Chapitre 28

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On sortit sur la parking et on monta dans la voiture.

-Est-ce que tu pourrais me dire de quoi il s'agit, s'il te plaît ?
-Bon, d'accord.

Je démarrais la voiture et rentrais sur la route.

-Tu te rappelles de ce que Daisy a dis ? Que tout cela n'était qu'un jeu ?

Elle hocha la tête.

-Je m'en souviens.
-Eh bien, ton père vient de me dire qu'il voyait mal des adultes faire ça.
-Ok, et ?
-Qu'est-ce que tu fais lorsque tu veux faire un jeu dangereux mais que tu as besoin que personne ne parle ?
-Heu ... je sais pas. Je les menace.

Je secouais la tête, tout en regardant droit devant moi.

-Non, Ava. Tu fais un pacte. Comme ça, s'il l'un d'entre plonge, il plonge tous.

Cette fois-ci, je tournais mon visage vers elle.

-Un pacte ?
-J'en ai fais un, il y a plusieurs année avec David.
-C'était quoi ?

Je me forçais à ne pas repenser à la façon dont il avait fini.

-C'était un truc débile mais j'ai pas pu aller jusqu'au bout.
-Pourquoi ça ?
-Il voulait qu'on se coupe le creux de la main pour certifier ce pacte.
-Tu penses qu'ils ont fait pareil ?
-Je sais pas, mais en tout cas, s'ils sont plusieurs et que c'est un jeu, ils doivent forcément être lié par quelque chose, quelque chose de physique qui leur rappelle à chaque fois qu'il le voit, qu'ils doivent garder le silence. C'est comme une menace.
-Donc, commença-t-elle, tu es certain qu'il s'agit d'un jeu et qu'ils sont plusieurs.
-Exactement.

Je donnais un petit coup dans le volant. J'aurai du y penser seul et surtout croire Daisy dès qu'elle m'en avait parler.

-Mais qu'est-ce qui te fais dire ça ?
-Tu connaissais Daisy ?
-Non, je te l'ai déjà dis.
-Cameron et Matthew ?
-Rapidement.
-Vous n'avez donc rien en commun ? demandai-je
-Non.
-Eh bien, je pense que soit ils font tous les trois partis du «ils» soit toi et Daisy avaient eu face à des malades.
-Tu penses alors que Cameron et Matthew font partis du jeu ?
-Elle a tué Matthew pour ça, elle l'a dis elle-même Ava.
-Comment comptes-tu le prouver ?

On était presque arrivé.

-Il va d'abord falloir que tu nous fasses entrer dans le bureau de ton père.
-Justin, je risque d'avoir des problèmes si on nous surprend.

Je me garais et la regardais.

-Avalanna, c'est important. S'il te plaît.
-Je te jure, Justin, s'il y a rien, tu me le payeras. Et cher.
-Pas de soucis, répondis-je avec un sourire.

Je sortis de la voiture et on rentra à l'intérieur.

-Avalanna, qu'est-ce que tu fais ici ?
-Oh, Winston.

Ce fameux Winston me jeta un regard.

-Justin, shérif Haken. Winston, Justin.
-Ah, le fameux Justin.

Il me serra la main. Une poignée ferme et pinça les lèvres dans un espèce de sourire. C'était le père de Heather, sur ça, il n'y avait pas de doute. Ils dégageaient tous les deux la même chose mais je ne saurai dire quoi.

-Oui, enchanté.
-De même, me répondit-il.
-On est venu chercher ... les clés de mon père. Il les a oublié et avec ce qui s'est passé hier soir ...
-Oui, je comprends. Vas-y. De toute façon, tu connais la maison.

Elle lui fit un petit signe de main en faisant quelque pas en arrière. Elle était stressé et ne savait pas mentir. J'étais certain que ce fameux Winston Haken avait deviné quelque chose. Je la suivis jusqu'au bureau de son père et refermais la porte derrière moi.

-Tous les dossiers de mon père se trouve dans ce tiroir.

Elle s'assit derrière son bureau et tenta de l'ouvrir.

-Justin, s'est fermé.

Je passais derrière elle et pris un trombone qui se trouvait sur la table.

-Pousse-toi, s'il te plaît.

Elle se décala et me laissa assez d'espace pour que je puisse la déverrouiller. Après quelques petites secondes, la serrure céda. Avalanna s'était levé et regardait à travers une espèce de fenêtre pour voir si on venait par ici.

-Bon, apparemment personne ne nous remarque, dit-elle.
-Hé, calme-toi. C'est pas si illégal que ça.
-Illégal ? Justin on vient de forcer le bureau de mon père pour fouiller dans une affaire en cours ! On pourrait nous accuser de trafiquer des preuves, j'ai pas envie d'aller en prison.
-Moins fort, c'est à cause de toi qu'on pourrait être repéré. Faut rester calme.

Elle croisa les bras sur sa poitrine dans un geste d'énervement. Je m'assis sur la chaise et sortis les dossiers. Ava finit par me rejoindre.

-Tu trouves quelques choses ?
-Eh bien, il n'a pas mis les affaires ensembles alors ...

Je m'arrêtais, je venais de tomber sur le dossier de Cameron. Je l'ouvris et le parcourus rapidement des yeux. Je sentais le souffle chaud de Avalanna contre mon cou.

-Il a bien été tué par strangulation, dis-je.
-Oui.

Il y avait quelques photos et je dus faire de mon mieux pour mettre une certaine distance entre ce que je voyais et ce que je pouvais ressentir. Je pris l'une dans mes mains et la regardais.

-Justin, on est vraiment obligé de voir ça ?

Je lui jetais un regard.

-Bien sûr qu'on est obligé. Il faut qu'on avance avec ce qu'on a. Ton père a pris beaucoup de retard et si on trouve quelque chose, je suis sûr qu'il ne nous dirait rien.
-Tu crois ?
-Non pas du tout, mais je m'en fous.

Je reportais mes yeux sur la photo et l'analysais rapidement. Il avait les yeux ouverts, son poignet avait une position étrange et cela me donna froid dans le dos.

-Aide-moi, s'il te plaît. Je sais que c'est pas marrant mais si tu veux qu'on sorte de là le plus vite possible, il faut que tu y mettes du tien.
-Bon, d'accord, finit-elle par céder.

Je regardais de nouveau le compte rendu de l'autopsie. Il avait eu la colonne vertébrale brisée, le poignet aussi et sa jambe s'était retourné en tombant. «Plusieurs éraflures sur le ventre, la paume des mains et le genoux gauche. On dénote tout de même une cicatrice à l'intérieur de la main droite, qui parcours la totalité de sa paume qui date d'environ un an vu la cicatrisation. Deux autres cicatrices sur ...» Je m'arrêtais de lire et recommençais «une cicatrice à l'intérieur de la main droite».

-Ava, je crois que j'ai trouvé, regarde.

Je lui tendis la feuille et elle l'a lu, puis me jeta un regard.

-Tu avais déjà remarqué qu'il en avait une ? la questionnai-je.
-Non, franchement, on se parlait pas.

Peut-être que je me trompais et qu'on allait sur une mauvaise piste mais je ne le sentais pas comme ça.

-Il faut qu'on trouve le dossier de Matthew.
-Mais bébé, même si on trouve ce sera pas sûr que se soit vrai, me dit-elle.
-Pourquoi ?
-Parce que tu te rappelles comment il est mort ? Il a reçu des tas de coups de couteau, il peut avoir pleins de blessures défensives sur les mains et c'est normal.
-On peut quand même vérifier, non ?

Elle haussa les épaules. Je le trouvais rapidement et effectivement le médecin légiste avait écrit qu'il s'était défendu à l'aide de ses mains. On ne pouvait pas voir s'il avait la même cicatrice que Cameron.

-Tu te rends compte de la rage qu'elle devait avoir contre lui pour l'avoir maîtrisé de cette façon et tué avec une trentaine de coups de couteau, murmura-t-elle.
-Elle était en colère et elle avait complètement perdue la raison. Ces deux facteurs ont fait qu'elle a obtenu en quelque sorte sa vengeance.
-Elle aurait pu appeler la police, je sais pas. Maintenant, elle est morte.
-Personne ne la croyait. Ava, on peut pas refaire le passé.
-Je sais bien.

J'allais me redresser lorsque mes yeux se portèrent sur le dossier avec le nom «Cihan Carlington». Je le pris et l'ouvris.

-Qu'est-ce que tu fais ? Cihan n'a rien à voir dedans.
-Autant en avoir le cœur net.

Je l'ouvris et regardais les photos, il ne restait rien de la peau du pauvre Cihan, je fis un effort surhumain pour ne pas vomir dessus. Je retournais les photos sur la table.

-Tu vois, on peut rien voir, maintenant referme ça.

Je voulus le faire mais me rendis compte qu'il manquait une page.

-Ava, tu y as touché ?
-Non, pourquoi ?
-On passe de la feuille quatre à la feuille six. Et je la trouve pas.
-Quoi?

Elle me prit le dossier des mains et regarda à son tour, puis elle jeta un coup d'œil sur le bureau puis le sol.

-Non, il n'y a rien nul part.
-C'est sur le résumé de l'autopsie, non?

Elle hocha la tête.

-Oui, il manque toute une description.
-Tu penses que ton père aurait pu faire ça volontairement?
-Non, ça c'est une certitude.

Je lui parlais de la conversation que j'avais entendu la vieille.

-Tu penses que Bradley aurait payé mon père pour quelque chose qui se trouvait ici?
-C'est une possibilité à ne pas exclure. Je trouve ça louche tout de même qu'il manque justement une page à ce dossier après ce la discussion que j'ai entendu. C'est trop louche, de toute façon.
-Bon, maintenant, on range tout avant que quelqu'un n'entre.

Lorsque je refermais le tiroir, la porte s'ouvrit sur Dean.

-Qu'est-ce que vous faites ici?
-On ... voulait te voir, papa.
-Pourquoi ça?

Il nous regarda avec un air suspect.

-Bizarrement, Winston vient de me dire que tu étais venu chercher les clés de la maison dans mon bureau.

Elle rougit jusqu'aux oreilles.

-En fait, on était venu pour vous parler à vous. On s'est dit que vous vous sentiriez plus à l'aise dans votre environnement.

Il entra dans la pièce et ferma la porte derrière lui.

-Me parler de quoi?

Je cherchais rapidement un mensonge.

-Eh bien ... je voulais vous remercier de me permettre d'être avec votre fille.
-Et tu n'aurais pas pu me dire ça chez moi?
-Je ... Si bien sûr ... mais ...
-On peut pas abuser de ta gentillesse. On sait que tu n'aimes pas Justin. Enfin, bref, maintenant que c'est dis on va pouvoir partir.

Elle m'attrapa par le bras et on quitta le commissariat.

-On a eu chaud, dis-je.
-Tu vas me le payer.

Elle ne parla pas jusque la voiture.

-Oh ça va, on a rien eu. Même si ton père avait remarqué qu'il y avait quelque chose d'étrange, on a tout rangé.
-Et si on l'a mal fait ?

Je haussais les épaules.

-Ton père est venu me voir tout à l'heure, il commence à nous croire. On verra bien.

Je la raccompagnais chez elle et rentrais à mon tour. Elle semblait m'en vouloir. Dès que je rentrais chez moi, Carol vient à ma rencontre.

-Tu as séché les cours ?
-Oui, pourquoi ?
-On m'a appelé et on m'a dis que ce n'était pas la première fois.
-J'ai autre chose à faire, dis-je calmement.
-Comme quoi?
-Eh bien, je mène une petite enquête.

Je montais dans ma chambre et allais m'allonger un peu. Je n'avais pas dormi de la nuit et je sentais la fatigue pesait sur mes épaules. Je savais que j'aurai un sommeil agité, que je ferai des tas de mauvais rêves mais il fallait que je ferme les yeux. Mais arrivé sur mon lit, le sommeil m'avait quitté et malgré mes efforts, je n'arrivais pas à dormir. Je finis par me lever une heure plus tard, légèrement énervé. Dès que je descendis, on frappa à la porte.

-Va ouvrir, me dit Carol.

Je traînais jusque la porte et tombais nez à nez avec Dean.

-Qu'est-ce que vous voulez ?
-Je peux te parler deux minutes ?

Je jetais un regard vers l'intérieur de la maison. Carol ne disait rien, alors je supposais qu'elle était au courant de sa venue. Je sortis de la maison craignant le pire.

-Qu'est-ce que vous voulez ?
-Que les choses soient claires, je te déteste toujours autant et je sais que tu seras néfaste à un moment ou autre pour Avalanna mais elle t'aime et après ce qui s'est passé l'autre soir, il fallait bien que je fasse pardonner.

C'était donc ça, il avait accepté notre relation juste pour ne pas qu'elle l'abandonne.

-Quoi, vous avez peur qu'elle m'aime plus que vous ?

Il serra la main sur son arme qu'il porta à la hanche. Cela me fit rire.

-Tu sais très bien qui elle choisirait, n'est-ce pas ? Tu as juste envie que je l'admette ?

Un sourire insolent arriva sur mon visage.

-Allez-y alors.

C'était incroyable la façon dont il avait de ressortir le pire en moi. Il était en quelque sorte ce qui m'empêchait d'être totalement avec Ava et rien que pour ça, il était ce qu'on pouvait appeler un ennemi. Mais en même temps, je savais aussi que c'était une excuse. Ce que je ressentais pour Ava me faisait de plus en plus peur et je ne voulais pas ressemblait à tous ces gars qui ne pouvaient plus vivre sans leur copine. Mon indépendance était importante et surtout j'avais un peu peur d'aimer Avalanna lorsque je me rappelais ce que je pensais de l'amour. Je ne voulais pas être avec elle parce que j'avais peur d'être seul.

-Rêve. En tout cas, ce n'est pas parce que j'ai accepté cette histoire que je suis un crétin. Vous faisiez quoi dans mon bureau ?
-On a fouillé vos affaires.

Il resta éberlué. C'était aberrant de voir la façon dont les gens réagissaient lorsqu'on disait la vérité alors que c'est ce qu'ils demandaient.

-Vous avez quoi ?
-On a fouillé dans les dossiers. On a regardé ceux de Cameron et Matthew. Puis celui de Cihan, et vous savez quoi ? Comme par le pur des hasard, il manquait une page.

Il me balança contre la porte en bois des Carlington et s'approcha de moi.

-Qui t'a permis de fouiller dedans ?
-Moi, c'est bien suffisant. Qu'est-ce que vous cachez vous et Bradley ? Parce que je suppose que vous êtes dans le coup avec lui, non ? Les bons vieux copains.
-On ne cache absolument rien, tu ferais mieux de t'occuper de tes affaires.

Il m'avait attrapé violemment par le col.

-Des menaces Dean ?

C'était la première fois que je l'appelais par son prénom.

-Tu devrais faire attention. Pasadena est une petite ville, les ragots sont vite cru et ... -il esquiva un sourire narquois- et je peux faire en sorte que tu sois assez loin de ma fille et que tu ne puisses la toucher que dans tes rêves.
-Vous parlez de la prison ? Ça ne me fait pas peur, dommage pour vous.

Il me lâcha et je me dirigeais vers la maison.

-Justin, tu as trouvé quelque chose?
-Peut-être. Mais tant que vous ne me direz rien, je ferai de même. C'est donnant-donnant.

Il ne répondit pas alors je rentrais à l'intérieur.

-De quoi vous avez discuté ? me demanda Carol.
-Où est Bradley ?
-Au travail, pourquoi ?

Il fallait que je lui parle. Si Dean ne voulait pas le faire, il le fera. Je pourrai toujours faire croire que je sais tout et que le mieux était qu'il me le confirme. Cela pouvait être risqué mais il fallait que je sache, il fallait que je comprenne ce qui se passait autour de moi. Surtout, il fallait qu'on arrive à arrêter tout cela avant que l'un de nous ne meurt car je savais que ça allait arriver à un moment ou un autre.

-Je vais le retrouver. Je reviens ce soir.

Je sortis de la voiture et tombais sur Avalanna au coin de la rue.

-Justin, je voulais te voir.
-Oui, excuse-moi pour tout à l'heure. C'était stupide de t'avoir emmené.
-Non, pas pour ça. On pourrait peut-être aller dans un endroit un peu plus intime ?

Je fronçais les sourcils tout en la regardant. Elle semblait inquiète et une peur s'empara de moi. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien vouloir me dire ? Est-ce qu'elle voulait ... me quitter ?

-Heu ... Oui, viens.

Elle me suivit et on monta dans ma voiture. Je ne savais pas trop où on allait. Je crois que je retardais le moment de parler. Je me sentais tendu et sur les nerfs.

-On pourrait s'arrêter ?

Je hochais la tête. On était près d'un bois, je me glissais sur le rebord et coupais le moteur.

-Alors, tu voulais qu'on parle ?
-Oui.

Elle baissa sa capuche et me regarda.

-Je veux pas me disputer avec toi mais ... tu dois bien sentir que nous deux, c'est pas ça.

Je me mordis l'intérieur de la joue. J'avais raison, apparemment elle voulait me quitter. Mes yeux se mirent à me piquer.

-Oui, je sais.

Elle prit ma main dans la sienne et la pressa.

-Tu ne me fais pas confiance et ... je te fais pas confiance.
-Tu veux qu'on arrête ?

Je me faisais pitié, ma voix était basse.

-Non. Je tiens à toi et je sais que si on se sépare maintenant, pour toi ce sera définitif et je veux pas.
-Alors quoi ?
-Il faut qu'on essaie de régler le problème.
-Et comment ?

Elle serra les bras autour de sa taille.

-On pourrait ... partir tous les deux un week-end.

Elle rougit en disant.

-Ton père serait d'accord ?
-Je sais pas. Peut-être. Je sais que tu n'as pas confiance en moi mais en restant que tous les deux peut-être que tu te confieras ... et qu'on pourrait faire l'amour, ajouta-t-elle.

Je savais pas quoi lui répondre. J'étais touché qu'elle fasse ça pour moi, pour nous.

-Oui, avec plaisir.

Elle porta ma main à ses lèvres et l'embrassa.

-Je veux que ça marche entre toi et moi. Vraiment, Justin.

Je baissais les yeux, ne sachant où me mettre.

-Moi aussi.

Elle avait le don de me toucher, de m'attendrir, de me faire éprouver de l'amour. Des choses que personnes n'avaient su faire avant elle. Elle s'approcha de moi et m'embrassa.

-Je t'aime tellement.

Elle jeta son regard dans le mien et esquissa un sourire tout en me caressant le visage. En simple réponse, je lui souris à mon tour.

The Pact.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant