DEUX HORIZONS

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Deux fois que je relis cette même synthèse, impossible de me concentrer sur ce devoir. Papa prépare le dîner, ma tête appuyée sur la paume de ma main, je lui lance un regard depuis l'îlot central. Perdue dans mes pensées, Alexis me manque déjà.

Samedi après-midi, boutique de prêt à portait. Alexis me pose un chapeau de paille sur la tête, attrapant chaque extrémité, une grimace par ci puis par là, ce qui fait rire ma petite amie. " - Même comme ça, tu es magnifique." Je rigole, elle m'embrasse la joue.

Inconsciemment je souris, mon père fronce les sourcils, passe le plat dans le four. Il a d'ailleurs laissé tomber son costume pour une tenue beaucoup plus simple, jeans, petit pull bleu marine.

- Je peux savoir ce qui te fait sourire ainsi ?

Mon père s'assoit sur le tabouret face à moi.

- Rien.

- Écoute Ash, il faut que l'on parle de quelque chose.

- Rien de grave ?

Il secoue la tête de gauche à droite "Non" murmure-t-il. Son sérieux si soudain me procure un frisson, je m'attends au pire.

- J'ignore par ou commencer. Il semble réfléchir. Ces derniers temps, je n'ai pas été un père modèle, je le reconnais mais tu sais que tu peux tout me dire ?

J'avale difficilement ma salive, j'ignore où il veut en venir.

- Je pensais que tu m'en parlerais, ça me travaille depuis que je t'ai aperçu avec cette fille devant chez nous.

Mon visage se décompose.

- Je comprends mieux votre rupture avec Loïc. Que tu sois avec une fille ne me dérange absolument pas Ash. Tu grandis, il est normal que tu fasses ta vie de jeune femme maintenant, le principal, c'est que tu sois heureuse.

- Je, je ne sais pas quoi te dire.

- Nous avons traversé bien des épreuves tous les deux depuis le décès de ta mère, je t'ai laissé toute seule durant ces périodes, tu n'avais aucune épaule sur laquelle pleurer et je m'en excuse, j'ai été égoïste. Ce qui me fait peur concernant ton histoire amoureuse c'est le jugement que pourrait avoir certaine personne en votre égard, le reste m'importe peu et si un jour, te vient l'envie de faire venir ta copine à la maison, elle sera la bienvenue et je serais heureux de l'a rencontrer surtout quand je te vois sourire ainsi.

Pleurer n'est pas une faiblesse, rester trop longtemps à supporter sans jamais baisser les bras peut devenir trop dur et pour seule échappatoire, me sentir libérer, je laisse couler ces perles salées contre ma peau de mes yeux, à mes lèvres, je me sentirais mieux. Mon père qui pendant des années ne m'a pas une seule fois pris dans ses bras, s'avance vers moi. Il me chuchote à l'oreille qu'il est désolé, craque à son tour, murmure qu'il sera toujours présent pour moi.

- Maman me manque.

- Elle me manque à moi aussi.

Le passé nous laisse chaque jour un nouveau départ, une façon d'apprendre, d'agir différemment ou de comprendre... C'est comme avoir reçu une leçon de la vie qui ne peut être changer ou s'effacer. Il peut simplement être accepté parce qu'il fait partie de nous, de notre histoire.