C'est un bruit sourd, répétitif et de plus en plus fort qui me réveille. Je frotte mes yeux fatigués après avoir allumé ma lampe de chevet. Je jette un œil à mon réveil. Il affiche quatre heures. Attends, quatre heures ?! Qui peut bien venir me réveiller à quatre heures ?! Non, qui ose me réveiller à quatre heures ?! Les coups continuent de martyriser ma pauvre porte, toujours plus forts. Je finis par me lever, à contre cœur, et me dirige vers la porte. Je l'ouvre avec amertume. Je me retrouve alors devant une Lucie rayonnante et surexcitée. Elle se calme dès qu'elle me voit, en pyjama, poches sous les yeux, cheveux en pagailles, le regard éteint.
- Je t'ai réveillé ? me demande-t-elle surprise.
- Non ! Bien sûr que non ! En revanche, si tu n'es pas somnambule ou que personne n'est en train de mourir, je te jure, je ne réponds plus de rien.
- Attends, tu n'es pas au courant ?
- Au courant de quoi ?
- De l'Assemblée !
- Ouah, alors là tu ne m'aides pas trop tu vois...
Elle me fixe comme si elle était face à un extra-terrestre puis elle soupire d'exaspération.
- Oh bon sang !
M'attrapant par les épaules, elle me repousse dans ma chambre, fermant la porte derrière elle. Elle m'ordonne de m'asseoir puis commence :
- Tous les ans, pendant dix mois, tous les adolescents de 15 ans participent à l'Assemblée. Ils sont répartis en équipes de six. Pendant ces dix mois, chaque équipe doit effectuer plusieurs missions. Chaque équipe est supervisée par un tuteur. Jusque-là tu suis ?
- Oui, je ne suis pas complètement attardée non plus!
Elle lâche un petit rire avant de reprendre.
- Chaque mission rapporte un nombre de points différent : les jaunes valent dix points, les vertes vingt-cinq points, cinquante points pour les bleues et soixante-dix points pour les violettes. Il y a aussi les roses à cent points et les oranges qui valent deux cents points, mais il n'y a pas plus de deux ou trois roses pendant une Assemblée et peu de chance qu'il y ait ne serait-ce qu'une orange. Le niveau de "dangerosité" croit des missions jaunes aux missions oranges. Les missions oranges ne peuvent d'ailleurs se réaliser qu'en associant deux équipes.
- Donc les points sont répartis entre les deux équipes ou les deux équipes ont deux cents points ?
- Cela dépend des circonstances.
J'hoche la tête lentement avant de finir par demander :
- Et il se passe quoi aujourd'hui ?
- C'est le début de l'Assemblée. A six heures trente, tout le monde se réunit dans la salle des fêtes. Il va y avoir la formation des équipes, puis l'assignation des tuteurs.
Elle semble de nouveau toute excitée.
- Donc, c'est à six heures trente ?
- Oui.
- Alors pourquoi tu me réveilles à quatre heures ?!
- Pour se préparer ! On va passer devant tous les membres de l'agence W.S.P. francophone. Il faut que l'on soit parfaites !
Je la regarde, surprise par cette réaction. Puis soudain je comprends.
- C'est pour Tim !
Elle rougit tandis qu'un large sourire apparaît sur mon visage.
- Je vais pouvoir me faire belle sans qu'il soupçonne que c'est pour lui. Et puis peut être qu'il me verra autrement que comme une non-native pour une fois... me dit-elle timidement.
Je frappe mes mains l'une contre l'autre puis je hausse les sourcils plusieurs fois avec un air provocateur. Son teint déjà rouge vif devient cramoisi. Elle saisit mon oreiller et me le lance au visage tandis que je me tords de rire. Une fois calmée, je m'allonge sur mon lit pendant que Lucie ouvre ma penderie. Elle se jette sur une robe rouge incrustée de faux diamants. Ses yeux brillent tellement que je l'encourage à l'essayer.
