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Nous avons passé une bonne partie de la nuit allongé sur l'herbe face au lac. Tout était si calme et reposant. Alexis m'a proposé un de ses écouteurs. Je l'ai porté à mon oreille droite tandis qu'elle avait celui de gauche. Nos bras se frôlaient par moment. L'air frais de la nuit nous faisait frissonner. Elle a lancé l'application de musique sur son téléphone portable me faisant découvrir davantage ses goûts musicaux et sa passion pour les années 80. Nous avons rigolé quand la musique "A-ah, Take On Me" est passée repensant à nos premières rencontres dans la salle d'attente. Puis d'un coup tout type de sentiments ont pris place dans mon corps. Une mélodie que je pourrais reconnaître entre mille s'est mise en route. Du piano, rien que ça. Je me suis tournée vers elle, nos regards se sont immédiatement rencontrés. Beethoven, elle avait du classique dans son téléphone. Elle n'avait pas oublié mes goûts musicaux. Son regard me transperce sous ce ciel étoilé. Plus rien autour n'avait d'importance. À ce moment, c'était juste elle et moi. Pas de parole, ses yeux verts communiqués avec les miens. Je me sentais juste bien mais dans un court instant, une larme, suivie d'une deuxième glissa le long de mes joues. Alexis ne l'a pas remarqué par cette obscurité et heureusement. M'aurait-elle prise pour quelqu'un de fragile sinon. Le soleil commençait à se lever quand nous avons quitté le parc. Je lui ai proposé d'aller boire un café dans un fast-food, gêner, elle a accepté avant de me raccompagner jusqu'au parc où nous nous sommes séparées. Hier c'était la rentrée. Je n'ai pas eu de ces nouvelles depuis cette nuit, il y a deux jours. Et pourtant, rien n'y fait, je n'arrête d'y repenser. Je revois ses yeux, son sourire, ses fossettes... Je n'ai pas osé lui envoyer de message.

Dans le fond de la salle, comme à mon habitude, je regarde par la fenêtre. Des étudiants squattent la cour. L'équipe de football chahute entre eux. Loïc ne m'a pas adressé la parole depuis hier. Je l'ai pourtant croisé dans les couloirs. La sonnerie qui signale la fin du cours, résonne dans le lycée. Je range mes affaires dans mon sac, attends que la classe soit complètement vide pour pouvoir sortir à mon tour. M'aventurant dans la cage au lion qui à mes yeux n'est rien de plus qu'un couloir remplit d'adolescents se précipitant pour sortir du bâtiment.

- Hé Ash !

Crie une voix masculine derrière moi. Quand on pense ou parle du loup. Je me retourne pour faire face à mon petit ami.

- Je ... Il parût gêner. On pourrait peut-être repasser du temps ensemble, non ? J'aimerais que tout redevienne comme avant entre nous. J'ai l'impression qu'on s'éloigne.

- Tu m'as ignoré hier, pas moi.

- Je suis désolé... C'est juste que, tu es tellement compliquée comme fille. Rigola-t-il me faisant sourire à mon tour.

- Je ne suis pas compliquée.

- Si tu l'es.

Nous partons dans un fou rire avant qu'il ne me prenne dans ses bras déposant quelques baisers aux coins de mes lèvres.

- Tu m'as manqué.

Nous quittons le lycée main dans la main.

Mon père est déjà repartie en voyage d'affaires pour quatre semaines. Encore une soirée avec comme simple compagnie la solitude. En entrant dans la douche, mon corps évacue toute tension de cette journée. Debout sous les jets d'eaux chaudes, j'ai envie de pleurer. Pourquoi ? J'en ai aucune idée. J'essaye de calmer mes nerfs mais sans succès. Il reste juste assez d'eau chaude pour terminer de me laver. Je m'enveloppe dans une serviette pour rejoindre ma chambre ou j'enfile un jogging avec un t-shirt bien trop grand pour moi.

Une fois dans mon lit, je pleure à nouveau sans raisons précises. Je fixe mon plafond blanc alors que des larmes glissent sur mes joues jusqu'à mes lèvres. J'ai l'impression de me perdre ces jours-ci. De ne plus savoir qui je suis réellement. J'en arrive parfois à me dégoûter. Mon portable vibre sur ma table de chevet, je l'attrape essuyant mes yeux humides.

De Loïc : Je t'aime.

Des larmes me brûlent les yeux à nouveau. Il m'aime. Je devrais être heureuse, lui répondre directement que moi aussi mais quelque chose me bloque. Cette impression de jouer, de faire semblant. Il me manque ce truc que je ne peux décrire. Un rien peut me faire pleurer. Quelque chose ne va pas chez moi et pourtant, je lui réponds que moi aussi je l'aime, je me déteste.

De Alexis : Une pote qui était à l'avant-première de 50 nuances les plus sombres, m'envoie un message alors que je suis en pause. Tu ne trouves pas ça dingue comme toutes ces hétéros fantasment sur ce Grey ?

Je fronce les sourcils ayant dû sans m'en apercevoir ouvert ce message.

À Alexis : Pas toutes, non. Je n'ai d'ailleurs jamais vu ce film.

De Alexis : Hallelujah! Tu es l'unique exception. Je n'ai même pas terminé mon service et j'ai pourtant l'impression que mon cerveau va exploser. Les clients ou plutôt les clientes ne parlent que de ça.

À Alexis : Que du courage.

De Alexis : Tu peux le dire, je dois y retourner. Bonne nuit Ash. 

DEUX HORIZONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant