Vingt-six

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J'ai été malade pendant les trois jours qui ont suivi. Je n'ai pas pu profiter de mon père (alors que je ne le vois qu'une seule fois par mois), et je n'ai rien fait de mon week-end. Lisana a insisté pour passer un peu de temps en ma compagnie, pour que je ne sois pas seule et qu'elle s'occupe de moi. Heureusement qu'elle était là, elle m'a préparé un peu à manger. Grey voulait venir me voir aussi, mais c'est impossible, je ne voulais pas qu'il me voit comme ça, et je me sens un peu gênée avec lui suite à la rencontre de Jubia. Je ne sais pas quoi faire.
Bref. Là, on est mercredi, et aller en cours ne m'enchante pas plus que ça, il faut bien que je me repose (je peux être encore un peu malade hein...). Donc je retournerai en cours demain. Peut-être. Enfin non, j'ai pas trop trop le choix non plus. La neige s'est calmée, alors le lycée a rouvert (pour mon plus grand malheur). J'étais bien moi avec le lycée fermé, mais bon je ne vais pas souhaiter qu'il neige à nouveau. Hein. Je ne suis pas comme ça. Pas du tout.

D'ailleurs en parlant de lycée, je n'ai eu aucune nouvelles de Natsu depuis la dernière fois. Lui aussi, comme si ma vie n'était pas assez compliquée en ce moment, il en rajoute une couche avec son comportement des plus bizarres. Tant pis. Je n'ai pas envie de me prendre la tête pour ça, autant laisser tomber. Et surtout si je ne vais pas le voir il n'y a aucune chance pour que je le croise dans le lycée. Donc ce n'est pas plus mal (je crois).

Je me promène dans l'appartement, incroyablement vide. Mon père n'a rien, même pas d'animal de compagnie, pas de décorations, le strict nécessaire en meubles : vu qu'il n'est que très rarement dans cet appartement, il ne se préoccupe même pas de ce genre de choses. Je pourrais regarder une série mais j'en ai un peu marre, je n'ai fait que ça et dormir ces derniers jours, je vais me calmer un peu. Je ne sais pas quoi faire. Tout le monde est en cours, je n'ai pas envie de prendre le bus pour aller en ville, donc je suis toute seule. Et surtout, je ne saurais pas quoi faire en ville. Je pourrais.. aller à la salle d'arcade ? Non. Mauvaise idée. Je ne sèche pas les cours pour sortir, si je sèche c'est pour rester au chaud et ne pas faire de choses inutiles en cours. Sauf que .. je ne suis pas chez moi. Alors je n'ai pas de jeux vidéos (à part ma DS, ce qui est très bien, mais j'aurai préféré me poser tranquillement dans ma chambre, enfouie sous ma couette avec un chocolat chaud et ma manette).

Mon téléphone sonne. J'accours voir qui c'est, espérant Grey ou Lisana qui me proposent de sortir, et grande déception : ma mère. Je décide de décrocher quand même.
- Allô ma chérie ?
Elle m'énerve déjà. "Ma chérie". Je sais déjà qu'elle veut se faire pardonner.
- Oui.
- Ça fait une semaine que tu n'es plus à la maison.. Je sais que c'est de ma faute, car je suis méchante avec toi. Je .. Je suis désolée.
Ca m'étonne. Ma mère n'est pas du genre à s'excuser. Surtout pour ça, elle préférerait me parler sur un ton autoritaire en disant "bon tu rentres tout de suite à la maison où je te prive de tes consoles !!!!". Mais pas là. Je suppose qu'elle doit savoir qu'elle a tord.
- Tu veux bien revenir ? Tu me manques ..
Je soupire. J'ai un peu du mal à la croire.
- Vraiment ?
- Oui. Vraiment. Tu es ma fille, mon seul enfant pour le moment, puisque celui que je porte dans mon ventre n'est pas encore né. Donc évidemment que tu me manques, et je t'aime plus tout au monde.
Je sens qu'elle a les larmes aux yeux. Je sais que c'est horrible, mais ses mots ne me font aucun effet. Je devrais être u peu émue, mais rien. Je repense à tout ce que m'a dit mon père sur elle, son aventure avec son patron, le bébé, tout ça. J'aimerai en savoir plus.

- Je vais rentrer, mais à une seule condition.
- Laquelle ?
Je sens un peu d'espoir dans sa voix.
- Je veux que tu m'expliques ton histoire avec ton patron.
J'entends du verre se briser.
- Qui t'a parlé de ça ? Ton père c'est ça ?
Son ton a changé. Elle est en colère, et fronce les yeux. Je le sais.
- Tu aurais pu me le dire avant.
- Lucy ce sont des histoires d'adultes, ça ne te regarde absolument pas.
Je soupire. Chiante.
- Si ça me regarde. Et je te rappelle que je ne suis plus une enfant Maman. En plus ça concerne mes parents, donc j'ai le droit de savoir.

YseultOù les histoires vivent. Découvrez maintenant