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Quand j'arrive devant mon immeuble, je sors les clés de mon sac espérant que Loïc ne soit pas encore là. Avec chance, il pourrait être en retard ou avoir eu un empêchement. J'inscris le code de l'immeuble avant de poussée la porte. Les lumières du couloir principal s'allument. L'ascenseur toujours en panne, je prends les escaliers. Mon souffle rapide se coupe quand je l'aperçois assis sur la dernière marche devant chez moi. Son visage entre ses mains, il ne m'a pas encore vu. Je me racle la gorge gêner, croise ses yeux bleus. Il me sourit faiblement alors que je monte les dernières marchent pour m'asseoir à coté de lui.

- Tu veux rentrer ?

Je lui demande peu sûre de moi. Il ne me regarde pas, ses yeux fixent ses mains posées sur ses genoux.

- Je ne préfère pas et je ne vais pas rester longtemps de toute façon.

- Bien, d'accord.

- Je t'ai vu au feu de camp.

Il commence. Je ferme les yeux quelques secondes. Loïc observe le vide, ses yeux brillent. Je me mords la lèvre inférieure pour ne pas craquer.

- Tu la regardais avec intensité cette fille avec qui je t'ai vu repartir du lycée en début de semaine. À la fête, près du feu, tu avais cette étincelle dans les yeux que tu n'as pas avec moi. Quand je t'ai vu monter dans sa voiture, j'ai deviné qui elle étais. C'est cette fille de la salle d'attente, pas vrai ?

J'aimerais disparaître sur place, quittais cette conversation qui me gêne beaucoup trop mais je hoche la tête comme simple réponse.

- Tu l'as vu combien de fois en dehors de la salle d'attente ?

- Je ne sais pas, plusieurs.

Loïc souffle, se frotte la nuque.

- Il est clair que cette fille te plaît. Tu as tellement changé depuis que tu l'as connaît.

Je ne sais quoi dire. J'ai l'impression que le monde s'arrête de tournée, que la planète entière à entendue mon plus grand secret. Alexis me plaît. Je ne peux affronter son regard qui est maintenant posé sur moi. J'ai envie de pleurer, de lui dire que ce n'est pas ce qu'il croit mais c'est faux. Il a raison et je me déteste d'en être arrivé là avec lui. Loïc est quelqu'un de bien, il ne mérite pas ça.

- On ne peut pas continuer comme ça Ash, tu le sais, non ?

Une larme roule sur sa joue, qu'est-ce que j'ai fait.

- Je, je suis désolé.

- C'est fini Ash. Bien que je t'aime plus que tout, tu n'es pas heureuse avec moi et, et si nous continuons dans ce mensonge, j'en souffrirais aussi. J'ignore si tu aimes cette fille mais sache que je me fiche pas mal de la situation. Tu restes la même personne pour moi. Avec le temps, quand j'aurais digéré tout ça, tu pourras compter sur moi. On sera de toute évidence amené à se revoir pour nos pères donc autant resté ami ou du moins sur de bons thermes.

Je me jette dans ses bras. Il parut surpris mais termine par lui aussi me serrait contre lui. Je sens ses larmes glisser le long de mon cou. Notre dernier contact physique. Je pleure la tête sur son tors serrant son t-shirt entre mes mains. Le remerciant encore et encore pour tout ce qu'il a fait.

- Je suis désolé Loïc, tellement désolé...

- Je ne t'en veux pas, le principal, c'est que tu sois heureuse.

Il chuchote, me caresse doucement les cheveux. Je respire pour la dernière fois son parfum. Tout est finit entre nous par ma faute et au lieu, de m'insulter, de me haïr, Loïc pense à mon bonheur. Il est certain que je laisse passer une personne formidable. Mon père va me détester autant que je me déteste en ce moment même. Tout est de ma faute. Loïc me manquera, c'est certain. Il me manque déjà quand son corps s'écarte de moi. Ses yeux sont rouges. Il descend quelque marche. Nos chemins se séparent et pourtant.

- Loïc !

Il se tourne, je me lève.

- Merci pour tout. Tu mérites de rencontrer quelqu'un digne de toi, une personne qui pourra te rendre heureux.

Il me sourit faiblement pour la deuxième fois en ce début de soirée.

- Prend soin de toi Ash.

Et il s'en va, me laisse seule dans cette cage d'escalier. Mes pleures redoublent, résonnent dans le bâtiment. Les lumières s'éteignent. Seule dans l'obscurité, j'ouvre la porte de chez moi, me laisse glisser contre elle une fois refermé. Je n'ai plus de force, ma vue est brouillée. Qu'est-ce que j'ai fait bordel, qu'est qui m'arrive. Mes mains dans les cheveux, mon corps replié sur lui-même, je craque complètement. J'ai perdu la seule personne qui était présente pour moi après le décès de ma mère. Le seul que j'avais. Si je ne l'aimais pas amoureusement, je tenais à lui plus que n'importe qui. J'attrape mon portable, ouvre l'application vidéo.

- Je vais tomber.

Je rigole aux éclats. Nos mains sont enlacées, j'essaie de prendre l'équilibre sur la planche. Il rigole de mon corps penché vers l'avant. Le soleil se couche derrière nous.

- Tiens-toi droite voyons.

- Arrête de rigoler.

Je fais la moue. Le skatepark est vide. Je saute dans ses bras. Loïc m'embrasse doucement la joue.

-Tu n'es pas doué.

- Je ne suis pas squatteuse moi, je ne suis pas toi.

Nos rires se mélangent et je lui tire la langue. La vidéo se coupe. Les larmes aux yeux, la boule au ventre, je rejoins ma chambre. Dans mon lit, j'ai la peau qui tremble. Mes yeux me font mal à force de pleurer. J'ai le cœur qui va exploser. Seule, dans ce silence habituel, je ne mérité pas le bonheur. 

DEUX HORIZONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant