Chapitre 86

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[3 jours... 14h00, Safia]

Je me redresse du lit d'hôpital et tourne la tête vers ma gauche. Elïdjah dort sur une chaise à côté. Trois jours que ma fille est partie, trois jours qu'il n'a pas quitté cette chambre pour rester avec moi.

Aujourd'hui on enterre mon bébé. Ma petite princesse qui a à peine pu me voir. J'avais déjà tellement de projets pour elle, on avait pleins de projets. Je n'ai pas pu vraiment la porter, Elïdjah l'a couchée sur mon torse et je l'ai gardée longtemps mais... Sa vie nous avait déjà été retiré.

Mes parents essaient de me consoler. À Allah nous appartenons et à Allah nous retournerons. Mais c'est tellement dure... Je touche encore mon ventre en espérant que ça ne soit qu'un rêve, la vérité me frappe toujours aussi fort. J'ai mal au cœur et la partie qui vient de se vider ne pourra plus jamais être remplie. Elle est partie avec elle.

Elïdjah- Safia ? Tu veux pas dormir encore un peu ?

Safia- Il est deux heures de l'après-midi Elï.

Elïdjah- Et alors ? Tu n'as pas dormi de la nuit.

Safia- Toi aussi je te signale.

Il hausse les épaules sans répondre. Des cernes énormes sont visibles sur son beau visage. Elle n'était pas sa fille de sang mais il est autant touché que moi. Il arrive juste à mieux le cacher. Je n'ose même pas imaginer comment il a réagi quand il a appris la chose mais surtout quand il l'a portée pour la première fois. J'aurai tellement aimé voir ces yeux...

Elïdjah- Les enfants peuvent rentrer ?

Safia- Ils vont bien ? Qui s'en est occupé ?

Elïdjah- Tes parents surtout. Mais Ziyâ ne tient plus là...

Safia- Mais pourquoi vous ne les avez pas laissé venir ?

Elïdjah- Il est hors de question qu'ils te voient comme ça. Ils vont pleurer et tomber malade tels que je les connais.

Safia- C'est bon je vais bien. Et c'est quoi le rapport entre les deux en plus ?

Elïdjah- C'est Lunÿs là. Toute sa vie il pleure et après il a mal à la tête comme never.

Safia- Laisse mon fils tranquille.

Elïdjah-rire- Garde le frère moi j'ai ma fille.

Mon cœur s'est resserré un petit peu. Je crois que je vais mettre du temps à accepter l'épreuve qu'Allah a mit sur mon chemin. Peut être même un peu trop longtemps mais pour l'instant j'ai du mal. Si juste le fait de dire ma fille me provoque ces sentiments, passer la page va être dure.

Elïdjah- C'est bon ?

Safia- Oui je veux les voir aussi.

Il se lève en passant sa main dans ces curly encore mouillés et remet son gilet pour sortir chercher ces enfants.

J'essaie de remettre le lit un peu en place et me redresse un minimum pour pouvoir accueillir tout le monde. J'entends quelqu'un toquer à la porte en même temps que je mettais mieux mon oreiller. 

Lunÿs-hésitant- Mámá...?

Safia- Oui lunÿs ?

Lunÿs- Je peux entrer ? Tu n'es plus malade ?

 Orphelins reconstruitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant