Chapitre 14: « Jusqu'à la mort nous espérons toujours. »

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Je retiens mon souffle.

-Il faut que je vous parle à toi et Bradley. Je peux entrer?

-Oui.

La voix de Carol était à présent tendue et vibrante. J'attendis qu'ils soient tous dans le salon pour descendre les escaliers. Bradley et Carol étaient assis dans le canapé l'un à côté de l'autre, ils se tenaient par la main. Dean en face d'eux, droit.

-Ce matin, un père et son fils sont allés pêcher sur le lac, ils sont... tombés sur un baril de pétrole usé. En l'ouvrant, ils ont découvert un cadavre.

Un tremblement les parcourut tous les deux.

-Selon les premières expertises, il serait dans l'eau depuis un moment, mais on n'en sait pas plus tant que l'autopsie ne sera pas faite.

Les mains de Bradley et Carol se serrèrent beaucoup plus, jusqu'à devenir blanches. Je pouvais sentir leur appréhension.

-On... On a trouvé ça autour du cou du squelette.

Il sortit de sa poche une pochette plastique qui contenait un collier. Carol ouvrit la bouche et laissa échapper un son creux.

-Il y a les initiales de Cihan. Je le connaissais et je crois qu'il lui appartenait.

-Oh non.

Carol ferma les yeux et Bradley se pencha vers elle pour la prendre dans ses bras. Elle finit par le repousser et se leva.

-Non, c'est pas possible. Dean, notre fils est quelque part et il va bien. Il ne veut juste pas revenir.

En entendant cette phrase, en sentant son désarroi, sa colère, sa tristesse et son désespoir, une boule se forma dans ma gorge et des larmes me montèrent aux yeux.

-Carol... commença Bradley.

-Non, non. Cihan n'est pas mort, il ne peut pas être mort, il ne peut pas ! Qu'est-ce que je vais faire moi sans mon fils ?

Les deux hommes étaient silencieux. Des larmes silencieuses coulaient sur les joues de Bradley et il évita le regard de sa femme et de Dean.

-Carol, il faut que tu comprennes que ce corps peut être celui de Cihan. On est pas encore sûr, mais il faut que tu te prépares, lui dit Dean.

-Qui peut vouloir faire ça à un garçon de seize ans !

Elle s'effondra.

-Il était si près de nous pendant tout ce temps, il était mort et abandonné dans ce lac, hurla-t-elle.

Elle était en pleine crise d'hystérie. Je me sentais mal pour elle, je voulais avancer, la prendre dans mes bras, lui dire que tout était faux mais elle m'aurait repoussé, comme elle avait repoussé son mari.

-Je ferai mon possible, je vous le promets, pour savoir qui a fait ça à Cihan, si c'est bien lui. Je l'ai vu grandir, c'est... affreux.

-Je veux son collier Dean.

-Carol, je peux pas te le rendre pas maintenant.

Carol passa devant moi sans même me voir et monta les escaliers. Un frisson me parcourut lorsque je l'entendis hurler de douleur à l'étage. Bradley, lui aussi se mit à pleurer. Je ne sais pas si c'était un mélange de savoir sa femme si désemparée et de ne rien pouvoir faire pour elle, et de la mort de son fils. J'avais remarqué que lui, il avait compris que son fils ne reviendrait jamais. Je me sentis si mal, comme un creux dans l'estomac. Il était mort. Dean, s'approcha de Bradley, passa une main sur son épaule et se posa à côté de lui. Ils se prirent dans les bras l'un de l'autre et les pleurs de Bradley déchirèrent le silence du salon. Il s'accrochait à Dean comme si sa vie en dépendait. Je me sentais de trop, je ne pouvais ni rester ici, ni monter. Or, je ne pouvais pas laisser Carol dans cette situation. Je fis demi-tour et montai doucement les marches avec une appréhension grandissante. Je savais pertinemment où elle était, alors au lieu de me diriger vers sa chambre à coucher, je rentrai dans celle de Cihan. Elle était allongée sur son lit, son oreiller entre ses mains.

The Pact.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant