Chapitre 46

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Soen était bien content d'être rentré en France. Il avait passé une excellente semaine au Tchad, il avait beaucoup appris, mais son chez-lui lui avait manqué. C'était dans ce genre de moments qu'il se rendait compte d'à quel point il était chanceux. Même si ces notions étaient subjectives, Soen savait qu'il n'était ni le plus heureux des hommes, ni le plus malheureux. Il avait son passé, comme chacun. C'était tout.

Soen était dans la rue en compagnie de Neven et de Maëva. Leur voyage humanitaire en Afrique avait pris fin il y a une semaine maintenant. Faël avait profité des quelques jours de répit accordés par Parker pour partir en vacances avec sa famille – il pourrait offrir le cadeau pour les dix-huit ans de sa sœur. Quant à Alanis, il passait du temps avec sa copine. Maëva avait donc proposé à Soen et Neven de sortir, ce qu'ils avaient accepté.


- Regarde ce matériel à dessin, dit Maëva.


Soen porta son attention sur la vitrine du magasin indiquée par Maëva. C'était une boutique entièrement destinée au dessin, la passion de Neven. Il lui avait avoué qu'il n'avait plus le moindre temps pour s'y consacrer. Il avait dû abandonner ses études à cause du prix. Ses parents ne pouvaient débourser une telle somme. Soen savait que son boulot d'assistant aidait ses parents à arrondir leurs fins de mois.


- J'aurais aimé en avoir une comme cela un jour... souffla Neven, le regard triste. Je n'ai jamais utilisé de tablette graphique.

- Excuse-moi... grimaça Maëva.


Comme Faël et Alanis, elle avait tendance à oublier que la famille de Neven était loin d'être riche. Soen n'avait encore jamais rencontré ses parents et n'était jamais allé chez lui. Il n'était pas vraiment curieux. Si Neven ne l'avait pas invité, c'était parce qu'il y avait une raison.


- Je peux te l'offrir si tu veux, proposa Maëva.

- Non, merci, déclina poliment Neven en souriant légèrement.


Pourtant, cela se voyait sur son visage qu'il mourrait d'envie de l'avoir. Maëva n'insista pas plus et ils continuèrent de se balader. Soudain, trois filles – qui devaient avoir l'âge d'Ethan, environ quinze ans – vinrent les accoster en souriant grandement. En les voyant, Soen serra les poings.


- Soen ! Quel hasard de te revoir de nouveau !


Des stalkers.


- Maëva, tu es tellement plus belle en vrai ! complimenta l'une d'elle.


A peine eût-elle fini sa phrase qu'elle attrapa les cheveux de Maëva pour les toucher. La bassiste émit un mouvement de recul, ce qui lui permit de se défaire de l'emprise de l'adolescente qui grimaça.


- Nous pouvons faire des photos avec vous ? renchérit une autre.


Sans attendre de réponse, elle brandit son téléphone. Elle se positionna à côté de Soen et prit un selfie. Une autre fille du trio filmait toute la scène. Elles prirent des photos de leurs idoles sous tous les angles.


- Hé toi, l'assistant, prends mon portable.


Neven jeta un regard à Maëva, puis à Soen. Il s'exécuta à contrecœur.

Cette mascarade dura de longues minutes. Sentant que la colère montait petit à petit en lui, Soen décida de rentrer avec ses deux amis. Malheureusement, les trois stalkers ne semblaient pas décidés à les laisser. Celle qui filmait n'avait pas arrêté.


- Maëva ! Tu peux me faire un câlin s'il te plaît !


Mal à l'aise, la bassiste lui en accorda un. Elle se voyait mal refuser, elle qui était si attentionnée et adorable envers les fans. Cependant, quand l'autre fille se tourna vers Soen, il se mit à trembler. Trembler de colère. L'une d'elle bouscula Neven afin de s'approcher du chanteur, ce qui attisa un peu plus sa rage. Pour ne rien laisser paraître, il se remit à marcher pour ne pas être étreint. Maëva et Neven le suivirent, tout comme les stalkers.

Soen était contrarié. Il ne voulait pas qu'elles voient là où il vivait avec sa mère et son frère, sauf qu'il ne voulait également pas rester avec elles. Cependant, il ne voyait pas comment leur dire de partir et ils étaient déjà arrivés chez lui.


- Bon et bien... commença Maëva.

- Nous sommes déjà venues ici, la coupa l'une des adolescentes, et nous ne comprenons pas pourquoi tu vis dans un tel endroit alors que tu es riche...


Sa bouche se tordit vers le bas. Maëva reprit un peu plus fermement :


- Nous allons vous laisser, dit-elle.

- Déjà ! souffla un des stalkers. Vous n'êtes pas gentils... Parce que vous êtes mondialement connus, vous n'avez pas de temps à nous accorder ! Vous n'avez pas besoin de nous prendre de haut !


Elle termina sa phrase et se jeta sur Soen pour l'étreindre. Le garçon se tendit immédiatement. Son souffle se coupa. Un mélange de rage, de peur et de tristesse se mit à bouillonner dans ses veines. Il avait l'impression de ne plus être maître de son corps. Ce sentiment d'impuissance s'empara de lui comme les griffes d'un corbeau enserrant une proie.

Soen ne sut pas combien de temps dura cette étreinte. Néanmoins, quand l'air gagna de nouveau ses poumons, il se rendit compte qu'il était devant la porte de son appartement. Maëva avait disparu, mais Soen n'en tint pas compte. Neven était toujours là, à côté de lui. Il plongea sa tête dans ses mains et éclata en sanglots. Tous ses souvenirs remontaient en masse et lui donnaient mal au cœur. Il sentait même le goût de la bile remonter le long de sa gorge. Avait-il déjà pleuré devant Neven ? Il ne savait plus, n'en n'était plus sûr. Soen était tout simplement perdu.


- Viens... souffla Neven.


Il ne toucha pas Soen. Il se contenta d'ouvrir la porte de l'appartement et de l'inviter à entrer. Soen sécha toutes ses larmes et le suivit.


***


- Maman, nous allons déménager. Je ne te laisse plus le choix.




« Je suis fatigué. » - Soen

Je suis [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant