53 • "J'ai besoin de toi"

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Deux semaines après l'anniversaire de Ken :

Mon coeur est déjà brisé lorsque j'entends Ken tourner ses clés dans la serrure, et lorsqu'il pénètre dans le salon le sourire aux lèvres en posant le regard sur moi mes yeux sont déjà remplis d'eau.
Je les ferme quelques secondes pour ravaler mes larmes même si je sais que ça ne servira à rien puisque je serais en larmes dans quelques minutes, puis je tente un petit sourire. Mais à quoi bon faire semblant et lui sourire alors que je vais le détruire dans quelques secondes ?

Ken ne semble rien remarquer à la tempête qui fait rage dans mon être depuis ce matin, l'âme déchirée entre ce que veut mon coeur et ce que ma tête me dit de faire. Il s'avance vers moi, toujours avec ce stupide sourire qui me donnerait presque l'envie de reculer, avant de se pencher pour déposer un bisou sur mon front.

Il se retourne pour aller enlever sa veste et ses Nike dans l'entrée et aussitôt des larmes se mettent à dévaler mes joues. Je suis incapable de me retenir plus longtemps parce que la tempête fait déjà rage dans mon coeur depuis un long moment. Alors je pleure en silence en attendant le moment fatidique.
Le silence règne dans notre appartement et ça pourrait paraître normal, mais ce silence-là m'oppresse car je sais ce qui va suivre. Je sais que ce sont les derniers instants de calme avant que la tempête ne ravage tout sur son passage, et mes larmes continuent leur chemin suite à cette pensée.

⁃ Bébé, me dis pas que t'as pas bougé du canap depuis ce matin ?

La voix de Ken qui provient maintenant de la cuisine me fait sursauter. Je repense à ce matin quand on a déjeuné ensemble dans ce même canapé, le sourire aux lèvres, loin de se douter que c'était la dernière fois. Je repense à lui quand il est parti rejoindre les gars, à quand il m'a embrassé en me souhaitant une bonne journée. Je repense au clin d'œil qu'il m'a lancé juste avant de partir, qui m'a causé un éclat de rire, puis au "à ce soir" qu'il m'a soufflé juste avant de passer le pas de la porte.
Il ne s'attendait certainement pas à rentrer chez nous pour que je lui annonce ça. D'ailleurs il ne s'y attend toujours pas, et je ne vois toujours pas comment je peux lui dire.

Je ne sais même pas combien de temps s'est écoulé depuis ce matin en question car j'ai passé la journée dans un état second. A partir du moment où j'ai réalisé que ma décision était prise, j'ai passé le reste de mon temps à fixer un point dans le vide en me demandant comment survivre à ce que j'allais devoir faire.

⁃ Charlotte ?

Sa voix me tire à nouveau de mes pensées, et le bruit de ses pas qui se rapprochent du salon font chavirer mon coeur. À partir du moment où il verra les larmes qui dévalent mes joues et qui déforment déjà ma vue je sais qu'il sera trop tard. Je ne pourrais plus revenir en arrière.

Je relève la tête pour le voir face à moi, en train de me fixer.

⁃ Beb... Tu pleures ?

Je ne fais pas un seul geste, je me contente de le fixer tout comme il est en train de le faire. Il cligne une fois des yeux, puis je le vois s'élancer vers moi. Je sais ce qu'il va essayer de faire, je sais qu'il va vouloir me consoler. Je sais qu'il va me toucher et je sais que le contact de sa peau contre la mienne réussira à me convaincre de rester. Alors je sais qu'il faut que je fasse tout pour qu'il s'éloigne de moi.

Je le vois se pencher vers moi, les bras déjà grands ouverts dans l'optique de se refermer sur mon tout petit corps. Il essaye de refermer ses bras dans mon dos mais mes deux mains agrippent ses poignets afin de l'en empêcher. Je rejette ses bras avec le plus de force possible pour qu'il comprenne que je ne veux pas de son câlin.
Mais je le connais par coeur et je sais qu'il n'abandonnera pas si facilement. Alors c'est sans étonnement que je le vois relever une main et l'approcher de ma joue pour essuyer délicatement un nouveau torrent de larmes.

Storm |k.s|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant