Storm |k.s|

61 • "There's nobody like you"

Charlotte, 25 juin 2018

2 mois.

Bientôt 2 mois que je suis partie. Pourtant parfois j'ai l'impression que ça en fait 6, quand le temps me paraît long.

Quand je fonds en larme dans mon lit, quand je pense à mes frères et à quel point j'aimerais qu'ils soient autour de moi. Quand je pense à lui, au fait que j'ai beau tout essayer, je n'oublie toujours pas. Quand je réalise que je préférerais mille fois mourir pour avoir le privilège de passer une dernière nuit avec lui.

Je pense que c'est ça le pire. Quand je n'ai rien à faire ici, personne à voir ou à qui parler, rien à faire pour m'occuper l'esprit. Il y a toujours un moment où mon esprit s'en va forcément vagabonder vers lui. C'est là que je me rappelle soudainement la sensation de ses doigts toujours glacés sur ma peau, la façon dont il dessinait toujours des cercles sur ma main. L'habitude qu'il avait de toujours me voler mes élastiques pour se faire ses mini chignons ridicules, et comment il explosait de rire quand il réussissait à me foutre en rogne.
La façon dont ses cheveux se frottaient contre mon visage quand il me serrait contre lui, et l'odeur qui s'en dégageait.

Définitivement, quand c'est comme ça et que je finis par laisser échapper quelques sanglots, j'ai l'impression d'être partie depuis une éternité. D'être partie bien trop longtemps pour que rien ne change.

Mais, heureusement pour moi et pour mon petit coeur, il y a des jours où ça va. Des jours comme aujourd'hui, où un rien me rend le sourire et où je me dis que la vie peut être belle quand même. Même sans lui. Des jours où je me dis que le temps défile parce que je suis partie il y a déjà 2 mois, et où j'ai envie de rentrer dans seulement 3 ans. Ou jamais.

Le soleil brille tellement fort aujourd'hui que je suis sortie lunettes de soleil sur le nez. L'air d'été commence réellement à s'installer à Londres et le soleil ne cesse d'inonder la ville depuis quelques jours. Il ne m'en faut pas plus pour être de bonne humeur à seulement 9h du matin, et je souris encore plus en me rendant compte que c'est le cas pour tout le monde.

Les gens ici sont déjà sympas en temps normal, bien plus qu'à Paris en tout cas, mais en ce moment ils le sont encore plus. Tout comme moi, en ce moment, je suis heureuse. Ce n'est donc pas un mythe quand on dit que le soleil joue sur l'humeur des gens.

En même temps, quelle fille ne sourirait pas quand elle peut enfin sortir dans sa petite robe d'été rouge préférée dès le matin ?
Décidément, j'adore l'été, j'adore Londres et j'adore ma vie à Londres quand l'été commence. Alors c'est avec un grand sourire que j'entre dans la salle de mon cours de dessin.

Mon cours passe à une vitesse folle et comme d'habitude, un petit sentiment de satisfaction me submerge quand je regarde ce que j'ai encore accompli ici. J'ai l'impression de m'améliorer de jour en jour, et c'est exactement ce que mon prof est également en train de me dire.

Ca fait bientôt 10 minutes qu'on est en train de discuter de mon tableau d'aujourd'hui qui semble lui plaire, et je ne peux m'empêcher de me remercier intérieurement pour avoir toujours adoré l'anglais. Sans ça je serais incapable de tenir une conversation ici.

Mon prof me fait plusieurs compliments qui me touchent en plein cœur venant d'un professionnel, puis on échange un peu sur mon procédé et ma technique, et il me donne même quelques conseils pour m'améliorer encore plus. Ce prof est l'homme le plus gentil que j'ai rencontré ici.

Le cours touche à sa fin et je suis occupé à remballer mes affaires, comme tous les autres élèves, quand le garçon à ma gauche se rapproche de moi. Depuis que j'ai commencé ce cours je m'installe toujours à la même place et lui aussi, ce qui fait que je le vois à côté de moi depuis plus de 2 mois. Mais à part quelques sourires de politesse, il n'y a jamais eu de contact entre nous. Alors je me demande ce qui le pousse à franchir cette barrière aujourd'hui, après 2 mois.