Chapitre 8

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Je fonce dans la chambre de Ben et le secoue sans ménagement.

Moi : Lève-toi ! T’as quelque chose à me dire !

Je vais tambouriner à la porte des autres.

Moi : Debout ! Vous avez des choses à m’expliquer ! Et maintenant, alors grouillez-vous !

Je redescend et met le clip en pause au début. Je les vois descendre un par un, pas réveillés et pas plus inquiets que ça.

Moi : C’est quoi ça ?

Je repasse le clip et vois les mecs ouvrir des yeux ronds. Fab ouvre la bouche pour parler mais Ben est plus rapide.

Ben : Merde…
Moi : Quoi ? Merde ? C’est tout ce que tu trouves à dire ? Vas-y, j’attends, explique-toi !!
Fab : On comptait t’en parler…
Moi : Putain mais c’est pas vrai ! Vous êtes des cons. Tous autant que vous êtes ! ça fait trois mois que vous me mentez et là j’apprends tout grâce à un putain de clip !
Flo : Emily, calme-toi…
Moi : Tais-toi Flo ! Monsieur-je-travaille-dans-un-bar-avec-mon-frère ! Et Nico qui me dit bah moi je suis comptable. Je vous déteste ! Tous. Salut, les stars, laissez-moi tranquille, je ne veux plus vous voir !
Fab : Emily, laisse-nous parler.
Moi : Allez—vous faire foutre !

Je le regarde méchamment. Il n’insiste pas. J’attrape mon sac, sors de la maison et rentre chez moi.

Moi : Mamie, on y va ?
Mamie : Oui, allons-y.

Je prends les clés de la voiture, attrape le sac de ma grand-mère et on prend la route vers la maison de retraite. Il y a beaucoup de papiers à remplir sur place mais je fais tout ça avec un plaisir assez pervers en sachant qu’en rentrant les quatre cons vont venir me voir. Je les hais, à cause d’eux, j’ai juste envie de pleurer, ils m’ont menti ! J’aide ma grand-mère à ranger ses affaires avant de partir.

Moi : Tu es bien installée mamie ?
Mamie : Oui ne t’inquiète pas.
Moi : Je repasse te voir demain. Repose-toi surtout. Je t’aime.

Je l’embrasse et part. Arrivée à la maison aucun signe des garçons, c’est déjà ça ! Je vais dans ma chambre pour regarder par la fenêtre : ils sont tous dans la cour de Ben en train de fumer leur clope. Mon téléphone sonne, je ne décroche pas. J’ai plusieurs appels manqués, j’écoute mes messages : enfin une bonne nouvelle ! Après discussion avec le patron de la supérette du coin, je commence demain à temps partiel ! Je m’allonge sur mon lit et m’endors.

* Point de vue de Ben *

Elle me déteste…

Flo : Je t’avais dit de lui dire.
Moi : Je sais, n’en rajoute pas s’il te plaît !
Fab : Elle te pardonnera.
Moi : A vous oui, pas à moi…
Nico : Elle t’aime, alors oui, elle te pardonnera.
Moi : Je suis pas convaincu.

Mes potes repartent, me voilà seul dans la cour. Je décide d’aller chez elle pour lui glisser la maquette de « Pardonné ». Je rentre chez moi et me pose devant la télé.

* Point de vue d’Emily *

Les journées passent et se ressemblent. Mon nouveau boulot m’oblige à me lever tôt, ça m’évite de croiser Ben. J’ai trouvé la maquette qu’il m’a laissé. Je l’écoute en boucles, mais ça ne suffit pas pour que j’aille lui courir dans les bras !
Mon portable se met à vibrer. Ça attendra que je rentre chez moi. Je ne décroche pas au boulot. Quand je sors, je regarde mon historique : deux appels de Flo et Fab et un appel de la maison de retraite. J’ai un mauvais pressentiment. Je rappelle.

Moi : Allô ? Bonjour, je suis Emily.

Moi : Oui c’est bien moi.

Moi : Transférée à l’hôpital ? Elle va s’en tirer ?

Moi : J’arrive tout de suite.

Je raccroche et appelle aussitôt ma mère. Je suis en larmes.

Moi : Maman ?

Moi : Non ça ne va pas. Il faut que vous veniez. Mamie va mal. Elle s’affaiblit vite et ne se nourrit plus.

Moi : D’accord à demain.

Je raccroche et sors de la maison. Quand je monte dans ma voiture, je vois Ben sur son palier. Il me regarde d’un air triste. Je détourne la tête et démarre en trombe. J’arrive à l’hôpital et vois ma grand-mère dans un état pitoyable.

Moi : Salut mamie.
Mamie : Bonjour.

Elle chuchote, comme si elle n’avait plus de force pour parler.

Moi : Tu veux rentrer à la maison ?
Mamie : Oui, s’il te plaît.
Moi : D’accord, je vais parler au médecin.
Mamie : Merci.

Je me dirige vers le bureau du médecin de ma grand-mère.

Moi : Bonjour docteur. Dites-moi votre diagnostic, comment va-t-elle ?
Doc : Elle est très faible. Il ne lui reste plus beaucoup de temps.
Moi : Elle peut rentrer chez elle ?
Doc : Bien sûr. Il faudra juste signer quelques papiers pour la décharge.
Moi : D’accord. Quand peut-elle sortir ?
Doc : Demain serait le mieux.
Moi : Merci docteur. A demain.

Je retourne dans la chambre et explique à ma grand-mère qu’elle rentrera demain et que mes parents arrivent. Je rentrer dormir à la maison, mais je ne ferme pas l’œil de la nuit finalement. Mes parents arrivent très tôt. On va chercher ma grand-mère et on passe le plus de temps possible avec elle une fois revenus à la maison, car on sait qu’elle n’en a plus pour très longtemps. Elle nous dit qu’elle a hâte de retrouver papi. Cette nuit-là, elle nous quitte définitivement. On prépare son enterrement, c’est triste mais au moins, maintenant elle est en paix et avec papi. Mes parents repartent dès le lendemain de l’enterrement.

L'équilibre fragileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant