Chapitre 32 (Léna)

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J'arrive essoufflée devant ma chambre à 19 heures 07. Maxime m'attend adossé à ma porte. Il me fusille du regard.

- Sérieusement ? Sept minutes de retard ? Tu crois que je n'ai que ça à faire de ma vie ?!

Je me mords la langue pour ne pas lui rétorquer que, sa vie, je m'en fiche complètement. Je passe mon poignet devant le capteur de ma chambre et ouvre la porte en le bousculant au passage d'un coup d'épaule. Une fois entrés, je referme la porte puis lui passe devant pour me diriger vers mon bureau. C'est alors qu'il m'interpelle. Je me retourne et je bénis mes réflexes. Ma main intercepte son poing qui se dirige droit vers mon visage. Je l'arrête à deux centimètres seulement de mon visage. Il me jauge du regard pendant un moment. Tous mes muscles sont tendus, en alerte.

- Tu as donc de vraies compétences...

Je reste silencieuse tandis qu'un sourire espiègle apparaît sur son visage. Puis, tout doucement, il baisse son poing. Il sort un cahier de sa sacoche et le lance sur mon bureau, puis part s'avachir tranquillement sur mon lit.

- Finit les exos que l'on avait commencé. La feuille est derrière la première de couverture.

Je déteste que l'on me donne des ordres. Surtout avec un air aussi hautain. Mais je prends sur moi. Aujourd'hui, je ne veux pas me prendre la tête. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens morose. Je m'assois au bureau et fais les exercices en silence. Une fois finis, je recopie quelques unes des leçons que j'ai ratées. Je ne lui adresse la parole que pour obtenir la traduction de deux ou trois mots. Il finit par se lever puis se rapproche du bureau. Une fois debout près de moi, il me lance :

- Tu es silencieuse aujourd'hui. T'es pas drôle.

- C'est sûr que toi tu sais t'amuser. Moi aussi je devrais mettre quelques coups de poing à des gens pour m'amuser.

- Attends, tu es sérieuse ? Tu m'en veux pour ça ?

- Non, je te remercie de m'avoir montré une nouvelle façon de m'amuser.

Il lâche un rire.

- Je fais juste mon job. De toute l'équipe 2, tu es pour moi la plus dangereuse. Je connais tous les autres depuis l'enfance. Je connais leurs points forts et leurs points faibles. Mais je ne sais rien de toi. La preuve en est de ce qui s'est passé aujourd'hui.

Sans que je le veuille, un sourire fleurit sur mon visage. Puis je me rends compte que ce qu'il dit est vrai. Ils ne savent rien de moi. C'est un avantage. Mais moi aussi je ne sais rien d'eux. Il va falloir que je me renseigne et que je me mette à les observer. Nous nous jaugeons du regard pendant plusieurs longues minutes. Il finit par quitter son air sérieux pour reprendre son air détaché. Il tourne son regard vers l'horloge.

- Ah, 20 heures ? Déjà ? Bon, désolé mais moi je ne fais pas d'heure sup' !

Il tend son bras vers son cahier mais je l'intercepte.

- J'aimerais finir de copier les leçons. Tu peux me le laisser s'il te plaît ? Je te le rends demain, promis.

Il me fixe en silence quelques secondes. Il lâche ensuite le cahier, prends sa sacoche et se dirige vers la porte, puis quitte ma chambre sans dire un mot. Je fixe la porte un long moment et me remets à copier. Une heure plus tard, je me mets à commencer à écrire la dissertation que l'on m'a donné comme punition pour avoir déclenché la bataille de nourriture. Je dois remplir quatre copies doubles. Je mets une heure quarante-cinq pour écrire une copie double et demie. A 22 heures 45, je me change, revêtant une tenue de sport basique, noire. Je m'attache rapidement les cheveux. Puis je me rends dans le couloir. Il est vide et sombre désormais mais je m'y aventure sans hésitation. Dans le noir, j'ai un peu de mal à me repérer mais je réussis finalement à trouver l'emplacement de la salle d'entraînement. Lucie m'attend devant.

- Et maintenant, comment tu comptes entrer ?

- Marc m'a passé une carte.

Je la passe devant le capteur. La porte s'ouvre. Nous nous glissons rapidement à l'intérieur. Une fois la porte refermée, nous allumons les lumières. Lucie se tourne vers moi.

- Alors, quel est le but de cette sortie nocturne ?

- Remonter ton niveau. Tu veux gagner l'Assemblée ? Soit. Mais tu vas avoir besoin de quelques cours particuliers.

Elle commence à avancer lentement vers la sortie.

- Lucie, je suis sérieuse.

- Bon, admettons. Mais dis-toi que ça fait deux ans que je suis ici et à part une roulade avant, je ne sais pas faire grand-chose. Tu penses pouvoir faire mieux que les profs ?

- Oh arrête ! Les profs ont laissé tomber dès qu'ils ont vu ton niveau. Et toi aussi tu as laissé tomber. Mais maintenant ce n'est plus une option. Il faut que tu t'améliores. Tu en ais parfaitement capable.

Elle soupire, battue.

- Bon, on commence par quoi ?

- Cette nuit, on s'entraîne pendant une heure. On va commencer par apprendre les roulades avant et arrière, puis les équilibres et les roues. Demain soir, on reverra les techniques de base du combat.

- Euh... Bonjour, moi Lucie. Moi humaine. Moi veut bien être optimiste mais moi pas être alien.

Je me retiens de rire.

- Allez, c'est juste pour apprendre les bases au moins. Le jour tu feras comme si de rien n'était. Tu seras notre arme secrète quoi !

Cette fois, c'est elle qui rigole.

- Mais on fait ça trop tard. On sera épuisée le lendemain.

- Tu as raison.

- J'ai une idée ! Faisons ça une nuit sur deux et le matin, genre de quatre à six heures.

Je réfléchis quelques secondes puis finis par acquiescer. C'est une bonne idée. Soudain, Lucie prend un air sérieux.

- Réponds moi sincèrement. Est-ce que tu penses vraiment que ça peut marcher ?

Je reste silencieuse un moment puis je finis par dire d'un ton assuré :

- On ne peut pas le savoir tant que l'on n'a pas essayé mais je pense que tes chances de réussite sont importantes. Et puis, sincèrement, on ne perd rien à essayer.

On se sourit puis après quelques étirements nous nous mettons au boulot. 

W.S.P. (World Secret Protection)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant