W.S.P. (World Secret Protection)

Chapitre 35 (Will)

Dès que je commence à douter à propos de notre plan d'action, la tirade de Léna me revient. Cette fille est vraiment surprenante. Je ne dis pas que je l'apprécie mais disons qu'elle a remonté dans mon estime. Nous nous avançons vers l'entrée du dôme. L'équipe 1 nous y attend déjà. Ses membres rayonnent d'assurance et de vanité. Mais surtout, ils ont une aura de vainqueur. Dans ces moments-là, je les envie. Si les autres le savaient, ils me défonceraient. Nous nous rapprochons d'eux. Le directeur arrive à leur niveau en même temps que nous.

- Que les représentants de chaque équipe s'avancent !

Sans grande surprise, c'est Mélanie et Maxime qui s'avancent. Ils lancent un regard de défi à Léna et Robin qui eux sourient amusés. La surprise en face est générale quand Lucie et moi avançons. J'avoue que leurs têtes me font sourire. Ce ne sont pas les seuls à être surpris. Les autres tuteurs, comme les autres équipes et le directeur le sont aussi.

- Bien, bien, bien... Je crois que personne ne s'y attendait. Votre effet de surprise est réussi ! Maintenant, entrez dans le dôme, et que la course commence !

Je m'avance vers la porte qui s'ouvre juste assez pour nous laisser passer tous les quatre. Elle se referme derrière nous. L'intérieur du dôme est complètement différent de la première fois. Nous nous retrouvons face à trois chemins qui s'enfoncent dans une forêt. Une pancarte se trouve devant chacun des chemins. Pour celui de gauche, elle indique "un feu infernal", celui du milieu "eaux troubles" et celui de droite "montagne aux milles obstacles". Sans hésiter, Maxime et Mélanie se précipitent vers le deuxième chemin. Rien d'étonnant, ce sont les meilleurs nageurs de l'agence. Je m'apprête à prendre le même chemin qu'eux mais Lucie me retient.

- Tu fous quoi ?

- Il faut que l'on prenne celui de gauche.

- Euh... T'es sérieuse ?

- Je te rappelle que je suis le cerveau, dit-elle en souriant. Allez, dépêche, nous perdons du temps !

Elle me dépasse et se met à courir. Je la suis rapidement. Une fois sortis de la forêt, nous arrivons sur un terrain brûlé et craquelé, parsemé de geysers. Mais alors que je m'attends à voir jailli de l'eau brûlante, du feu et de la lave apparaissent. Je recule d'un pas, surpris. Il fait très chaud. Lucie regarde fixement chaque geyser. En ayant marre d'attendre, je me mets à courir vers le premier geyser éteint.

- Non, Will attend !

Alors, un geyser se déclenche près de moi, puis un deuxième. Celui en dessous de moi m'aurait brûlé vif si Lucie ne m'avait pas tiré à temps. Me prenant le bras, elle m'obligea à la suivre et nous sommes finalement arrivés à l'autre bout du terrain sains et saufs. Le seul bémol était ma brûlure au bras, mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.

- Merci...

- Tu aurais dû attendre... Comment va ton bras ?

Elle n'était pas énervée mais semblait plutôt inquiète.

- T'inquiète, ça ira.

Elle hésite un moment mais voyant que je m'enfonce déjà en courant dans la deuxième forêt, elle finit par me suivre. Nous sortons du bois une minute plus tard et, à ma grande surprise, en même temps que Mélanie et Maxime. Eux aussi sont surpris. Ils sont trempés et Mélanie a une sorte de morsure au flanc gauche tandis que Maxime a une griffure sur la joue et une marque de morsure à la jambe. Devant nous s'étant un vaste désert de sable, des dunes à perte de vue. En haut de la deuxième dune se trouve le drapeau d'arrivée. Maxime et Mélanie se lancent immédiatement dans la course. Cette fois j'attends l'accord de Lucie qui me le donne immédiatement. Nous courrons aussi vite que possible. Contrairement à Lucie qui est à la traîne, je les rattrape presque.

Une fois en haut de la première dune, celle-ci s'effondre et le sol s'ouvre en deux. En sautant, nous arrivons tous les trois à passer l'obstacle. Mais Lucie est trop loin. Elle réussit tout juste à s'accrocher au bord. Maxime se remet à courir et alors que je m'apprêtais à en faire de même, Mélanie lance une poignée de sable sur Lucie. Atteinte au yeux, surprise, Lucie lâche. J'ai juste le temps de sauter et d'attraper d'une main le bord et de l'autre sa main. Une minute après, le sifflement annonçant la fin de la partie résonne. Maxime et Mélanie reviennent alors nous aider à remonter, puis nous quittons le dôme par une porte sortie de nul part.

De l'autre côté, notre équipe nous attend, souriante. Il n'y a pas une once de déception dans leurs regards. Ils nous félicitent, nous disent qu'on y était presque qu'on était formidable, qu'on formait une super équipe, etc... Et bizarrement, au milieu de toute cette joie, ma forte déception disparaît. Je me sens plus léger. Je me rends aussi compte d'une chose : Lucie et moi sommes beaucoup plus proches. Cette fille est vraiment géniale. Elle a réussi à dépasser ses limites pour ne pas se laisser trop distancer et être un boulet. Elle est restée calme et toujours très lucide. Sans m'en rendre compte, je l'observe. Ses longs cheveux noirs et bouclés attachés en queue de cheval haute, ses yeux verts pétillants de joie et son sourire... Je m'aperçois que quelqu'un m'observe. Je cherche cette personne du regard. Et cette personne n'est autre que Léna qui sourit, avec une certaine satisfaction.

Au-delà de tous les arguments qu'elle a avancés, je me rends compte qu'elle a aussi réussi à resserrer les liens de l'équipe. Je ne sais pas si c'était inconsciemment ou si c'était volontaire mais désormais, Lucie et moi sommes proches alors que nous ne l'avons jamais été et, soyons clair, je ne comptais jamais l'être un jour. De plus, toute l'équipe nous a soutenu et nous sommes passés au-dessus d'une simple victoire ou d'une défaite. Nous ne sommes pas encore super soudés, mais je pense que si nous continuons comme ça, on ne pourra bientôt plus se passer les uns des autres.