ai rencontré les personnes qu'il fallait au moment où il le fallait. Moi qui avait toujours prôné mon indépendance, je m'étais laissée apprivoisée bêtement, sans parvenir à garder le contrôle et sans vraiment m'en rendre compte par une bande de sauvages. Ils avaient alors réussi à m'ouvrir au monde et à me faire sentir plus vivante que jamais, rien qu'avec leur présence dans mon monde. Si aujourd'hui j'aime la vie, j'aime ma vie, c'est parce qu'ils en sont devenus la seule constante.Alors que mes pas me guident machinalement sur ce chemin que je connais désormais par coeur, une casquette SZR rose vissée sur la tête, je me surprends à sourire en repensant à notre première rencontre.
Alors que j'habitais Paris depuis à peine 2 semaines et que je peinais à prendre mes marques, mon école de communication m'avait envoyé en stage dans un studio d'enregistrement. J'avais alors débarqué le lundi suivant devant les portes du studio Blackbird à 9h tapantes, avant de ne devoir attente jusqu'à 11h30 pour voir débarquer une bande d'au moins une dizaine de mecs. Ils étaient en retard parce qu'ils avaient "tapé la soirée du siècle la veille" disaient-ils...
Je n'avais pu m'empêcher de sourire face à leur désinvolture et leur comportement les uns envers les autres. J'avais l'impression de faire face à une grande famille, c'était comme s'ils étaient tous frères. Et leur manière de m'accueillir comme si je faisais partie des leurs depuis toujours ne me donna pas d'autre choix que de les aimer tous à l'instant même où je les avais rencontré.Je sais désormais que j'ai trouvé une vraie famille, pas celle du sang, mais celle du coeur, celle que j'ai choisi et elle m'est devenue si précieuse qu'aujourd'hui je ne veux même plus avoir à imaginer ma vie sans eux. Je ne leur serais jamais assez reconnaissante pour tout ce qu'ils m'ont apporté depuis notre rencontre, même s'il faudrait me torturer pour que je leur avoue un jour. Chacun d'entre eux parvient à enrichir un peu plus mon existence chaque jour, chacun à leur manière. Ils m'ont appris les plus belles valeurs au monde, celles du partage, de l'amitié sans faille, de la confiance, de l'aide, de l'honnêteté... Ils m'ont tout donné au moment où j'en avais le plus besoin, et ils continuent de le faire sans cesse et sans même le vouloir. Parce que désormais je me construis grâce à eux.
Et même si j'avais toujours eu peur de m'attacher par peur de perdre, aujourd'hui et avec mes frères, cette peur est inexistante. Parce qu'au fond de moi je sais, nous savons tous, que peu importe ce qui arrivera nous serons soudés jusqu'à la fin. Le lien de famille qui nous unit est infaillible et perdre l'un d'entre eux me paraît être une idée absurde et inconcevable. Nous n'avons jamais ressenti le besoin de le dire, mais toutes nos actions les uns envers les autres prouvent que l'ont s'est promis l'amour éternel, et je sais parfaitement qu'aucun d'entre nous ne brisera cette promesse. Les promesses sont trahisons, et dans notre famille ce mot ne fait pas partie du vocabulaire.
Et peu importe si j'avais passé les 20 premières années de ma vie pratiquement seule, puisque qu'aujourd'hui mon quotidien se joue avec l'écho de leurs rires et de leurs voix dans mes oreilles, avec leurs sourires qui se reflètent au mien à chaque moment passé ensemble. Et même attendre l'éternité pour passer ne serait-ce qu'une journée avec mes frères me paraît en valoir la peine.C'est en me remémorant tous ces souvenirs et ce qu'ils représentent à mes yeux que l'impatience de les retrouver se met à grandir en moi. Cela fait maintenant une semaine que je ne les ai pas vu, chose surprenante puisqu'en règle générale nous passons la plupart de nos journées ou de nos soirées ensemble depuis maintenant presque 2 ans.
En parcourant toujours mon chemin dans mon sombre Paris illuminé de ses lumières artificielles, je me rends alors compte de l'emprise qu'ils exercent sur ma vie, et ce depuis le tout début. Depuis notre toute première soirée ensemble, le jour même de notre rencontre, je ne peux plus me passer de ces gars. Je ressens le besoin de parler à chacun d'entre eux au moins une fois par jour, même si la plupart du temps c'est pour s'échanger des débilités ou se clasher.
Malgré l'infinité de jours que nous avons déjà passé ensemble, je ne m'en lasse pas. Parce qu'on ne se lasse pas d'une famille.Mes pas se mettent alors à fouler le sol a une vitesse fulgurante, car je sais que quelque part non loin d'où je me trouve, mes frères d'une autre mère m'attendent.
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Storm |k.s|
Fanfiction" - On s'était dit que l'un pour l'autre, on croirait à l'amour. Alors même si pour l'instant notre relation te paraît impossible, je te demande juste de ne pas abandonner cette promesse. Je t'aime et tu m'aimes, et c'est le principal. Ca pourrait ê...