Je suis [BxB]

Chapitre 47

Soen, les manches de sa chemise remontées sur ses biceps, attrapa un carton dans le camion de déménagement. Faël y était assis sur le rebord, la tête baissée vers son téléphone. Il mâchait vulgairement un chewing-gum ce qui contrastait totalement avec la tenue classe qu'il portait – un costume. Ils avaient eu une importante interview le matin-même. Il était présentement quinze heures.

- Fa, puisque tu ne me sers à rien ici, débuta Soen.

D'une main il maintint le carton contre lui, tandis que de l'autre il récupéra ses clefs dans sa poche. Il les lança à Faël qui les rattrapa au vol, les sourcils haussés.

- Va me chercher ma voiture. Elle est garée dans le parking de mon ancien immeuble, lui indiqua Soen. Vas-y en bus pour éviter qu'on raye ton Audi. Je te fais confiance pour ne pas l'abîmer.

Les yeux de Faël se mirent à pétiller. Il se releva d'un bond et rangea son portable dans la veste de son costume.

- Merci, mec ! s'exclama-t-il joyeusement.

Il n'attendit pas plus longtemps pour s'en aller.

Soen remonta l'allée qui menait à l'entrée de la villa.

Le chanteur s'était fait plaisir. Après l'incident avec les stalkers remontant à deux semaines, Soen s'était empressé de chercher un nouvel endroit où vivre avec Elea et Ethan. Ils n'avaient pas tardé à trouver. Il s'agissait d'une villa excentrée dans un quartier tranquille. Pour pénétrer le terrain de n'importe quelle propriété, il fallait posséder un code d'accès. Sinon, les grilles du portail restaient fermées et des petits murs en pierre faisaient le tour du terrain pour le protéger.

Leur nouvelle maison était immense. En partant du portail, une grande allée bitumée permettait de se rendre au garage située sur la gauche, ainsi qu'à l'entrée de la villa. De l'herbe en faisait le tour ; un grand jardin se trouvait derrière également. La villa s'étalait sur deux étages. Au rez-de-chaussée se trouvait une grande entrée qui donnait directement sur le salon à gauche, ainsi que sur la cuisine américaine. Soen avait craqué pour les immenses fenêtres qui permettaient de baigner la pièce des rayons du soleil. Ayant grandit dans le noir, il ne pouvait que vouloir passer le reste de son temps dans la lumière.

A droite de l'entrée se trouvait un bureau et une pièce entièrement dédiée aux livres. Des bibliothèques prenaient tous les pans de murs. Des sièges étaient façonnés dedans ce qui créait un petit cocon parfaitement relaxant. Face à l'entrée se trouvait des baies vitrées qui donnait un accès à l'extérieur. La villa était en forme de « U » partant vers l'arrière. Entre les deux côtés latéraux se trouvait une terrasse en bois et légèrement en contrebas, une grande piscine à débordement ainsi qu'un jacuzzi accolé. La terrasse s'étendait au-delà de la piscine afin d'y établir un salon de jardin. Les maisons étant sur une petite colline permettait d'offrir une vue magnifique sur la ville. Cela valait clairement le coup de quitter le centre de Paris pour une zone plus rurale.

L'étage de la villa comportait un petit salon ouvert sur celui du bas, cinq chambres et cinq salles de bain – une par chambre. Soen avait été le premier à choisir la sienne. Il avait pris la plus grande et également celle qui donnait vue sur l'arrière de la maison. Elle avait de grandes fenêtres – dont au plafond, ce qui lui permettrait d'admirer le ciel la nuit lors de ses insomnies. Soen n'avait pas décoré la pièce, à l'inverse d'Ethan qui avait déjà commencé à tapisser tous les murs de la sienne. Dans sa chambre, tout était neutre. Le sol était en béton ciré noir et les murs blancs. Son lit rond était face aux fenêtres et un bureau de couleur clair ainsi qu'une commode se trouvaient dans un coin. C'était tout, mais Soen s'y sentait bien. Il ne restait plus qu'à ranger leurs affaires. Elea avait revendu leurs vieux meubles après s'être laissée convaincre par son fils qu'ils rachèteraient tout – ce qui était déjà fait puisqu'ils avaient été livrés le matin-même à leur nouveau domicile. Changer de maison leur permettait de tourner la page. C'était une nouvelle vie qui commençait.

Soen déposa le carton par terre. Ils n'avaient pas grand-chose. Toutes leurs affaires personnelles – vêtements, photos, bibelots et autres – tenaient largement dans un camion de déménagement. Ils en avaient loué un uniquement parce que tous les cartons ne rentraient pas dans la voiture de Soen.

- C'est vraiment splendide.

Soen releva la tête et vit Neven tourner sur lui-même pour regarder et mémoriser chaque parties de la villa. Il le trouvait attendrissant.

- Je sais, j'ai du goût. Tu pourras venir frapper à la porte quand tu voudras, lui dit-il.

Neven lui sourit avec reconnaissance.

Soen fit encore trois allers-retours, ce qui lui prit une bonne dizaine de minutes. Une fois fait, il passa son avant-bras sur son front pour retirer toute la sueur qui s'était accumulée. Même ses cheveux étaient légèrement humides. Il rejoignit Neven qui s'était assis sur le canapé en l'attendant. Soen souffla longuement de fatigue ; il était épuisé.

Le garçon tourna la tête vers Neven qui l'observait déjà. Soen sourit légèrement. Il le trouvait beau.

- Tu veux aller dans ma chambre ? proposa-t-il.

Neven acquiesça, puis ils se levèrent.

« Je suis détendu. » - Soen