Chapitre 33

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Une semaine était passée depuis la dernière apparition publique de Soen et Ethel. Le garçon n'était plus sorti de chez lui après cela. Dans trois jours, leurs vacances seraient terminées et ils recommenceraient le rythme incessant des interviews, des shootings photos et, prochainement, ils partiraient pour une nouvelle tournée mondiale. C'était leur deuxième en plus de trois ans, ce qui était assez incroyable. Soen n'aurait jamais cru que leur carrière décollerait aussi rapidement. C'était stupéfiant tout ce qu'ils avaient accomplit jusque-là.

Soen était chez lui, dans le salon, avec Faël, Alanis et Maëva. Il n'avait pas vu ces deux derniers depuis un moment. Depuis le début des vacances, plus précisément. Soen en avait surtout profité pour se reposer. Les concerts étaient épuisants, même les plus petits.

Soen remonta ses jambes contre son torse et posa ses pieds sur le rebord du canapé.


- J'ai hâte de repartir, dit Maëva, les yeux brillants. Je veux absolument retourner en Italie !

- Etonnant, pouffa Alanis.


Soen les écouta d'une oreille distraite. Comme toujours, il ne participait pas à la conversation. Il savait qu'il devait faire des efforts, mais il n'y arrivait pas. C'était au-dessus de ses forces.

Alors que la discussion entre Faël, Alanis et Maëva s'était tue, des bruits étouffés se firent entendre, tout comme des éclats de voix. Soen haussa les sourcils et se leva du canapé. Il s'approcha de l'unique fenêtre donnant sur la rue et ce qu'il vit le plongea dans une colère noire. Son sang ne fit qu'un tour. Sans prévenir personne, il sortit en trombe de l'appartement pour descendre dans la rue.

Soen dévala les escaliers de l'immeuble à toute vitesse et ouvrit la porte avec brutalité. Derrière lui, Faël, Alanis et Maëva le suivent sans comprendre ce qu'il se passait. Une fois dehors, Soen s'approcha d'un type qu'il poussa par les épaules. La puissance du coup le projeta au sol.


- Soen...

- Le prochain qui ose encore poser un doigt sur mon frère, je lui fais manger le bitume et ses dents avec. Est-ce que c'est bien compris ? gronda le chanteur.


Faël s'approcha prudemment de lui pour poser une main sur son épaule. Cependant, il se dégagea vivement. Ethan, quant à lui, se remit debout et fonça droit sur Soen. Il enfonça sa tête dans son torse, tandis que ses bras s'enroulaient autour de sa taille. Il tremblait comme une feuille.


- Soen... gémit-il.


Les trois assaillants n'attendirent pas plus longtemps et déguerpirent. Ethan éclata alors en sanglots. Ils remontèrent tous les cinq dans l'appartement.

Une fois de retour dans le salon, Soen tenta de regarder le visage d'Ethan, mais celui-ci le gardait obstinément enfoncé dans le sweat-shirt de son frère. Ses mains étaient désespérément accrochées au tissu.


- Calme-toi... chuchota Soen.


Derrière Ethan, Maëva lui frottait doucement le dos pour l'aider à atténuer ses pleurs. Elle, comme Faël et Alanis, connaissait depuis longtemps le garçon. Ils avaient vu grandir Ethan presque comme Soen ! Le voir aussi triste leur faisait mal au cœur.


- Qu'est-ce qui s'est passé ? intervint Alanis. Tu les connaissais ?


Après s'être calmé au bout d'encore de longues minutes, Ethan se recula un peu. Il hocha tristement la tête. Ses yeux étaient injectés de sang.


- Ce sont des garçons de ma classe... avoua-t-il. Cet après-midi, en cours, notre professeur principal a voulu savoir si nous avions déjà une ou plusieurs idées concernant notre futur métier. Quand il m'a interrogé, j'ai répondu mes trois souhaits : acteur, mannequin ou astronaute. Les autres se sont moqués de moi... Ces trois-là ont dû me suivre jusqu'ici et ils m'ont tabassé. Ils m'ont dit...


Ethan étouffa un nouveau sanglot derrière sa main.


- Ils m'ont dit : « si on te frappe tu deviendras tellement moche, que plus tard personne ne voudra t'embaucher ! Déjà que tu n'es pas beau ! ». Ils ont raison...je suis moche ! Je vais devenir astronaute, comme ça quand je serai en orbite personne ne pourra venir me frapper ! Tout le monde me hait !


Il ne parlait plus, il criait. Ethan s'était remis à pleurer, mais plus de tristesse cette fois-ci. Uniquement de colère. Il était en colère d'être si malheureux depuis son enfance. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi les autres ne le laissaient pas tranquille. Il craquait, il était à bout.


- J'en ai marre ! Je veux juste mourir pour ne plus avoir à supporter tout ça !


Ethan repoussa Soen pour partir en courant. Le bruit d'une porte se claquant résonna dans l'appartement devenu silencieux, signe qu'Ethan s'était enfermé dans sa chambre. Quelques minutes passèrent, jusqu'à ce qu'Alanis prenne la parole :


- Je crois qu'on va vous laisser tranquille, murmura-t-il.


Faël et Maëva acquiescèrent. Ils partirent peu après.

Soen, qui était resté debout dans le salon, se massa les tempes, les paupières fermées. Il poussa un long soupir. Sachant qu'il ne pourrait pas résoudre cette situation tout seul, il décida d'appeler quelqu'un qui saurait gérer cela. Sa mère était encore au travail et Soen se demandait s'il aurait l'occasion de la revoir avant de repartir en tournée.


- Allô ?

- Viens chez-moi maintenant, s'il te plaît.


Et Soen raccrocha.




« Je suis triste. » - Soen

Je suis [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant