Chapitre 31 (Léna)

166 16 3
                                    

Pendant le reste de l'après-midi, l'entraînement continue normalement. A la différence que mon niveau a été « adapté ». Désormais, je suis au même niveau que Mélanie, Robin et Maxime, ce qui rend mon entraînement bien plus éprouvant. Une chose me déplaît cependant et plus que tout, le fait de voir Lucie tenter de faire des roulades, seule, dans son coin. Alors, une idée me vient : je vais l'entraîner. Les profs ne daignent pas l'aider ? Soit. Je vais donc m'en occuper. Mais ça m'étonnerait qu'ils acceptent. Il va donc falloir que je l'entraîne en dehors des cours. Oui, c'est ce que je vais faire. Nos regards se croisent. Je lui offre un sourire radieux ce qui semble l'inquiéter.

Pour la première fois, je sors d'un entraînement fatiguée. Pas épuisée, mais tout de même fatiguée. J'ai pris une douche, me suis changée puis, laissant mes cheveux mouillés retomber libres sur mon dos, je rejoins Lucie à la cantine. Je suis simplement vêtue d'un jean et d'un top gris que j'assortis de bottines noires simples. En arrivant à la cantine, je suis surprise de voir que toute l'équipe est déjà là, mais encore plus de voir l'organisation des places. Lucie est assise à la droite de Will qui est lui-même assis à la droite de Tim. Tim est en face d'Alyssa tandis que Robin est en face de Lucie. Avec l'impression qu'on m'a assigné ma place, je m'assoie entre Alyssa et Robin. J'allais interroger Lucie mais Alyssa et Tim me coupent dans mon élan en prenant la parole.

- Ils ont décidé de "casser les groupes déjà établis" dans l'équipe pour "créer des liens avec tous les membres". déclare Alyssa d'un ton lasse.

Tim hoche vigoureusement la tête avant de m'expliquer :

- Nous avons beaucoup plus de chance de gagner en étant le plus soudé possible.

Alyssa pousse un soupir exaspéré en levant les yeux au ciel ressemblant ainsi plus que jamais à sa sœur. Lucie et moi nous sourions. Nous étions du même avis : soyons soudés et c'est la victoire assurée. Alors, Tim engage la conversation avec Alyssa tandis que Will fait de même avec Lucie, comme un plan préétabli. Robin se tourne alors vers moi puis tente une approche pour briser la glace.

- Alors ? Hâte de recevoir l'emploi du temps de la semaine blanche ?

Je fronce les sourcils.

- La semaine blanche ?

- Tu n'en as pas entendu parler ?! La semaine blanche de cette année commence après-demain. Pendant sept jours, aucune mission n'est assignée. Cette semaine a pour but de souder les équipes et de les entraîner à réagir à des situations extrêmes telles que le saut en parachute, comme à élaborer des stratégies, des tactiques. Ce qui se passe durant cette semaine reste secret, c'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle on l'appelle la semaine blanche. Avant d'y avoir participé, on ne sait pas ce qu'on va y faire. Il n'y a que de vagues théories, des hypothèses. Et les adultes ne caftent pas, malheureusement.

Alors, Will et Lucie se tournent vers nous et commencent chacun leur tour à raconter toutes les théories dont ils avaient entendu parler. Puis Alyssa et Tim s'y mirent eux également. Certaines étaient plus plausibles que d'autres : elles vont du saut en parachute au saut en parachute, sans parachute, et autres choses plus ou moins délirantes. Mais le plus important, c'est que toute l'équipe participait à la conversation de son plein gré et que pour la première fois nous partagions un moment agréable.

Mais l'atmosphère se glace soudainement quand Mélanie et ses petits chiens s'approchent. Un silence pesant alors qu'Alyssa baisse les yeux.

- Non mais dites-moi que je rêve ! Ne me dites pas que vous êtes en train de faire ami-ami avec... ça ! Vous êtes pitoyables ! Franchement, ça ne m'étonne pas que leurs parents les aient abandonnées.

"Abandonnées ?! Ils sont morts pouffiasse !" Voilà ce que je voulais hurler. Mais au lieu de ça, je me lève d'un bond, bouillante de colère et de haine, prête à me jeter sur elle et à lui faire regretter ses propos, perdant le contrôle. Mais avant que je puisse me jeter sur elle, Robin se leva et lui asséna un puissant coup de poing dans la mâchoire. Une colère froide l'avait saisi. Tout le monde se figea.

- Je t'interdis Mélanie ! Comment oses-tu ?! C'est vraiment horrible ce que tu viens de dire, même venant de toi ! De plus, elles sont de mon équipe : si tu les attaques, tu m'attaques. Clair ?! Maintenant dégage.

Sa voix est complètement glaciale. C'est à peine s'il a monté le ton. Du regard, Mélanie cherche du soutien mais personne, pas même sa sœur, ne lui en apporte. Elle a été trop loin, et elle le sait. Ici, les morts sont particulièrement respectés. Qu'elle s'en prenne à nous est une chose, mais qu'elle s'en prenne à nos défunts parents en est une autre. Honteuse, la tête de basse, elle part s'asseoir avec le reste de son équipe à la table derrière la nôtre. Mais, pour moi, ce n'est pas assez. J'ai la rage. Je m'apprête à lui sauter dessus pour la deuxième fois avant d'être coupée dans mon élan par Robin qui me force à me rasseoir. Et alors, à ma grande surprise, Alyssa chuchote :

- Elle n'en vaut pas le coup.

Je ne suis pas sûr qu'elle s'adresse à moi ou même que quelqu'un d'autre l'ait entendu. Elle se lève et part précipitamment. Avant qu'elle ne se détourne pour s'en aller, j'ai juste le temps de voir deux larmes aux coins de ses yeux. En deux secondes, elle a déjà quitté la pièce. Inquiète, je m'apprête à la suivre pour m'assurer qu'elle va bien lorsque le directeur entre en courant dans la cantine, toujours poursuivit par deux tuteurs dont je ne connais pas l'identité, ses liasses de billets toujours à la main. Il saute sur notre table avec une grâce et une agilité surprenante, surtout pour son âge. Les tuteurs, eux, s'arrêtent près de la table, et non dessus. Le silence règne de nouveau, toute l'attention est fixée sur les trois nouveaux arrivants.

- Allez ! Maintenant, ça suffit ! Descendez et rendez cet argent !

- Jamais ! Il faudra me passer sur le corps pour obtenir cet argent. hurle-t-il. Allez mes frères et sœurs ! Mes compatriotes ! Rebellez-vous devant cette anarchie ! Aidez-moi ! Faites une diversion ! Je vous le demande : Bataille de nourriture !

Le silence règne toujours. Personne ne réagit devant l'attitude enfantine du directeur. Ils ont l'air de trouver ça normal, habituel. Mais personne ne réagit. J'y vois une opportunité. Je prends discrètement mon assiette dans mes mains puis me lève soudainement, me retourne, et l'envois violemment en plein dans la face de Mélanie. Sous le choc, son corps recule un peu. Outch ! Voilà qui a dû faire mal ! Folle de rage, elle prend son assiette et la lance dans ma direction. Je l'évite de peu et cette dernière finit par atterrir dans le visage de Thomas, un jeune homme assez sympa qui fait EGV avec moi.

Alors, la bataille commence. Adultes et enfants y sont mêlés, une vengeance en entraînant une autre. Les tuteurs se retrouvent encerclés et bloqués tandis que le directeur se faufile aisément. Je suis la seule à ne pas les perdre de vue. Je le vois se rapprocher d'un mur, y poser sa main à plat. Puis sa main semble être scannée et le mur s'ouvre devant lui. Il y passe, le mur se referme. Il a disparu et personne n'a rien remarqué. Ce type est un génie !

W.S.P. (World Secret Protection)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant