Storm |k.s|

5 • "On pourrait passer à côté de l'histoire de notre vie"

Flash back

On est à la fin du mois de mars, un samedi soir. Et c'est la première fois depuis longtemps que je passe un samedi soir seule. Les gars ont dit qu'ils allaient passer la soirée, voire la nuit au stud', et pour ma part je n'ai pas envie d'y aller. Je viens déjà d'y passer la journée.
Je me décide alors à me commander des sushis et je me prépare a passer une bonne soirée déprimante de jeune fille seule. Je suis habillée d'un short de pyjama et d'un gros sweat S-Crew qui appartient d'ailleurs a Framal. Je lance une série sur Netflix en attendant mes sushis alors que je m'endors déjà légèrement.

C'est la sonnerie de mon appartement environ 30 minutes plus tard qui me tire de mon demi-sommeil. Mes sushis sont enfin arrivés et je meurs de faim. Je me dirige vers la porte, et m'attendant à ouvrir au livreur, je suis bien surprise de voir Ken les mains pleines sur le pas de ma porte.
Je n'ai même pas le temps de lui demander ce qu'il fait là ou lui dire d'entrer qu'il est déjà dans mon salon, en train de poser tout ses sachets sur la table. Je referme la porte et pars le rejoindre, tandis que lui se retourne vers moi le sourire aux lèvres. Quand je suis suffisamment proche de lui, il passe une main derrière ma tête avant de l'attirer vers son visage pour m'embrasser le front. Je me colle furtivement à son torse tout en passant mes mains dans son dos.
Mon cœur s'affole durant ce contact, comme à chaque fois. Et j'essaie de le calmer tout en me disant que cet échange n'a rien de plus qu'amical.

Ken et moi sommes proches et très tactiles l'un envers l'autre. Quand on est dans la même pièce, il est difficile pour nous de ne pas se parler, de ne pas se chamailler, de ne pas rire ou de ne pas se toucher. C'est comme si c'était vital pour nos âmes, comme si on se sentait bien seulement aux côtés de l'autre. Pourtant, notre relation ne dépasse pas celle de l'amitié. Parce qu'il est mon meilleur ami, tout ce que j'ai de plus chère au monde.

- Qu'est ce que tu fais là ? je lui demande, tandis que nos corps s'éloignent l'un de l'autre.

- Pourquoi, je te dérange ? dit-il, moqueur, tandis que ses yeux scrutent ma tenue.

J'aurais pu être gênée qu'il me voit ainsi, pas coiffée et en pyjama. Mais chacun des gars m'a déjà vu dans des états bien pire que celui-ci. Par exemple, la fois où j'avais la gastro et que je ne pouvais plus sortir de mon lit, les gars avaient tous débarqué. On était plus de 10 dans ma petite chambre, certains étaient assis par terre, d'autres sur mon bureau... Ken et Sneaz s'étaient allongés chacun à côté de moi malgré mes protestations pour ne pas les contaminer, tandis que Framal s'était étalé à nos pieds et que Mekra s'était assis au bord du lit tout en me prenant la main.
"Dans la famille on est unit même dans la maladie" m'avait dit Framal.
Puis Mo avait rajouté "si tu nous contamines c'est cool, on sera tous malades on pourra faire des bêtes de soirée vomi". Ils avaient alors réussi à me faire rire malgré mes maux de têtes et de ventre horribles.
Et chaque fois que je courrais aux toilettes pour vomir, l'un d'eux venait avec moi pour me tenir les cheveux et me rassurer. Deen et Alpha avait même veillé à me faire prendre mes médicaments tout au long de la journée.
Puis le soir, ils m'avaient tous fait un câlin avant de partir, sauf Framal et Mekra qui avaient décidé de rester dormir ici pour ne pas me laisser seule dans cet état. Et le lendemain, ils étaient tous revenus. "Toujours là pour notre petite soeur" avaient-ils dit.

- Tu sais que tu déranges jamais, mais je pensais que t'étais au stud'.

- On vient déjà d'y passer la journée et j'avais terminé de poser moi, alors je me suis dit pourquoi ne pas passer une soirée de folie avec Charlotte ?

Il s'installe dans le canapé et pose ses pieds sur la table, les yeux rivés sur la télé. Je prends à manger dans les sacs qu'il a apporté puis je m'installe contre lui, ma tête sur son épaule. Il passe ses bras autour de moi et pose sa tête sur la mienne. Je profite de ce moment apaisant, il est rare pour nous de nous retrouver que tous les deux et surtout de pouvoir profiter d'un silence comme celui-ci. Nous sommes tous les deux plongés dans nos pensées, notre esprit vagabonde loin, mais ça ne nous dérange pas puisque quoi qu'il arrive, nous sommes ensemble.