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De Alexis : Et c'est moi qui suis mystérieuse. Depuis quand tu as un copain ?

Je n'ai plus envie d'être là devant ce bois qui brûle. Un mélange de bleu, j'aimerais disparaître, quitter les bras de Loïc qui soudain m'étouffent, me gênent. Un mélange de rouge, je sens son regard qui me transperce à travers ces flammes qui s'élèvent vers le ciel noir. Un mélange d'orange, sa cicatrice m'effraie, me remmène à la réalité.

À Alexis : Depuis bientôt un an.

Je relève mon regard vers elle. Mon message me blesse moi-même, je ne comprends pas la raison exacte mais soudain, j'ai envie de pleurer. Elle se mord la lèvre inférieure pianotant sur son portable. Loïc m'explique qu'il revient, qu'ils vont se resservir des verres. Je l'écoute brièvement, hochant simplement la tête. Enfin seule, délivrée de ses bras, je me sens libérée, voir soulagée. Mon regard n'ayant pas quittait Alexis termine par relever la tête en ma direction.

De Alexis : Si je te demande de me suivre, tu le fais ?

À Alexis : Maintenant ?

De Alexis : Maintenant, oui. Alors ?

À Alexis : Demandes moi.

Je la vois sourire à ma réponse. Nos regards s'encrent à nouveau. Mes joues chauffent. J'avale difficilement ma salive. Les battements de mon cœur s'accélèrent et pour la première fois, je ressens comme une boule dans mon ventre, un nœud qui se sert de plus en plus fort.

De Alexis : Je vais quitter la fête et j'aimerais terminer la soirée en ta compagnie. Ash, acceptes-tu de me rejoindre d'ici une dizaine de minutes sur le parking ?

J'ai accepté et dans un dernier regard, Alexis a quitté le feu de camp. Malgré l'état de son visage, je me sens soulagée de la voir debout, en vie. Ce mois sans nouvelles était vraiment insupportable, bien que je la connaisse depuis peu, Alexis est importante. Elle est la première amie que je me suis faite à New York. J'ai rejoint Loïc et sa bande pour lui indiquer que je rentrais. L'effet de l'alcool ne lui a même pas fait demandé comment j'allais rejoindre mon domicile au beau milieu de la nuit.

Sur le parking, Alexis était appuyée sur une voiture les mains dans les poches de son jean. Ses fossettes ont creusé ses joues quand elle m'a salué. Nous avons marché quelques minutes sans grande conversation afin de ne plus entendre tout le boucan que faisait la fête.

Je pus apercevoir de plus près sa cicatrice qui semble profonde. L'une à coté de l'autre, assise sur un banc Alexis semble gêner.

- Tu as combien de fils ? Ai-je osé lui demander.

- Onze.

- Ça te fait mal ?

- Plus maintenant.

- Tu, comment ...

- Comment je me suis fait ça ? Ça n'a pas d'importance.

J'avale difficilement ma salive. Ça mérite d'être clair, je n'en saurais pas plus.

- Je suis beaucoup trop curieuse, désolée. 

- Ce n'est pas grave. Je peux te demander quelque chose ?

- Ouais ?

- Pourquoi es-tu suivi par le docteur Scott ?

Je me racle la gorge devenant nerveuse. Ma vue se fait trouble, je reprends ma respiration.

- Je, j'ai perdu ma mère l'année dernière.

- Je suis désolée, je ne savais pas.

- Quand elle nous a quitté mon père et moi, je suis partie en vrille. J'allais sur mes seize ans et alors que mon père ne faisait clairement plus attention à moi, qu'il était toujours en voyage d'affaires, j'ai commencé à me renfermer. Je suis passée du deuil à la dépression. Je refusais de me nourrir, d'aller en cours... J'ai commencé à avoir des idées noires. Il m'est arrivée plusieurs fois de me mutiler. Sauf qu'avec le temps, cela est devenu mon quotidien, un besoin. Les professeurs de mon ancien lycée  ont remarqué mes nombreuses absences ainsi mon état  dégradant. D'où un rendez-vous avec mon père. D'après eux, j'avais besoin de parler. Lui, complètement inquiet et dépassé par la situation a décidé de déménager sur New York après avoir contacté le docteur Scott qu'on nous a conseillé.

- Je ne sais pas quoi dire.

- Ne dit rien. Ça va beaucoup mieux maintenant. Lui souriais-je pour la rassurer. La vie continue. Je n'oublierais jamais la mère formidable qu'elle a été pour moi même si son absence devient une habitude. J'étais jeune, j'en voulais à la terre entière, je ne comprenais pas. Et toi, pourquoi tu es suivi par le docteur Scott ?

Alexis semble gêner, elle se gratte nerveusement la nuque grimaçant.

- Disons que c'est pour une accumulation de choses.

- Tu n'as pas envie d'en parler ?

- Je suis désolée.

- Ne t'excuses pas, je t'écouterais quand tu seras prête.

- Merci Ash. 

DEUX HORIZONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant