Chapitre 3 (Léna)

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Je suis sous le choc. Tout simplement. Les policiers ont tout de suite éloigné les journalistes et des médecins nous ont emmené dans une ambulance. Un policier est ensuite entré et a refermé les portes derrière lui. Léo et moi nous installons sur le brancard. Nous réagissons tous les deux de façon différente. Léo s'est effondré en pleurs, alors que moi je suis restée froide, sans émotion. J'avais lu quelque part que ça s'appelait un choc post traumatique je crois. Dès que je réussis à le calmer, Léo s'endort. Je me tourne vers le policier.

- Maintenant, je veux des explications. déclarais-je sèchement.

Le policier serre les dents visiblement mécontent qu'une gamine lui parle sur ce ton. Mais cette gamine s'en fiche donc il a intérêt à très vite lui répondre.

- Un voisin qui se relaxait dans son jardin a entendu un bruit sourd venant de votre maison. finit-il par déclarer. Il est donc allé voir si tout allait bien. Lorsqu'il est arrivé, la porte était ouverte. Il est donc entré et il a trouvé votre père allongé par terre, un verre brisé près de lui. Il nous a tout de suite appelé. Quand nous sommes arrivés, votre mère...

- Belle-mère, le coupais-je

- Donc votre BELLE-mère avait disparu et, il y a une heure, 200 000€ ont été retirés du compte de votre père.

- Et le voisin ne l'a pas vu sortir ?

- Non, il n'a vu personne sortir de la maison.

Je respire un grand coup. Il faut que je reste calme.

- De quoi est-il mort ?

- Nous avions deux possibilités : arrêt cardiaque ou meurtre par empoisonnement.

- « Nous avions » ? m'intriguais-je.

- Nous pensions avoir trouvé des résidus d'un poison qui simule une crise cardiaque, dans le verre qui se trouvait près de votre père.

- Mais ?

- Mais le verre a disparu...

Respirer et me calmer. Il fallait que je me calme et que je respire.

- Donc mon père a été tué mais étant donné que la preuve a mystérieusement disparu, ainsi que ma belle-mère et 200 000€, le ou plutôt la meurtrière, car on sait tous que c'est ma belle-mère, ne va pas être poursuivie et va vivre sa vie tranquillement ?!

- Effectivement. Officiellement, votre père et sa conjointe se sont disputés et il lui a donné de l'argent pour qu'elle disparaisse de votre vie. Une fois sa colère retombée, sous le choc, il a fait un arrêt cardiaque.

Pendant un instant tout devint blanc autour de moi.

- Mais c'est horrible ! je m'exclame.

- Je sais. Toutes mes condoléances.

Il quitte l'ambulance sur ces mots.
Je voulus réfléchir à ce qu'il venait de se passer mais le choc et la fatigue me rattrapèrent et je m'endormis.

******

Je suis dans une pièce sombre. Je ne vois rien mais je sens quelqu'un près de moi.

Je me lève et m'avance les bras tendus. Je réussis à trouver un mur puis un interrupteur.

Je l'actionne. Une vitre apparaît sur le mur de droite.

Je me rapproche pour voir à travers.

Quand je réussis enfin à voir, je pousse un cri.

Mon père est allongé sur un tapis.

Un couteau est planté dans son ventre et une tâche vermeille s'étend sur son pull.

Une ombre est près de lui.

Elle se rapproche de la lumière et je la vois.

Elle.

Ses yeux sont exorbités, ses cheveux gras et en pagailles et un sourire dément sur le visage.

Elle semble... Non, elle est folle.

Et elle est la meurtrière de mon père.

Je me réveille en sursaut. Un cauchemar. Ce n'est qu'un cauchemar. Je jette tout de même un coup d'œil autour de moi. Je suis dans une chambre assez petite. Les murs sont rose pâle et le sol est recouvert d'un parquet. À côté de mon lit se trouve une commode et à côté plusieurs cartons sont empilés. Sur le mur d'en face se trouve une étagère qui contient quelques livres. Je me dirige vers les cartons. Ils sont remplis de la plupart de mes affaires et de la plupart des affaires de Léo. Léo ! Où est Léo ?! Je me précipite vers la porte et l'ouvre. De l'autre côté se trouve un couloir vide avec plusieurs portes sur les côtés. Un peu plus loin, deux jeunes filles de l'âge de Léo jouent à la poupée. Je longe le couloir jusqu'à arriver à une intersection. Une flèche indique la cour, une autre indique les bureaux de la direction. Je suis donc la deuxième et tourne à droite. Au bout de ce nouveau couloir, une porte est surmontée de l'écriteau "DIRECTRICE". Je toque 3 fois puis attends d'être invitée à entrer. Au bout d'un moment, je n'entends toujours rien. J'allais retoquer quand la porte s'ouvrit toute seule.

- Entre Léna ! déclare une voix de femme.

J'entre donc. La pièce est seulement aménagée d'une étagère avec plusieurs dossiers dessus, d'un bureau et de 3 chaises. Sur l'une des chaises est assise une femme d'une quarantaine d'années. Elle me demande de m'asseoir sur une des chaises qui sont devant elle. Pendant que je m'assois, la directrice attrape un interphone et déclare : " Je veux le petit Léo dans mon bureau tout de suite. Le petit Léo STOCKINGER s'il vous plaît !". Sa voix nasillarde résonne dans tout le bâtiment et je prie presque pour que cela s'arrête. Elle se tourne vers moi et se met à m'expliquer :

- Tu es inconsciente depuis deux jours. Tu te trouves dans le foyer de ta ville et tu resteras ici jusqu'à ce que l'on t'ait trouvé une famille d'accueil. Or coup de chance ! C'est ce que nous avons fait !

Je ne l'aime pas. Mais alors pas du tout.
J'ai un mauvais présentiment...
Des coups résonnent à la porte. Elle hurle aux personnes derrière la porte d'entrer et je dois résister à la forte envie de me boucher les oreilles. Les personnes entrent.

- Lénaaaaaa ! hurle Léo en courant vers moi.

Je le serre fort dans mes bras et le fais asseoir sur mes genoux pendant que l'homme qui l'accompagne s'assoit sur la dernière chaise de libre.

- Bon maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer ! Comme tu le sais donc, votre situation est un peu compliquée. Étant donné que vous n'avez plus de famille, personne ne peut vous accueillir. Nous avons donc cherché une famille d'accueil. Et nous avons trouvé ! Deux familles très gentilles acceptent de vous accueillir ! Léo ira à Strasbourg et toi à Bordeaux. Vous verrez ces familles sont géniales !

Je sens la fureur et la peur me gagner.

- C'est mort ! Vous ne pouvez pas nous séparer ! Pas... pas après tout ça !

Je prends Léo dans mes bras et sors de la pièce en courant. Je me dirige vers le seul endroit que je connais : la chambre où je me suis réveillée.
J'y rentre et je nous y enferme. Je ne peux pas. Je ne veux pas que l'on nous sépare. Léo est tout ce qu'il me reste ! Je sens les larmes commencer à couler sur mes joues. Je pose Léo sur le lit et lui donne mon ordinateur et mon casque comme quand nous nous cachions de la sorcière. Avant de mettre le film, mon petit frère me demande, les larmes aux yeux :

- Tu vas partir ? Pourquoi tu pleures ?

Je ne peux pas lui répondre. Ma gorge est comme nouée. Alors je le prends dans mes bras. Ses petits bras commencent à me caresser le dos pour me réconforter il me dit d'un air grave :

- Ne t'inquiète pas ! S'ils veulent nous séparer, ils devront me passer sur le corps.

J'ai du mal à ne pas rire en m'imaginant la scène. Je me recule et lui dépose un baiser sur le front :

- Ne t'inquiète pas. Je nelaisserai personne nous séparer.

W.S.P. (World Secret Protection)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant