Chapitre 16

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"L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme. Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux; Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux."


Je défis le nœud de ma cravate. La journée avait été longue et éprouvante. On venait de mettre en terre ce qui restait de Cihan. L'émotion avait été à son comble. J'ai bien cru que chacun d'eux allait sauter sur le cercueil pour tout arrêter. J'étais posté devant la fenêtre de ma chambre, un verre de vodka à la main. J'en avais besoin, j'avais besoin d'évacuer. Ils étaient tous en bas, à discuter et manger. J'avais toujours trouvé ça étrange de se réunir comme ça après un enterrement. Carol avait dû se plonger dans un endroit de la maison où personne ne pourrait la voir. Elle faisait ça depuis une semaine. Depuis une semaine, elle refusait de s'alimenter, de parler voir même de bouger. J'étais resté ici toute la semaine, je n'étais pas retourné au lycée et par conséquent, je n'avais pas revu Avalanna. Elle était en bas, avec les autres invités mais j'avais peur de descendre, peur de l'affronter. Il ne s'était rien passé de plus, mais le fait de savoir que je ressentais quelque chose pour elle m'effrayait et était suffisant pour que je reste loin d'elle.

Je portais le verre à ma bouche lorsqu'on ouvrit la porte, faisait place à Bradley. On s'était rapproché depuis que Carol avait demandé le divorce.

-Tu ne veux pas descendre?

Je secouai la tête.

-Je l'ai pas connu. J'ai l'impression de ne pas être à ma place.

Il entra dans la pièce et se posa sur mon lit.

-Comment tu te sens? lui demandai-je.

-Vide. J'aurais jamais cru mettre mon fils dans sa tombe.

Logique. Je bus de nouveau une gorgée. Cela faisait du bien, de boire un peu.

-Tu as pu parler à Carol?

-Non, je crois qu'elle m'évite. Encore.

J'avais de la peine pour lui. Ils ne s'adressaient même plus la parole depuis sept jours. Chaque fois que Bradley venait à la maison, elle faisait en sorte de ne pas sortir de sa chambre.

-Tu devrais forcer les choses. Enfin, si tu veux la récupérer.

-Je veux pas la forcer, Justin. Elle m'a dit qu'elle voulait divorcer.

-Comme elle a dit qu'elle voulait avorter. J'ai pas quitté la maison de toute la semaine et je peux t'assurer qu'elle ne l'a pas encore fait.

-C'est vrai?

-Oui. Je pense qu'elle souffre et qu'elle a juste besoin qu'on soit près d'elle. Elle... -j'hésitais à dire ses mots, mais je savais qu'il en avait besoin- ... t'aime toujours. Elle appelle souvent l'hôpital pour savoir comment tu vas. Elle ne le ferait pas si elle tenait toujours pas à toi.

Il sembla réfléchir.

-Pourquoi tu me dis ça Justin? J'ai toujours cru que tu ne pouvais pas me voir.

-On a eu du mal au début, mais maintenant je t'apprécie. Même si pour être honnête, je fais d'abord ça pour elle.

Je posai mon verre sur ma table de bureau et l'attrapai par le bras.

-Qu'est-ce que tu fais?

-Tu veux récupérer ta femme, oui ou non?

-Oui.

-Alors, bouge !

Je le sortis de ma chambre et le poussai doucement dans les escaliers. Je pris mon courage à deux mains, moi aussi, et descendis à mon tour. Ils étaient tous vêtus plus ou moins de noir. J'aperçus Heather dans un coin avec Kanec Lance, si je me souvenais bien, le grand baraqué, puis Hilary aussi était là. Je m'approchai d'eux.

The Pact.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant