Storm |k.s|

75 • "Cette fois c'est la bonne"

Deen me détaille encore avec une mine contrariée tandis que Mo efface une dernière fois mes larmes sur le pas de la porte. Il passe sa main derrière ma nuque afin d'approcher mon visage de ses lèvres et il dépose ses lèvres sur mon front pendant quelques secondes. Il se détache de moi et m'offre un sourire rassurant.

- Aller, ça va aller. Y'a pas de raison.

J'hoche la tête à mon tour en frottant mes yeux pour évacuer le reste d'eau sous mes paupières. Il a raison, ça va aller. Deen m'adresse un dernier signe de la main, Mo ferme la porte et je me mets à descendre les escaliers lentement. Je ne sais même pas où aller pour trouver Ken, et je suis presque sûre qu'il ne répondra pas téléphone, comme d'habitude. Je tente quand même et étonnamment, j'entends seulement deux bip avant qu'il réponde :

- Ouais ?

- Hey..

Je ne sais déjà plus quoi dire et je sors de l'immeuble de Mo sans prononcer un mot de plus. Il semble attendre que je parle et j'entends sa respiration à travers le combiné.

- Qu'est ce qui a ?

- Rien, je te cherche. T'es où ?

- J'suis au parc à côté de chez moi, pourquoi ?

- Bouge pas, j'arrive.

- Je comptais pas m'enfuir.

Je lâche un petit rire, puis je soupire.

- A tout de suite.

- Euh.. Charlotte ?

- Oui ?

- Tu sais pour tout à l'heure.. tu sais que..

- Tais-toi Ken. J'arrive.

Je raccroche et m'élance vers le premier métro le plus proche pour ne pas perdre une minute. J'arrive au parc en question en moins de 20 minutes et je n'ai pas besoin de chercher Ken bien longtemps parce qu'il m'attend contre une poteau juste devant l'entrée du parc. Je traverse en le fixant et au moins il a l'air plus détendu que tout à l'heure. Il sourit timidement et se met même à rire tout seul quand j'arrive à sa hauteur.

- Pourquoi tu ris ?

Il s'esclaffe de plus belle avant de répondre :

-Parce que j'suis gêné.

-Pourquoi ?

Il hausse les épaules.

- Parce que j'suis nul.

-Ca j'te le fais pas dire Samaras.

Il ne répond rien et marche tête baissée, les mains dans les poches jusqu'au premier banc qu'on croise. On s'assoit tous les deux en silence et je le regarde se mâchouiller nerveusement la lèvre du bas. Je ne sais pas pourquoi, mais ça a toujours été mon tic préféré sur lui. Je le regarde toujours se mordiller la lèvre quand il est stressé, qu'il réfléchit, ou qu'il est énervé mais se retient d'exploser. Ou quand il me regarde moi.

Il finit enfin par relever la tête vers moi et nos yeux se croisent pour la première fois depuis que je suis arrivée. Il m'examine rapidement, puis ses sourcils se froncent soudainement.

- T'as pleuré ?

Je crois que mes yeux doivent encore être rouges ou alors qu'il y a encore des traces de larmes sur mes joues. J'hoche juste la tête parce que j'ai pas envie de dire tout haut que j'ai passé à peu près tout mon temps à pleurer depuis notre dispute ce matin. Il s'est passé beaucoup trop de chose en peu d'heures et j'ai du mal à tout encaisser. Mon coeur supporte de moins en moins bien ces ascenseurs émotionnels.