DEUX HORIZONS

6

Les cours viennent de finir ce qui annonce les vacances scolaires. Ma main est enlacée à celle de Loïc. On se faufile comme nous le pouvons dans la foule d'étudiants occupant le couloir principal. Certains parlent d'une fête qui aura lieu ce soir. Ce qui ne m'intéresse absolument pas. J'ai toujours détesté ces fêtes où toutes personnes présentes terminent bourrées. D'autres se souhaitent bonnes vacances. Je n'ai pas vraiment d'amis ici, Loïc me suffit amplement. Je trouve les étudiants de ce lycée immatures et inintéressants. Mon petit ami me regarde de ses yeux bleus, souriant avant de déposer un baiser sur ma joue.

 - Tu es sûre de ne pas vouloir m'accompagner ce soir, je pourrais passer te chercher ?

 Je lui souris, il connaît déjà ma réponse. Loïc et moi sommes quelques peu différents. Il aime les fêtes étudiantes organisées à chaque début de vacances. Il côtoie beaucoup de monde. 

 - C'est-à-dire que nous avons beaucoup de devoirs et ...

 - Et ça ne t'intéresses pas. 

 Il rigole, termine ma phrase, s'arrête dans sa marche. Je baisse les yeux alors qu'une de ses mains se délit de la mienne pour venir se glisser sur ma hanche afin de rapprocher nos deux corps. 

 - Je suis désolée.

Je murmure. Loïc prend mon menton entre ses doigts me forçant à croiser son regard. J'ai peur de le décevoir. 

 - Ne t'excuses pas. Tu vas me ... 

 - Hé bro ! Je te réserve une place dans le fond du bus ? 

 Loïc fait un signe de la main à son ami Gabriel avant de lui dire qu'il arrive. Ancrant à nouveau son regard dans le mien, il me sourit de toutes ses dents. 

 - Désolé, rigole t-il grimaçant reprenant vite son sérieux. Tu vas me manquer pendant ces deux semaines.

 - Toi aussi tu sais. 

 - Je t'aime Ash. 

 - Je t'aime aussi. 

 Il approche son visage du mien, m'embrasse avec amour et tendresse.

 - Passes de bonnes vacances. 

Chuchote-t-il contre mes lèvres, m'embrasse une deuxième fois avant de rejoindre son bus. Je reste là, un instant dans l'allée du lycée alors que celui-ci se vide. 

Le métro était blindé de monde, ce qui m'a permis de faire un choix. Attendre ou rentrer à pied. J'ai opté pour la deuxième options. New York étant une ville bien vivante, je croise beaucoup de passants. Certains avaient l'air plus pressés que d'autres et ne faisaient pas réellement attention où ils mettaient les pieds. Plus je m'approche de chez moi, plus les rues se font calmes. Un peu de tranquillité ne pouvait pas me faire de mal. Entre le lycée et le centre de New York j'en avais eu ma dose. Heureusement d'ailleurs que mon quartier n'est pas autant peuplé. Je me retrouve dans ce parc à deux rues de chez moi. Le traversant, j'observe ces personnes âgées assisent sur un banc donnant du pain au pigeon. Des enfants jouent au ballon sur la pelouse. Mon cœur loupe soudainement un battement. Elle est là, la fille de la salle d'attente. Quatre vendredis qu'elle n'est pas venue. On va se croiser sur ce même chemin. Je commence à paniquer ne sachant comment agir. Elle n'est pas seule. Sa main est enlacée à celle d'une fille. D'une fille ? Me répétais-je à moi-même. Je me sens rougir alors que son regard croise enfin le mien avec intensité et surprise. J'avale difficilement ma salive quand elle passe à coté de moi sans me lâcher du regard. Je ne bouge plus. Mon corps est comme paralysé, ayant arrêté tous mouvements. Me retournant pour l'observer une dernière fois. Je la vois déposer un baiser au coin des lèvres de cette jeune fille à ses cotés, elles quittent le parc d'où je suis rentrée. Je reprend mes esprits, continue sur le chemin opposé pour rejoindre mon domicile. 

Ce soir-là, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Ce que j'ai ressenti au parc, ne m'étais jamais arrivé. Une vague d'incompréhension flotte en moi. Qui était cette fille à ses côtés. Pourquoi cela me préoccupe autant. Puis soudain, j'ai peur. Peur de certaines questions que je me pose. Il faut à tout prix que j'arrête, que je me change les idées. 

Il est parfois plus facile de se fuir sois même que d'affronter la vérité.