Riverdale [Sweet Pea]

Chapitre 9

Il resta quelques minutes sans bouger. Elle n'était plus dans son champ de vision. Avait-il eu raison de la laisser seule ici ? Il aurait dû la déposer plus loin. Il espérait qu'elle aille bien, il ne voulait pas avoir sa mort sur la conscience.

Il fut attiré par des lumières de voitures qui arrivaient au loin. Il se dépêcha de faire demi-tour, et fonça à toute allure. Il ne savait pas qui c'était et n'avait pas envie de le savoir. Il roulait de plus en plus vite dans la forêt, pour échapper à cette voiture. Le sol était encore mouillé, et il lui arrivait de déraper dans les virages. 

Après quelques minutes, il arriva à Riverdale. Le nord de la ville était bien éclairé et les rues étaient bondées de jeunes. Cela le rassura et il diminua son allure. Il prit la direction du South side pour rejoindre le bar. Le regard toujours fixé sur son rétroviseur, même s'il ne semblait pas être suivi.

Il était déjà tard quand il se gara devant le Whyte Wyrm. FP et Jug attendaient devant la porte. A la vue du pick up ils avancèrent dans sa direction.

- Mais qu'est-ce que tu foutais Pea ? Tu m'as envoyé un message il y a plus d'une heure ! Est-ce que tout vas bien ?

- Oui, oui ça va t'inquiètes pas ! J'ai déposé le colis comme tu as dit.

Il sentait qu'il ne devait pas parler de sa mésaventure avec la jeune fille qu'il avait rencontrée. Il devait trouver une excuse !

- J'ai été suivis par une voiture dans la forêt, j'ai dû changer de chemin pour la semer.

- Une voiture ? Tu sais qui c'était ? demanda Jug.

- Non il pleuvait trop ! Je ne voyais rien. Mais ça va pas de soucis, le colis est bien livré.

FP se dirigea vers le bar non sans broncher, tout en intimant aux garçons d'en faire de même. Mais Jug retint Pea un instant.

- Tall boy en a profité pour te dénigrer, il n'arrête pas de dire à mon père qu'il n'aurait pas dû te faire confiance. Tu as mis tellement de temps à revenir. Il a commencé à sous-entendre que tu étais parti avec le sac.

Les paroles de Jughead, l'avaient énervé au plus haut point. Il avait envie de frapper Tall boy, de lui arracher la tête ! Il sentait ses ongles s'enfoncer doucement dans la paume de sa main et ses phalanges blanchirent. Il respira un bon coup, puis réfléchit un instant. Il préférait rentrer chez lui.

Il salua son ami, puis repartit.

***

Après avoir échangé le pick up contre sa moto, il était passé chez Pop's. Il avait avalé son burger et était reparti en un éclair. Enfin arrivé chez lui, sa colère n'avait pas désempli, il n'avait donc qu'une hâte se défouler. Il avait passé une soirée très éprouvante en émotions. Il avait bien besoin de se changer les idées.

Pea enleva ses vêtements pour se retrouver en caleçon. Il était plus à l'aise pour frapper son sac. Il commença avec un coup droit, puis sa main gauche vint à son tour s'écraser contre le cuir. Il continua encore et encore. Il était apaisé, il imaginait la sale tête de Tall boy et frappait encore plus fort à chaque fois. 

Puis il pensa à cette fille, si belle... Ses coups s'arrêtèrent doucement. "Qui était-elle ? Elle avait l'air tellement perdue et apeurée". Il tenait le sac de ses mains, son front appuyé dessus il fermait les yeux. Il la revoyait, ses gestes si gracieux malgré ses tremblements, sa voix si douce. Pea se rappela alors ses paroles. On l'avait touché, on avait voulu lui faire du mal. 

Un goût salé lui vint à la bouche. Sans s'en rendre compte il s'était mis à pleurer. Pour la première fois depuis longtemps, il ne voulait pas s'arrêter. Cela lui faisait du bien, il se sentait au fond de lui soulagé, libéré d'un poids. Il pensait souvent à elle, à sa mère. Mais il se refusait toujours à la pleurer. L'histoire de cette fille lui faisait penser à sa mère, à ce qu'elle avait vécue quand il était enfant. Son père l'avait maltraité tant de fois...

- Tu me manques tellement. chuchota-t-il entre deux hoquets.

Il se laissa glisser le long du sac jusqu'à se retrouver sur les genoux. Il continuait de pleurer, les larmes lui chatouillaient les joues. Il n'avait pas la force de les essuyer. Elles étaient précieuses. C'était la première fois où il la pleurait vraiment. Il s'y était toujours refusé, voulant toujours paraître fort et fier comme son père lui avait appris. Il ravalait ses larmes et se relevait à chaque fois. Mais ce soir il se laissait aller, cette fille avait fait resurgir en lui beaucoup trop d'émotions. Aussi bonnes que mauvaises. Tous ces souvenirs... C'était si dur pour lui. Il revit son père la frapper. Il ressentait à nouveau la douleur des cendres chaudes sur son corps. Les cris de sa mère, qui se mêlaient à ses pleures d'enfant. Il caressa du bout des doigts les cicatrices qui ornait son corps. Puis il resta assis longtemps à pleurer, à la pleurer. 

Il se laissa tomber sur son matelas, et après plusieurs heures il finit par s'endormir. Cette nuit-là, il fit beaucoup de cauchemars, qui vinrent le hanter les nuits suivantes. Il passa la semaine enfermé chez lui, à pleurer puis frapper son sac. Il n'avait pas beaucoup mangé, ni dormit. Il se rappelait sa mère, puis cette fille. Il espérait tellement qu'elle aille bien, que rien ne lui soit arrivé. Il s'en voulait de n'avoir rien pu faire pour sa mère, il ne voulait pas qu'elle subisse la même chose. Serpent ou non elle ne le méritait pas. Au fond de lui il souhaitait la revoir, rien qu'une fois...