59 • "Tu l'as laissée partir sans rien me dire ?"

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Charlotte, 14 Mai 2018

Je claque la porte de l'école de laquelle je sors en poussant un petit soupir de satisfaction. Le soleil brille sur Londres depuis ce matin, il me réchauffe directement la peau tandis que je rabats mes lunettes de soleil sur mon nez tout en me dirigeant vers un petit café que j'ai repéré en arrivant. Ce matin je suis allée faire un peu de shopping tout en me baladant dans la ville pour continuer à la découvrir en profondeur. Puis cet après-midi j'ai enfin pris mon courage à deux mains pour aller m'inscrire dans des cours de danse et de dessin.

La danse a toujours été ma passion, depuis toute petite, et j'en ai fait pendant 15 ans sans jamais m'arrêter. Mais ça fait maintenant deux ans que j'ai dû arrêter de prendre des cours par faute de temps, mais aussi de moyens car les prix sont très élevés à Paris. Mais quand je suis arrivée ici la semaine dernière, j'ai tout de suite remarqué cette école à seulement quelques minutes de chez moi. J'ai directement pensé à venir m'inscrire puisque maintenant j'ai tout le temps dont je rêve pour pratiquer ma passion à nouveau. La femme qui m'a renseignée m'a en fait expliqué que leur école était spécialisée en diverses formes d'arts, comme le dessin, le chant, la sculpture, la peinture, la musique... J'ai alors décidé de m'inscrire également aux cours de dessin car je suivais cette option dans mon école et ce cours m'a toujours plu. Je pense que m'occuper l'esprit par des activités aussi épanouissantes et enrichissantes ne peut être que bénéfique pour moi, avec mes 8h de danse et 5h de dessin par semaine, ça m'occupera l'esprit pendant un petit moment. Ajouté à mes balades quotidiennes, et mon envie de découvrir un maximum de petit café et de jolis parcs, ça m'occupe et m'évite donc de penser à ma vie à Paris, aux garçons qui me manquent déjà trop. Et à Ken.

Les deux premiers jours que j'ai passé à Londres ont été terribles, au point où je me suis même demandé si je n'allais pas rentrer directement à Paris. J'avais l'impression que j'étais incapable de vivre dans cette ville où je ne connais absolument personne, et surtout sans les personnes que j'aime près de moi. J'ai passé ces deux jours à prendre mes marques dans mon appartement, à ranger chacune de mes affaires, à aller faire quelques courses histoire de ne pas me laisser mourir de faim, et à pleurer des torrents de larmes dans mon lit. Je n'avais même pas envie de sortir découvrir la ville et ni de répondre aux appels vidéo des gars, car j'avais peur d'éclater en sanglots dès que j'aurais vu leurs têtes. Je leur ai seulement envoyé quelques messages sur notre groupe Whatsapp duquel Ken s'était retiré, pour leur assurer que tout allait bien.

Puis après ces deux jours je me suis dis que j'avais osé changer de mode de vie, de ville, je voulais partir à l'aventure pour guérir et maintenant que j'y étais, ce n'était pas pour me morfondre. Le troisième jour a donc été mon premier vrai jour à Londres, j'ai exploré tout mon quartier qui était encore plus beau de nuit que de jour, j'ai pris le métro jusqu'à Big Ben, puis je me promenée dans un parc. Et j'ai passé le reste de la semaine à faire la même chose, me balader, parcourir la ville entière et en prendre plein les yeux à chaque minute. Ca ne fait qu'une semaine mais cette ville est déjà ma préférée, sans parler de ses habitants. Ici on ne se sent pas constamment jugé ou épié comme c'est le cas à Paris.

Alors après une semaine pile ici je peux dire que je commence peu à peu à m'habituer à ma solitude, mon indépendance et je commence même à apprécier. Bien sûr les mecs me manquent plus que de raison après seulement une semaine d'absence, mais en même temps je me sens "bien". Aussi bien qu'on puisse se sentir lorsqu'on reste indéniablement amoureuse de quelqu'un avec qui on a plus aucun contact. Je ne sais pas si Londres était la solution pour oublier Ken et notre histoire parce que j'ai tout simplement que je resterai "nous" pour toujours. Que mon coeur lui appartiendra à vie. Mais je me dois au moins d'essayer.

Je pousse la porte du petit café que j'avais repéré et je me dépêche de commander un latte. Le café est presque vide, il y a seulement quelques personnes en train de travailler sur leur ordinateur ou de lire un livre. Je me sens vraiment bien dans cet endroit. Je pars m'assoir au fond de la pièce avec ma commande mais j'ai à peine le temps de m'installer que je reçois un appel vidéo de Deen. J'hésite quelques secondes avant de me dépêcher de brancher mes écouteurs à mon téléphone. Maintenant que je commence à me sentir bien dans ma nouvelle ville, je me sens enfin prête à leur parler de vive voix.

Storm |k.s|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant