Chapitre 33

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On était revenu à la maison et j'étais directement allé dans ma chambre, rongé par le remord. Il ne s'était rien passé, c'est vrai mais je savais ce qu'elle attendait de moi, et j'avais peur de ne pas réussir à lui dire. Je défis mon sac et me posais sur mon lit. Je ne bougeais pas de la journée jusqu'à ce que mon père m'appelle pour me dire qu'il avait préparé le dîner. Je me redressais surpris. Il n'avait jamais fait ça, du moins pas depuis longtemps. C'était toujours moi qui préparais ce qu'on allait manger. Je sortis doucement de ma chambre et partis en direction de la cuisine, m'attendant au pire. Je restais presque choqué lorsque je sentis les bonnes effluves, à croire qu'il avait réussi à ne rien brûler.

-C'est pas un repas de roi, mais je me suis dis que ça te ferait plaisir, me dit-il avec un sourire.

Je me posais sur la chaise, la table était même dressée. Je le regardais de nouveau. Est-ce qu'il avait vraiment changé ou était-ce une parade? Un moyen de me faire revenir ici?

-Qu'est-ce que c'est?
-Oh, je sais pas. J'ai mélangé des légumes, j'y ai mis un peu de poulet. On verra ce que ça donnera.

Un sourire vient à mes lèvres sans que je puisse le contrôler. C'est souvent ce que je faisais, lorsque j'étais obligé de préparer le dîner, de l'improvisation.

-J'espère pour toi que c'est bon.

Je fus stupéfait de voir que j'étais entrain de parler sur le ton de la plaisanterie avec mon père. Mon père!

-Tu me diras.

Il déposa le contenu dans mon assiette et pressa mon bras par la même occasion. Je me braquais, il était encore trop tôt pour les contacts physiques.

-Oui, répondis-je.

Il essaya d'engager la conversation mais je restais le plus évasif possible.

-Et comment ça se passe à Pasadena?
-Bien. Carol et Bradley sont adorables, ils me considèrent un peu comme leur fils.

Il hocha la tête, son regard c'était assombris. Mais il n'avait rien à dire. Ils avaient joué le rôle qu'il avait fuit pendant des années.

-Et les cours ça va?

Je haussais les épaules. J'y allais que de temps en temps.

-Tu as quelqu'un là-bas?

Je savais pas pourquoi il posait toutes ces questions, peut-être pour plus me connaître et je ne savais pas si je devais lui parler d'Ava. C'était comme si je voulais la cacher, pas que j'avais honte d'elle, mais il avait toujours brisé tout ce qu'il touchait et il était hors de question pour moi, qu'il puisse casser ce qu'il y avait entre elle et moi.

-Oui, mais je ne t'en parlerai pas plus.
-Pourquoi ?
-Parce que j'ai pas envie.

Le repas était bon mais je n'avais plus faim.

-J'ai aussi rencontré quelqu'un. On ne sort pas ensemble, mais on s'entend bien.

Je le regardais surpris. Jamais je ne l'avais entendu parler d'une autre femme.

-En cure?

Je me demandais bien à quoi elle pouvait ressembler. Une droguée, alcoolique?

-En fait, non je l'ai rencontré avant.

Tout devient clair dans ma tête lorsqu'il prononça cette phrase. Ma gorge se serra.

-Et, je parie que c'est pour elle que tu as fais ça, n'est-ce pas?

Il ne me répondit pas. Je faisais de mon mieux pour retenir ma colère et mes larmes.

-En fait, tu t'en fiches de moi, murmurai-je.
-Non ! Pas du tout. Ne dis jamais ça. Elle m'a juste ouvert les yeux.
-Tu descends de plus en plus dans mon estime, Kurt.

Il serra les poings sur la table et moi, je n'avais qu'une envie l'étrangler. Il n'avait pas fait ça pour moi comme il me l'avait dit.

-Tu as encore menti.
-Non, Justin, j'ai ...
-C'était la première chose que je croyais que tu faisais pour moi, pour moi, dis-je au bord des larmes. C'était comme une preuve de ton amour envers moi.

J'en revenais pas. J'y avais cru cette fois-ci, j'y avais vraiment cru et ... Rien. Encore une fois.

-Mais, je t'aime. Tu es mon fils.
-N'essaie pas de te faire pardonner.
-Je n'essaie pas.
-Alors quoi? Jouer ton rôle de père? Il est trop tard!
-Je suis ton père!

Je me levais et balançais la chaise.

-Tu étais où alors quand j'avais besoin de toi?
-S'il te plaît.
-Il n'y a pas de s'il te plaît!

Je sentais que mes joues étaient toutes rouges. De mon bras, je balançais tout ce qu'il y avait sur la table. Je ne sais pas pourquoi j'étais si en colère, peut-être était-ce un mélange de ce qui était arrivé cet après-midi et mon stress de le revoir. Ou alors, c'était toute la colère et la haine que j'éprouvais pour lui faisaient surface.

-Si tu savais comme je te déteste ! vociférai-je. Putain, je te déteste d'avoir autant d'emprise sur moi après tout ce que tu m'as fais !

Je n'arrivais même plus à m'exprimer comme je le devais. J'avais tellement de chose à lui dire et je sentais mon cœur battre très fort, j'avais qu'une envie c'était contourné cette table et le frapper de toutes mes forces. Le frapper pour toutes les fois où il m'a fait mal, où il m'a frappé. Pour avoir volé mon enfance et d'avoir fait la personne que j'étais aujourd'hui et que je détestais. D'ailleurs, il n'y avait rien qui me retenait. Sauf peut-être la peur de finir comme lui.

-Justin.
-Barre-toi!

Il tenta de s'approcher de moi mais je le repoussais et il tomba sur le sol. Je le regardais, effrayé par ce que je venais de faire. Je sortis de la cuisine et m'enfermais dans ma chambre. Je tremblais de partout mais ce qui me surprenait le plus, c'était le soulagement qui c'était emparé de moi. Comme si j'avais extériorisé ce qui était enfermé en moi depuis longtemps. J'avais commencé à répondre à mon père, mais j'avais jamais eu de geste physique envers lui malgré le fait que l'envie ne m'avait pas manqué. En réalité, je m'attendais à ce qu'il entre dans ma chambre mais il ne fit rien. Je pris mon téléphone et appelais la seule personne que je voulais entendre.

-Bébé?
-Justin?

Je me mis à pleurer. Je sais que c'était puéril et parfaitement inutile mais je crois que j'en avais besoin.

-Justin, qu'est-ce qui se passe?
-Je me suis disputé avec lui.
-Oh mon cœur. Tu veux en parler?

Je me rendis à quel point j'étais pathétique et essayais de retenir mes larmes le plus possible.

-C'était même pas pour moi, soufflai-je. Il a fait ça pour une femme.
-Oh Justin, je ...
-Ne dis pas que tu es désolé.

Elle avait de la peine pour moi et moi, j'avais revu une fille avec qui j'avais couché, pensai-je. J'étais fou d'elle, et il était hors de question que je la fasse souffrir.

-Avalanna, je ...

Je voulais lui dire mais quelque chose me retient.

-Quoi?

Sa voix était douce. Comme toujours lorsqu'elle s'adressait à moi.

-Heu, juste que je repars demain. Je veux pas rester ici.
-Je comprends, je savais bien ça ne serait pas évident mais il a peut-être changé. Rappelle-toi que moi je t'ai laissé une chance et le résultat est vraiment positif. Enfin, pour moi.
-Pour moi aussi.

Comment lui dire que ce n'était pas que pour mon père?

-Mais je ne veux pas rester éloigné de toi trop longtemps, dis-je. Ma décision est prise, je repars demain.
-A toi de voir.

Je raccrochais et restais seul face à tous mes problèmes. Jamais j'aurai pensé éprouver ça en revoyant Manon, c'était étrange. Je m'allongeais sur mon lit, essayant de ne penser à rien mais c'était peine perdue.
Lorsque je me réveillais le lendemain matin, je fus quelque peu perturbé. Il me fallut un temps d'adaptation pour me rappeler ce que je faisais ici et ce qui c'était passé hier. Je me redressais et allais dans la cuisine, déjeuner. La maison était vide, il n'était pas encore debout et c'était tant mieux. Je ne voulais pas le voir, j'étais encore en colère contre lui et cela n'allait pas tomber maintenant. Tout d'un coup, je sentis une présence derrière moi, je me levais pour ne pas être en contact avec lui mais il posa sa main sur mon épaule et me força à me rasseoir. Puis, il bloqua la chaise avec son genoux m'empêchant de me redresser.

-Maintenant tu vas m'écouter, dit-il dans mon oreille. J'ai rencontré une femme c'est vrai mais elle m'a fait comprendre ce que je te faisais endurer, Justin. Si je suis allé dans cet hôpital c'est pour toi et uniquement pour toi.
-Parce que tu crois que je vais te croire?

Je ne le regardais pas, je préférais garder le visage impassible.

-Que tu me crois ou non, je dis la vérité. Hier soir, tu as dis que tu me détestais, et je te comprends mais je sais qu'au fond tu tiens à moi. Je le sens.
-Tu te trompes.
-Le contraire de l'amour, ça n'est pas la haine mais l'indifférence. Si tu es venu pour me voir aujourd'hui, si tu étais là quand je sortais de cure c'est que mon sort t'importait et que tu tenais encore à moi.

Je sentais les larmes me montaient aux yeux, je voulus me dégager mais il me tenait fermement l'épaule.

-Je sais ce que je t'ai fais, je sais que je n'ai jamais été un bon père, je crois que je m'en voudrai toute ma vie pour t'avoir abandonné quand ta mère est partie. J'ai fais des erreurs mais je voudrais qu'on recommence Justin. Tu n'oublieras pas, c'est évident et moi-même je n'oublierai pas ce que je t'ai fais mais ... tu es mon fils, je t'ai aimé dès que tu es venu au monde.
-Drôle de façon de le prouver, répondis-je d'un ton tremblant.

Il était toujours derrière moi, à me parler doucement dans l'oreille.

-Je t'ai jamais frappé lorsque j'étais sobre, ...
-Tu étais ivre tout le temps, Kurt.

Je sentis le poids de sa main quitter mon épaule et je ne sentais plus son genou dans le bas de mon dos.

-Je voudrai juste que tu reviennes, et je promets de changer.

Je ne savais pas si je devais le croire. Il était rentré depuis hier et il ne semblait pas en manque et n'avait pas bu d'alcool.

-Il me faudrait plus que des mots à présent, j'ai grandis. Je ne suis plus un petit garçon à qui on peut tout promettre.
-Alors laisse-moi te le prouver.

Je me levais et me tournais vers lui.

-Tu peux pas me demander de faire ça. J'ai trouvé une famille, j'ai une petite amie et des amis. Pourquoi il fallait que tu reviennes lorsque je commençais à être heureux?
-Je fais pas ça contre toi.
-Non, comme toujours tu fais ça pour toi.

Je ne savais pas vraiment ce que je ressentais. J'étais partagé. D'un côté, je voulais le croire. Je veux dire, j'avais toujours attendu ce moment, même si je le détestais, je voulais qu'il me montre qu'il m'aime et qu'il arrête de boire. Mais d'un autre côté, je savais qu'on ne pouvait pas changer comme ça.

-Je vais me battre pour toi, s'il le faut, je peux même venir habiter à Pasadena comme ça tu resteras avec ... -il émit un instant d'hésitation- ... ta famille et je serai là.

Je le regardais sans comprendre. Il ferait vraiment ça pour moi ?

-Je crois que j'ai besoin de réfléchir.

Je quittais la cuisine, les épaules et les mains crispées. Peut-être que je pourrai rester encore un peu, voir s'il avait vraiment changé et par la même occasion le protéger contre ce fichu clown. Je réalisais qu'il avait raison, son sort m'importait alors il était possible qu'une partie de moi l'aimait encore malgré tout ce qu'il avait fait.
J'étais posé dans mon lit depuis une dizaine de minutes lorsqu'on frappa à la fenêtre. Je me redressais et vis Manon. Je me levais et allais lui ouvrir.

-Qu'est-ce que tu fais là?

Cela me rappelait à chaque fois qu'elle venait pour qu'on couche ensemble. Elle passait toujours par la fenêtre.

-Je suis venue te voir, je te dérange?
-Non.

Je lui pris la main et l'aidais à rentrer dans la chambre.

-Tu as les yeux rouges, ça va?
-Ouais, répondis-je. Juste un peu fatigué.

Elle ne portait qu'une simple robe blanche qui laissait apparaître les formes de son corps. Je sentis mon cœur battre plus fort, pas parce qu'elle me donnait envie d'aller plus loin mais parce que c'est ce qu'elle attendait. Je m'assis sur le lit et elle se posa à mes côtés.

-Il y a un problème?
-Écoute Manon, j'ai une petite amie.

Je sentis qu'elle avait envie de rire. Elle passa une main dans mes cheveux et sourit.

-Si elle ne le sait pas, ça ne lui fera rien.

Elle s'approcha plus de moi et déposa ses lèvres sur les miennes. Pendant un instant, je répondis à son baiser et me souviens que ce n'était pas Avalanna. Elle tenta de me pousser sur le lit mais j'avais plus de force qu'elle et la repoussais.

-Manon !
-Tu m'as manqué et puis on se marrait bien avant.

Je me levais furieux contre moi-même et contre elle.

-Je viens te de dire que j'avais quelqu'un.
-Et je t'ai répondu.
-Je l'aime, d'accord? Vraiment. Elle compte pour moi et je veux pas tout gâcher pour ...

J'allais dire «une salope» mais me retiens. Je connaissais Manon et ce n'était pas ce qu'elle était. Elle avait été amoureuse de moi, me l'avait à plusieurs reprises mais je ne l'avais jamais cru. Maintenant, je savais que c'était vrai.

-Eh bien vas-y finit ta phrase, dit-elle calmement.
-Tu sais pas ce qu'elle fait pour moi. Elle m'écoute et me comprend.
-Si tu aurais voulu, j'aurai pu faire ça aussi mais tu ne voulais pas de petite amie, tu te rappelles? Tu voulais juste du sexe.
-Je sais mais c'est plus ce que je veux.

C'est vrai que j'avais changé. En fait, peut-être pas vraiment, j'avais juste trouvé la bonne personne. Avalanna avait juste fait ressortir mon bon côté, j'avais toujours mon caractère, j'étais pas toujours gentil avec elle mais j'étais honnête. Jamais j'aurai pu lui faire ça.

-Bien, murmura-t-elle.

Elle se leva et me jeta un regard triste.

-Elle a beaucoup de chance, j'espère qu'elle le sait.

Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne voyais pas en quoi elle avait de la chance.

-Mais si tu as envie qu'on se revoit, je serai toujours disponible pour toi. Ce que je t'ai dis c'est vrai, tu me manques Justin.
-Toi aussi mais en tant qu'amie, c'est tout.

Elle hocha la tête. J'eus de la peine pour elle. Elle avait beaucoup compté pour moi et la voir aussi mal par ma faute, était quelque chose je ne supportais pas.

-Tu as toujours mon numéro, dit-elle.
-Ouais. Je t'appellerai.

Elle ressortit par la fenêtre. Quant à moi, je soupirai de soulagement. Je repensais à Ava et notre conversation dans ma chambre, puis à l'arme qui était cachée dans le fond de mon sac. Elle me rappelait pourquoi j'étais là. Je pris mon téléphone et appelais Ava.

-Est-ce que ton père est là?
-Attends, je vais le chercher.

J'attendis quelques secondes puis je l'entendis.

-Je voulais savoir si vous avez mis mon père sous surveillance.
-Oui.

Son ton était un peu cassant.

-Quoi?
-J'ai demandé à être informé en tant réel puisque tu es le petit ami de ma fille.

Je sentais un énorme sous-entendu. Je fermais les yeux et jurais intérieurement.

-Figure-toi qu'ils ont vu une jolie fille sortir de ta chambre.
-Ava est à côté de vous ?

Mon cœur battait à tout rompre. J'avais peur.

-Non, contrairement à toi, je veux pas la faire souffrir.
-Il ne s'est rien passé, c'est juste une amie.
-Habillée très court, d'après ce qu'on m'a dit.
-Elle est restée cinq minutes, vous voulez qu'on fasse quoi en si peu de temps Dean?

Il ne su pas quoi me répondre.

-Et au lieu de vous occupez de ma vie, surveillez celle de mon père.

Je raccrochais. Mes mains tremblaient, il allait tout lui dire. Je le savais. Je jetais un regard dans la pièce et vis mon sac sur le sol. Instinctivement, je me dirigeais vers lui, le pris et commençais à ranger mes affaires. Il fallait que je lui dise avant qu'il ne le fasse. Elle aura ma version des faits et elle saura que je l'ai repoussé et que je n'ai jamais voulu la tromper. Si c'était son père qui s'en occupait, il lui dirait des mensonges. Il m'avait toujours détesté et je pouvais partir tranquille sans à me soucier pour mon père. La police était apparemment devant la maison. En une vingtaine de minutes, j'étais prêt à partir. Je sortis de ma chambre, mon père me regarda stupéfait.

-Qu'est-ce que tu fais?
-J'ai un soucis à régler le plus vite possible.
-Mais, Justin ...
-Je sais, et peut-être que tu as raison, peut-être qu'il faudrait que je te laisse une autre chance mais là je peux pas en parler. Appelle-moi ce soir, d'accord?

Il hocha la tête et lorsque je passais devant lui, il m'attrapa par le bras et m'attira à lui. Mes bras passèrent doucement autour de lui, puis je le relâchais très vite.

-Il faut que j'y aille.

Je quittais la maison et balançais mon sac sur le siège passager. J'espérais juste que Dean n'allait pas s'en mêler, je voulais pas la perdre et je la connaissais suffisamment pour savoir qu'elle ne me le pardonnerait pas.C'est ce à quoi je pensais pendant tout le trajet, juste elle. Et nous. Étrangement, je fis la route beaucoup plus rapidement.
Carol arriva en même temps que moi devant la maison.

-Qu'est-ce que tu fais déjà là?
-Avalanna est chez elle?
-Je suppose.

Sans plus attendre, je me dirigeais vers sa maison et sonnais. C'est elle qui m'ouvrit la porte. Elle avait les yeux rougis et je compris.

-Ava.
-Qu'est-ce que tu veux?
-Il te l'a dit, n'est-ce pas?
-Qu'une pétasse était dans ta chambre alors que moi j'étais ici à m'inquiéter, oui.
-Sors, s'il te plaît, qu'on en parle calmement.

Je le savais, j'en étais sûr. Ce connard ne me supportait vraiment pas. Ava sortit mais resta silencieuse.

-C'est pas ce que tu crois. Manon est juste une amie, ok? Il ne s'est rien passé.
-Rien du tout?

Elle semblait partagée entre la colère et le doute.

-Elle m'a embrassé mais ...

Ses yeux s'inondèrent de larmes. Je m'en voulais énormément de lui faire ça mais je pouvais pas lii mentir, elle méritait de savoir la vérité.
Elle allait rentrer dans la maison mais je lui attrapais la main.

-Avalanna, je l'ai repoussé. Je te le jure.
-J'aurai jamais cru que tu me ferais ça. Pas toi.

Elle essuya du dos de sa main des larmes sur sa joue alors je la lâchais. Elle ne me croyait pas. Sans se retourner vers moi, elle rentra chez elle en claquant la porte et je restais là, les bras ballants, ne sachant quoi faire. Je me sentais comme vide.
Je finis par faire demi-tour, pris mon sac dans la voiture et rentrais chez les Carlington. Je devais m'occuper avant que je devienne fou. Je décidais d'aller dans la chambre de Cihan pour aller sur son ordinateur, je n'en n'avais pas. Je n'étais pas très informatique mais il fallait que ça m'absorbe un temps.

-Justin.
-Dans la chambre de Cihan, hurlai-je pour que Carol m'entende.

Elle pénétra dans la pièce et me regarda.

-Tu préfères que je parte?
-Non, tu peux prendre son ordinateur dans ta chambre, du moment que tu le remettes après.
-C'est bon, t'en fais pas. Tu voulais me voir?

Je faisais de mon mieux pour rester calme, pour ne pas m'énerver. J'en pouvais plus de ces journées interminables qui me pourrissaient la vie.

-Je sais que c'est mal mais j'ai vu ta dispute avec Avalanna. Ça va?
-Oh, ça. Je sais pas. Elle est en colère contre moi, comme d'habitude, j'ai tout gâché.
-Je suis sûr que ça va s'arranger.

J'en étais pas certain, moi.

-Bon, je te laisse. Si tu as besoin, je suis là.

Elle se retourna, prête à quitter la chambre lorsqu'elle m'appela.

-Ce que tu m'as dis il y a deux jours, le «maman» m'a beaucoup touché venant de ta part.

Je lui fis un simple sourire en guise de réponse et elle quitta pour de bon la pièce. Je me retournais vers l'ordinateur et l'allumais. Je flânais dessus un moment. Puis, je me levais. Dans un geste brusque, je fis tomber ce qu'il y avait sur la table. Je me penchais pour ramasser et me rendis compte qu'il y avait un téléphone portable sous le bureau, qui était sûrement tombé il y a très longtemps vu la poussière qu'il y avait dessus. Je fouillais dans sa chambre à la recherche de son chargeur et finis par le trouver. J'attendis un long moment avant qu'il ne se rallume et heureusement pour moi, il n'avait pas mis de mot de passe. Mes doigts se contractèrent sur le téléphone lorsque je vis que le fond d'écran était aussi Ava et lui. A croire qu'il était vraiment amoureux d'elle. Je fouillais dans ses messages et lu la dernière conversation qu'il avait eu. A ma grande surprise, elle était avec Elyas.

«Je sais ce que tu as fais avec Avalanna. Je te jure que si je te vois, je te tues. Je te ferai souffrir comme jamais tu n'as souffert. Crois-moi sur parole.»

Cihan lui avait répondu.

«Elle nous aime tous les deux, arrête de te voiler la face. C'est à elle de choisir et tes menaces, ne serviront à rien.»
«Alors, on doit en discuter tous les deux. Qu'elle arrête de jouer avec nous.»

Je regardais la réponse de Cihan et craignais le pire.

«D'accord.»

Cette conversation datait d'il y a un an et j'étais certain qu'elle avait eu lieu le soir de sa disparition. Je sortis mon téléphone de ma poche et essayais d'appeler Ava mais elle ne répondit pas, alors je lui laissais un message, lui disant de me rappeler. Je quittais la chambre de Cihan et allais dans la mienne pour regarder par la fenêtre. La voiture de son père n'était pas là, le soir commençait à tomber et aucune des lumières n'étaient allumées. Je composais son numéro une seconde fois, mais elle ne répondit pas. Je descendis les escaliers.

-Carol, je sors.

Je pris la voiture et partis en direction du commissariat. Il fallait que je parle à Dean, si Elyas était au courant pour Cihan et Ava, cela lui donnait un très bon motif pour le tuer et s'en prendre à elle. Lorsque j'arrivais, je vis le père de Heather.

-Shérif Haken, Dean est là?
-Non, il est partit avec sa fille.
-Où? C'est vraiment important.
-Il voulait faire une petite reconstitution juste avec sa fille.
-Dans la maison hantée ?
-Oui, pourquoi il y a un problème?
-Non, aucun.

En réalité, je ne savais pas. Apparemment, le clown avait décidé de prendre logis là-bas. Cela semblait assez logique quand on y pense, c'était un endroit terrifiant et il s'amusait à faire peur à tout le monde. Daisy n'avait pas parlé d'un clown, parce que c'était la peur d'Ava et pas la sienne.

-Merci, dis-je.

Je sortis du commissariat et rappelais Avalanna, cette fois-ci, je lui laissais un message.

-Je sais que tu veux pas me parler mais j'ai découvert que Elyas était au courant que tu avais couché avec Cihan et je pense qu'il a voulu se venger. Il y a carrément envoyé des menaces de mort. Je te rejoins à la maison hantée, s'il te plaît fais attention à toi.

Je raccrochais et je sentis la peur me gagner. Le clown avait sûrement prévu quelque chose et c'est pour ça qu'il avait tenu à m'éloigner. Il a dit qu'il allait me faire souffrir, et il avait compris que s'il me la prenait, il réussirait. Je m'arrêtais devant chez moi, montais dans ma chambre et par précaution, je pris l'arme que Ava m'avait donné, j'espérais ne pas l'utiliser mais si sa vie était en danger, je sais que je l'utiliserai sans hésitation. Je ressortis aussi rapidement que j'étais arrivé, et conduis jusque la maison hantée. Arrivé devant, je pris l'arme que j'avais posé sur le siège passager et le mis sous mon t-shirt et montais le chemin. Il faisait presque noir maintenant, alors je devais plisser les yeux pour voir autour de moi. Dans le champs, je vis une forme bouger au loin. Elle était assez grande pour ressembler à celle de Dean. Je m'approchais doucement.

-Dean? C'est Justin. Je cherche Avalanna.

J'étais plus qu'à quelques mètres, je fis encore quelques pas et la forme se retourna.

-Justin.
-Elyas.

Je le regardais, il semblait relativement détendu. Lorsque je vis la pelle au bout de son bras, je sentis mon cœur s'accélérer. Je ne savais pas ce qu'il avait fait mais je craignais le pire.

-Où est Avalanna ? vociférai-je en panique.
-Eh bien, c'est une bonne question, dit-il avec un demi sourire.

Je n'avais qu'une envie lui faire du mal, la terre semblait avoir été retourné. Je sentis des larmes me montaient aux yeux. Qu'est-ce qu'il lui avait fait?!

-Justin, je crois que tu as avancé mes projets.

Il leva la pelle beaucoup plus rapidement que je ne sortis l'arme de sous mon t-shirt et il m'asséna un coup violent sur le visage. Je m'effondrais sur le sol, complètement assommé. Mon souffle avait été coupé par le choc. Je voulus porter la main à mon visage mais j'y arrivais même pas. Il m'attrapa le bras et me tira à lui.

-Bon, c'est pas grave, tu as juste avancé ce que j'avais prévu pour toi.

Sa voix était lointaine, il me lâcha alors je voulus en profiter pour me redresser mais il me donna un autre coup dans le dos. La douleur fut tellement forte que je crois que je me mis à crier, je n'étais vraiment pas sûr. Il me retourna sur le ventre, ma tête tournait comme jamais elle ne l'avait fait auparavant. Je sentis ses bras passaient sous chacune de mes aisselles et me tiraient. Je ne sentais presque pas la douleur des cailloux qui martelaient le bas de mon dos.

-On va s'amuser tu verras.

Mes yeux avaient du mal à rester ouvert, un liquide chaud coulait le long de ma joue, je supposais que c'était du sang. Le coup dans le dos me donnait l'impression que mes poumons avaient explosés et j'avais de plus en plus de mal à respirer et oui, je sentais que j'étais entrain de sombrer.

The Pact.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant