13 • "Joue pas à ça"

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Cela fait maintenant deux jours que je suis seule avec moi-même. C'est le silence qui règne dans mon être. Parce qu'un cœur qui se brise ne fait aucun bruit, au contraire. Il laisse seulement le néant angoissant prendre part de moi-même en m'envahissant peu à peu, comme un venin coulant lentement dans mes veines jusqu'à m'empoisonner complètement. J'aimerais ressentir quelque chose, de la haine, de la peine... peu importe, mais pas ça. Je me sens juste vide, et rien n'est pire que ce sentiment.

Depuis la soirée en boite, je n'ai revu aucun des gars. Je passe mes journées dans mon lit, dans le noir ou devant une série. Mais même avec ça, rien ne s'arrange. Je n'écoute pas un mot de ma série, je suis juste dans un état second depuis deux jours. Tout me glisse dessus et le temps défile sans que j'en ai conscience.
Les gars ont essayé de me joindre, ils m'ont proposé des soirées... mais j'ai tout refusé. J'avais besoin de me retrouver avec moi-même pour oublier les mots qui m'ont brisé, et ce n'est pas en les voyant que ça allait s'arranger. En plus, les voir eux veut forcément dire le voir, lui. Et je ne veux plus le voir.
Pourtant, je serai forcément obligée de le revoir parce que je ne pourrais pas l'éviter toute ma vie alors que nous passons nos journées entières avec les mêmes personnes. Mais pour l'instant, je ne peux pas. Je ne suis pas prête à le revoir. J'ai peur que de le revoir me sorte de mon état d'inconscience, et que la douleur se ravive instantanément.

Là, allongée dans mon lit, les seules pensées qui me viennent sont que je me maudis intérieurement. Je me maudis d'être devenue amie avec lui, je me maudis d'avoir passé les 2 dernières années avec lui tous les jours, je me maudis de m'être attachée à lui sans m'en rendre compte. Je me maudis d'être tombée amoureuse de lui. Je m'en veux par dessus tout car aujourd'hui, loin de lui, je prends conscience que je dépends totalement de lui, de son être et de sa présence. J'ai l'impression d'être perdue quand je passe autant de temps sans entendre sa voix, j'ai l'impression que chaque journée est gâchée car je ne l'ai pas vu.
Et pourtant, je vais devoir m'habituer à ce sentiment d'absence.

Mon téléphone qui vibre m'empêche de me torturer un peu plus l'esprit. J'ai un message de Mo.

« 12h30 au macdo à côté de chez toi. Bouge toi le uc', pas de refus possible et pas de retard accepté.
Mais bisous quand même ma reus »

Je soupire longuement. Je sais que je ne pourrai pas les éviter plus longtemps, mais en même temps je n'ai aucune envie de sortir de chez moi, et encore moins de devoir faire semblant de sourire devant eux. Et vraiment, je refuse de voir Ken.

« Y'aura qui ? Et garde tes bisous quand c'est juste pour m'amadouer, pd. »

« Juste toi et moi gros, t'inquiètes. Et vas-y traite-moi encore et j'te balaye. »

Je décide d'y aller, juste pour que les gars arrêtent de m'harceler. Puis je sais qu'ils s'inquiètent pour moi, et voir Mo me fera certainement du bien.

•••

Cela fait 20 minutes que j'attends Mo devant le macdo, quand je le vois enfin arriver vers moi un grand sourire aux lèvres.

- Pas de retard accepté mais je t'attends depuis 20 minutes, c'est moi qui vais te balayer, je lui dis.

- Tais-toi un peu et viens me faire un petit câlin.

Je m'avance vers lui tandis qu'il m'ouvre ses bras. Je resserre les miens dans son dos pendant qu'il plaque mon front sur ses lèvres.

- Arrête de pas donner de nouvelles comme ça aussi, me dit-il ensuite.

Ne sachant pas quoi répondre, je me force légèrement à lui sourire tout en l'emmenant à l'intérieur du macdo.
Une fois installés et notre repas devant nous, Mo me fixe.

Storm |k.s|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant