Chapitre 11 (Léna)

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Ok. C'est parti. Je toque à la porte et passe mon poignet devant le boîtier. La lumière s'allume en vert. La porte s'ouvre ensuite sur une grande salle qui ressemble à un amphithéâtre. Tous les murs sont jaune pâle, sauf celui d'en face sur lequel est peint le drapeau de l'Espagne. Il y a peu d'élèves, une dizaine seulement. Ils sont tous placés au premier rang. Une dame se trouve au milieu de la petite estrade devant. Elle doit atteindre la cinquantaine. Ses cheveux bruns sont tirés dans un chignon strict. Elle porte de petites lunettes grise sur le bout de son nez. Elle est habillée d'un tailleur noir avec des escarpins de la même couleur. Elle se tient droite comme un piquet et semble plutôt sévère. Je sens qu'entre elle et moi ça ne va pas être l'amour fou ! Je ne juge pas au premier regard, non, ce n'est pas mon genre. Mais. . . c'est plutôt un présentiment. Elle se retourne vers moi et me sourit hypocritement. Oh ! C'est réciproque ! Génial ! Je sens qu'on va bien s'amuser pendant ses cours ! Elle doit sûrement penser que je suis un boulet qui ne parle pas un traître mot d'espagnol. Je lui adresse un sourire débile pour l'encourager dans cette voix. Si elle me prend de haut, elle va vite le regretter. Je parle très, très bien espagnol. Le mois dernier, j'ai dû traduire ma rédaction à ma prof. C'était hilarant. À vue d'œil, je suis sûr qu'elle est aussi forte que mon ancienne prof. Elle s'approche de moi et commence à me parler en français.

- Bonjour, tu dois être Léna, la nouvelle.

Non, je suis Jean-Pierre, le chien du voisin ! Et je rêve ou elle vient de me tester ? Franchement, dire la nouvelle en espagnol pour connaître mon niveau, quelle idée !

- Oui, je suis la nouvelle. Et vous vous devez être la professeure d'espagnol ? Je suis ravie de vous rencontrer. J'espère que nous allons bien nous entendre.

Voilà, je vais réinventer la définition de "faux cul". Je lui lance un sourire hypocrite.

- Bien, tu sembles avoir un niveau d'espagnol... acceptable. Va t'asseoir. Il y a une place là-bas.

Acceptable ? Acceptable ? Elle est sérieuse ? Et en plus, la place qu'elle m'a "attribué", est juste devant. Or, j'ai comme principe de ne jamais m'asseoir devant. Acceptable ? Non mais je rêve ! Je me place au dernier rang tout à gauche. Une fois assise, je la défie du regard. Le silence a empli la salle. Je n'observe pas trop les autres. Je remarque seulement que deux filles ont des cheveux de couleurs inhabituelles. Ils continuent de m'observer en silence. J'imagine très bien ce qu'ils se disent. Moi, la nouvelle, la non-native, c'est mon premier cours, mon premier jour, et je manque de respect à leur prof ? Oh, les pauvres ! Ils ne vont pas s'en remettre ! Oui, je pense qu'avec toutes les choses que j'ai vécu ces derniers jours, je suis un peu sous le choc et j'ai tout sauf envie d'être agréable, ou de jouer un rôle. Oh oui, je vais être exécrable, je le sens !

- Euh, Léna ? Je pense qu'il y a assez de place devant pour que tu puisses t'y installer. déclare la prof, avec un air autoritaire.

- Oui.

Je ne bouge pas.

- Que fais-tu ?

- Eh bien, j'attends que vous continuiez votre cours que j'ai malencontreusement interrompu.

- Bien mais, j'aimerais tout d'abord que tu t'avances.

- Non.

- Comment ?

- Non.

- JE TE DEMANDE PARDON ?

Merde ! Elle est sourde !

- J'AI DIS NON !

Oui, quand j'ai dit exécrable, je voulais dire, insolente. Mais, la mort de mon père, ma nouvelle vie. . . C'est beaucoup de chose à accepter d'un coup. Je crois donc que j'ai une bonne excuse. Voyant qu'elle s'apprête à me faire la morale, je me lève et commence à parler en espagnol.

- Voyez-vous, j'ai autre chose à faire que suivre votre cours pour l'instant. J'ai besoin de réfléchir. J'ai besoin de calme. Je vous serais donc reconnaissante si vous me laissiez tranquille au moins pendant ce cours. Ensuite, vous pourrez me chercher des poux !

Le visage de la prof vire au rouge et le regard des élèves présents est rempli d'incompréhension. Il ont vraiment un mauvais niveau.

- Très bien ! Alors pour demain, 7 heures, vous me ferez une dissertation en espagnol de deux pages recto verso où vous pourrez m'expliquez ce qui vous travail tant !

Elle se retourne ensuite vers les autres élèves et reprend son cours. Oh, elle veut jouer à la maligne ? Je me rassois, prends une feuille double et un stylo et me mets à écrire. Je fais bien sûr très attention à cliquer mon stylo quatre couleurs toutes les 5 secondes pour bien l'énerver. Bien évidemment, je ne vais pas lui raconter ma vie. Je ne l'aime pas et ça ne la concerne pas. J'invente donc une histoire farfelue avec un copain sorti de nulle part, une pire ennemie qui essaye de me le voler, etc . . .

Je finis dix minutes avant la fin du cours. Je regarde mon emploi du temps. Ensuite, j'ai Italien dans la salle en face. Génial ! J'espère que le prof est plus sympa et plus compétent qu'elle. Je repense à tout ce qui s'est passé. J'ai hâte de voir Léo ce soir. Et puis, j'ai hâte de rencontrer ce mystérieux tuteur. Vais-je devoir l'appeler « papa » ? Bwa ! Je n'espère pas ! J'ai encore mon vrai père en tête. Je ne compte pas le trahir ! La sonnerie sonne enfin. Tiens, une sonnerie normale.

Je range mes affaires, me lève et me dirige vers la prof. Je lui tends ma copie, sans rien dire. Je suis trop dans mes pensées pour réagir quand elle m'adresse un rictus. Je me dirige vers la porte quand une fille blonde me bouscule pour me dépasser. Et en plus elle m'a bien donné un coup d'épaule. Mais elle se prend pour qui sérieux ? J'allais la rattraper mais je me souviens que les retards ne sont pas acceptés ici. Je me dirige donc vers la porte d'Italien. Je toque, passe mon poignet devant le boîtier. La porte s'ouvre. J'entre. La salle est exactement la même que celle d'espagnol sauf que les murs ici sont d'un orange pâle et un mur qui représente un drapeau de l'Italie. Apparemment, je suis la dernière.

A part moi, ils sont six. Je les regarde à peine mais remarque deux filles : une aux cheveux d'un bleu électrique et une aux cheveux rouge feu. Elle me rappelle les deux filles du cours d'espagnol. Celle aux cheveux orange fluo et celle aux cheveux vert pomme. Une nouvelle mode ? Une obligation ? Vais-je devoir teindre les miens en rose bonbon ? Je me recentre sur le prof. Il doit avoir la trentaine. Il est grand, la peau légèrement pâle. Il est musclé. Ses yeux sont bleus et ses cheveux sont châtains avec quelques mèches bleu foncé. Il affiche un air chaleureux en me regardant. 

W.S.P. (World Secret Protection)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant