Je suis [BxB]

Chapitre 15

Le jet privé se posa aux alentours de seize heures trente, à l'aéroport de Nantes. Comme promis, Parker leur laissa quartier libre. Il leur donna simplement l'adresse de l'hôtel où ils séjourneraient avant de partir. Soen décida de s'y rendre directement. Il n'avait pas envie de visiter cette ville. Il préférait se terrer dans sa chambre d'hôtel jusqu'au lendemain.

Capuche sur la tête et lunettes de soleil sur le nez, The Devil's Tears grimpa dans le premier bus qui arrivait. Par chance, Neven - qui les accompagnait chargé de tous les sacs - semblait bien connaître Nantes. La raison était simple : il y avait vécu quelques années auparavant.

Faël, Alanis et Maëva descendirent plusieurs arrêts avant Soen et Neven qui prirent la direction de l'hôtel sans un mot. Soen voyait bien les nombreux regards en coin que lui jetait son assistant. Néanmoins, il ne fit aucune remarque. Après tout, il s'en fichait pas mal.

Quand ils arrivèrent à la réception, Soen se débarrassa de tous les artifices qui l'encombraient, tout en regardant Neven donner le nom de la réservation à la secrétaire. Il récupéra difficilement les clefs, gênés par les sacs, puis lui et Soen se rendirent dans l'ascenseur. Un silence pesant régnait à l'intérieur.

Leur étage était le dernier de l'hôtel. Il y avait six chambres. Soen récupéra son sac avant de prendre la suite la plus éloignée de l'ascenseur et des escaliers. Il se déshabilla, ne gardant que son sous-vêtement sur lui. Soen était prêt à s'endormir, bercé par ce calme qui l'enveloppait, quand quelqu'un toqua soudainement à sa porte. Il grogna et ne bougea pas. S'il faisait le mort, peut-être que la personne partirait et le laisserait tranquille.

Cependant, cela ne marcha pas puisque les coups se firent plus insistants.

Soen se leva en soufflant. Il se précipita vers la porte à grandes enjambées, avant de l'ouvrir avec brutalité, faisant sursauter la personne derrière. Soen fronça les sourcils en voyant Neven se tenir devant lui. Il gigotait sur place, semblant mal à l'aise. Il tenait une housse rectangulaire assez grande dans ses bras. Soen affichait toujours cet air impassible, alors que Neven relevait la tête vers lui.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda Soen sur un ton assez sec et bas.

- On m'a dit que ceci t'appartenait, répondit Neven en lui tendant la housse.

Soen la récupéra en haussant les sourcils. Il vérifia l'intérieur et constata qu'il s'agissait de son clavier électrique.

- Merci.

Soen tourna les talons pour aller poser son instrument sur le bureau qui se trouvait à droite, dans la chambre. En entendant la porte se refermer, Soen s'apprêtait à retourner sur son lit, mais il constata que Neven était toujours là. Soen marqua un temps d'arrêt.

- Tu fais quoi ? interrogea-t-il.

- Je... reste avec toi ?

Soen croisa ses bras sur son torse nu, surpris par l'audace du garçon en face de lui.

- Pourquoi ?

Neven afficha une petite moue boudeuse. Il passa une main dans sa nuque, tout en baladant son regard un peu partout dans la pièce.

- Tout le monde et sorti et... je ne veux pas être seul. S'il te plaît, je serais silencieux !

- A quoi ça sert que tu restes là si tu fais comme si tu n'étais pas là ? fit remarquer Soen.

Neven grimaça. Il tenta un petit rire.

- Je peux te parler si tu préfères ? proposa-t-il.

- Encore moins.

Soen s'assit au bureau afin de sortir son clavier de sa housse. Il le brancha, puis se tourna vers Neven.

- Tu n'as qu'à t'asseoir sur mon lit et faire ce que tu veux, mais pas de bruit, marmonna Soen.

Il se concentra ensuite sur son clavier. Il joua une première musique dans un silence religieux de la part de Neven. Cependant, à peine eut-il appuyé sur la dernière touche que l'assistant du groupe bondit sur ses pieds en criant :

- Je reviens !

Et il sortit de la chambre en courant. Soen serra les dents, mais ne fit aucun commentaire. Neven ne tarda pas à revenir, un carnet à dessin sous le bras, ainsi qu'un crayon de bois et une gomme dans les mains. Soen haussa un sourcil, avant de secouer la tête et de se reconcentrer sur son clavier.

Bizarrement, même s'il n'était pas seul, Soen se sentait calme. Il avait toujours sa mauvaise humeur habituelle et sa froideur, pourtant il allait bien. C'était le mot. Les seules fois où il s'était senti ainsi, c'était en présence d'Ethan.

Soen jeta un coup d'œil en direction de Neven qui était penché sur son travail. Les battements de son cœur s'accélérèrent légèrement. Cela le fit secouer la tête. Il reposa les yeux sur son clavier pour continuer à jouer. Tout était calme.

« Je suis bien. » - Soen