26 • "Je voulais juste oublier"

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Il y a bien longtemps que j'ai arrêté de compter le nombre de nuits durant lesquelles je n'ai pas dormi, ou encore le nombre de jours qui me sépare de Ken. J'ai fini par perdre totalement pied, moi qui croyait que je réussirai à garder un certain contrôle même si tout s'effondrait autour de moi. Je pensais que je m'en remettrai rapidement, que la peine et le vide s'estomperait assez vite grâce à la présence de mes frères. Mais même eux, ceux qui autrefois me faisaient rire inlassablement, ne suffisent plus à mon cœur. J'ai parfois l'impression que rien ne m'apaisera jamais, que ça n'en finira pas...que je suis condamnée à souffrir jusqu'à la fin. J'en viens même à me dire que c'est bien fait pour moi, que c'est ma punition pour avoir baissé ma garde face à Ken. Depuis toujours j'avais fui quelconque relation humaine, et voilà que je m'étais autorisée à tomber amoureuse. Je mérite sans doute tout ce qui m'arrive.

Pendant les premiers jours qui avaient suivi ma rupture avec Ken j'avais réellement essayé de faire croire que j'allais bien. J'agissais normalement chaque fois que j'étais avec les gars, je riais et souriais sans cesse, pour les persuader eux comme moi que malgré tout, sans Ken dans ma vie, j'étais tout de même capable d'aller bien. J'étais certaine qu'à force de jouer ce rôle, je finirai par aller réellement bien et par arrêter de devoir me forcer. Seulement, la faible carapace que je m'étais forgé avait totalement explosé le soir où j'avais appelé Sneaz. Il avait tenu sa promesse et était arrivé chez moi en moins de 10 minutes, totalement essoufflé mais surtout paniqué. Il avait débarqué dans ma chambre en trombe avant de marquer une pause en me voyant en pleurs dans mon lit.

- J'savais que t'allais pas vraiment bien, il avait soufflé.

J'avais essayé de lui offrir un sourire, mais ce geste forcé m'avait un peu plus brisé le cœur. J'avais alors fermé les yeux et secoué la tête tandis que de nouvelles larmes dévalaient mes joues. Puis il s'était allongé à côté de moi afin de me prendre dans ses bras et il m'avait caressé les cheveux jusqu'à ce que je m'endorme. Il n'avait pas prononcé un seul mot de plus, il avait tout simplement compris que j'avais juste besoin de sa présence rassurante à mes côtés pour réchauffer un peu mon cœur. Et le lendemain, il était toujours là. Il m'avait même préparé le petit déjeuné, puis il avait appelé certains membres du crew pour qu'on passe la journée ensemble.

Et depuis ce soir-là, j'avais beau essayer, je ne parvenais tout simplement plus à sourire. Le semblant de joie qui m'avait habité avant s'était envolé en même temps que ce qui restait de mon cœur s'était brisé. Les deux semaines suivant la rupture n'avait pas étaient les pires puisqu'à ce moment-là il me restait un espoir que Ken revienne. Le pire était arrivé après, ce fameux soir où j'avais vraiment réalisé que c'était bien la fin. Il ne me restait plus rien à quoi m'accrocher et c'est pour ça que je n'avais même plus la force de faire semblant.

Et les gars avaient bien senti le changement qu'il y a avait eu chez moi. Ils étaient passé d'une fille peu enjouée à une fille totalement dépressive. Et je ne saurai même pas dire le nombre de fois où chacun d'entre eux avait été témoin de mes larmes, de mes insomnies démoniaques, de mes crises ou tout simplement de la fille dévastée que je suis devenue. Ils avaient alors décidé d'instauré un planning pour qu'il y ait au moins l'un d'entre eux avec moi, ce qui fait que la plupart du temps j'étais avec une partie d'entre eux, pendant que l'autre partie était sans doute avec Ken. Il y en avait toujours au moins un qui finissait par dormir chez moi. Ils voulaient éviter au maximum de me laisser seule, parce qu'ils savaient tous très bien que c'était pendant ces moments-là que je replongeais totalement dans les ténèbres. Celui que je voyais le moins était Mékra, ce qui me faisait encore un peu plus mal à l'âme. Mais les gars disaient qu'il avait beaucoup de mal à supporter de me voir dans cet état, et que chaque fois qu'il me voyait il en ressortait soit complètement énervé, soit presque aussi dévasté et chamboulé que moi. Il ne me reconnaissait pas, il avait l'impression d'avoir perdu sa sœur. Et je ne lui en voulais pas, je comprenais parfaitement. Moi non plus je n'aurais pas envie d'aller voir une fille aussi déprimée et sombre que moi.

Storm |k.s|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant