DEUX HORIZONS

44

Quand je rentre dans sa chambre, Alexis me regarde son journal entre les mains, assise sur son lit. Mon sourire me quitte. Son visage, ses yeux sont rouges. Elle a comprit, la fille dont je suis tombé amoureuse sait que je lui ai volée sa vie. J'ai honte, j'aimerais disparaître d'un claquement de doigt, partir en courant mais mon corps tout entier reste paralysée sur place après avoir fermé la porte. Elle renifle, frotte ses yeux, prend la parole.

- Tu l'as lu ?

Sa voix n'est pas méchante, n'y même agressive à mon plus étonnement, la froideur est pourtant bien présente dans la pièce. Elle tient le journal, son carnet, ses secrets entre les mains.

- Je suis désolé.

- Alors tu sais tout ? (.)

Question qui sonne plus comme une affirmation. Elle peut se sentir trahi et je le comprends tout à fait.

- Je ...

- Tu sais tout putain ! Depuis quand ?

- Alex' je ...

- Alexis, je m'appelle Alexis, pas Alex, juste Alexis. Depuis quand tu l'avais chez toi ?

- Depuis trois petites semaines, je ne sais plus.

- Je te faisais confiance Ashuaïa, il te suffisait seulement d'être patiente. Hier tu savais tout putain ! Quand on s'amusait dans la piscine, que tu rigolais avec moi, que tu me regardais droit dans les yeux, tu me mentais, tu savais tout.

Je secoue la tête. Lui mentir, jamais. J'ai toujours été sincère avec elle.

- Enfaîte, tu es encore pire que Noora.

Ses paroles me brisent. Sa fait mal putain, je m'en veux mais aucune marche arrière dans le temps est possible. Son regard est triste, elle pleure, moi aussi. J'ai peur de la perdre, de tout perdre. Si elle pouvait savoir, comprendre comme je suis désolé. Ne fait pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse, pour le coup, j'ai tout foiré. J'ai envolé un début de ma première et vrai relation en l'air, j'ai brisé la seule personne que j'aime le plus dans ce monde. Ça fait mal, me brûle à l'estomac.

- Pardonne moi.

Je la supplie, les larmes coulant à flot sur mon visage. Ne me quitte pas, sans toi, je ne saurais plus faire.

- J'ai besoin de réfléchir, c'est trop d'un coup.

J'hoche la tête de haut en bat, je n'ai plus de force.

- Je partirais co,comme tu le souhaites mais tu dois m'écouter avant. Quand je, quand j'ai trouvé ton carnet, c'était plus fort que moi. Ton coté mystérieux m'attire depuis le début mais j'avais l'opportunité d'en s'avoir plus sur toi, c'est vrai, c'était la plus grosse erreur de toute ma vie, je me déteste pour ça. Je t'ai volé ton intimité à laquelle pour le moment, je n'avais aucun droit. Tu me faisais confiance, en retour, je t'ai trahi. J'en suis désolé mais, tu es la plus belle chose qui me soit arrivé dans la vie Alexis. Avec toi, j'ai tout appris. L'amour, la tendresse... Tu es mon premier amour et je voudrais que tu sois le dernier. C'est toi, juste toi. On commet tous des erreurs dans la vie, réfléchi et laisse moi une seconde chance, s'il te plait.

Alexis ne me regarde pas. Son visage est tournée vers la fenêtre. Elle me demande de partir sans même se retourner, j'hoche la tête. Dehors, la pluie tombe rapidement sur moi. Je ressemble à un chien mouillé perdu dans la rue, je n'ai plus de force. Il ne me reste plus rien. Mon père est en voyage d'affaire, ma mère nous a quitté, Loïc c'est Loïc et Alexis, ne veut plus me voir... Le vide que je ressens est terrible. Mes larmes comparables à la pluie, mes pas ralentissent, je préfère m'asseoir sur le rebord du trottoir plutôt que d'avancer dans ce qui me semble identique au vide, à un tunnel sans fin. Première dispute, la peur de perdre la femme que j'aime. J'ai mal, une douleur intense s'empare de mon corps quand je plonge mon visage dans le creux de mes bras.