Mon père était un grand businessman, je devais souvent l'accompagner à des réceptions. Et il ne fallait jamais, au grand jamais, que je porte la même robe. Non pas que mon père ou moi même nous en inquiétions, mais les assistants, les collègues et les subalternes de mon père, eux, s'en inquiétaient. Ma penderie est donc remplie de robes de soirée en tous genres.
Pendant qu'elle se change, j'en profite pour prendre une rapide douche puis, je m'avale une barre de chocolat. Quand Lucie sort enfin, elle regarde la robe avec des yeux étincelants. Je me mets à rigoler.
- Laisse tomber, elle est trop. . . sophistiquée. Elle ne fait pas naturelle. Tu ne devrais pas trop en faire.
Elle hoche légèrement la tête. Je m'avance alors dans mon dressing.
- Bon, faisons le point.
- C'est une cérémonie officielle. Il faut donc être sur son 31.
- Mais on ne veut pas que ça soit trop sophistiqué ou extravagant.
- On veut que ce soit plutôt simple et tenter d'être naturelles.
- Et il faut que Tim n'est d'yeux que pour toi. ajouté-je avec un clin d'œil.
Son visage vire instantanément au rouge vif. J'éclate de rire. J'adore l'embêter, c'est définitif ! Mécontente, elle me relance mon oreiller au visage, ce qui ne fait qu'alimenter mon fou rire. Je me mets à farfouiller dans ma penderie. J'en sors trois robes : une jaune, une beige et une verte. Pendant qu'elle les essaye, je lui demande :
- Lucie, quel en est vraiment le but ?
- Le but de quoi ?
- De cette Assemblée !
- Ah ! Eh bien, les membres de l'équipe gagnante peuvent chacun faire un vœu, une demande. Ça peut être n'importe quoi, de l'argent, libérer quelqu'un de prison, y faire enfermer quelqu'un...
Elle fait une pause avant de reprendre d'une voix basse et pensive :
- Ou même tuer quelqu'un. Bref, tout est possible !
Voilà. Voilà comment je vais arrêter la sorcière. Voilà comment je vais pouvoir rendre justice à mon père. Je prends soudain l'Assemblée beaucoup plus au sérieux.
Au final, Lucie prend la robe vert émeraude. Le bas de la robe est simple et léger. Elle comprend une ceinture noire autour de la taille et le tissu du buste colle au corps ce qui allonge sa silhouette. De sa hanche droite à son épaule gauche, une fine ligne de faux diamants ondulée donne à la robe un aspect magique à la lumière. Elle est retenue par une simple bretelle. Le vert émeraude correspond à la couleur de ses yeux, les faisant ainsi ressortir. Elle assortit sa tenue avec de simples chaussures à talons noires. Je coiffe ses cheveux en un chignon entouré d'une tresse.
Moi, je choisis la même robe qu'elle si ce n'est que la mienne est blanche et sans bretelle. Assorties à ma ceinture, mes chaussures à talons noires se différencient de celles de Lucie grâce à une fine ligne argentée qui longe le côté extérieur de mes chaussures. Après m'être séchée puis lissée les cheveux, Lucie prend mes mèches de devant pour les tresser puis les attacher de sorte à me faire une couronne tressée. Pour finir, nous mettons un peu de gloss pour rester simple. J'ajoute à ma tenue un collier composé d'une chaîne en argent et d'un pendentif de forme carrée. Le pendentif est une pierre blanche.
Ce collier appartenait à ma mère. Elle le portait tout le temps. C'est le seul objet lui appartenant qu'il me reste. Quand je le porte, j'ai l'impression que ma mère m'accompagne. Or, je veux qu'elle soit avec moi ce matin. Je veux qu'elle me voie m'engager sur le chemin qui me mènera à rendre la justice. La justice pour mon père. Je serre le pendentif dans ma main. Je vais le faire maman. Je vais réussir. Je vais gagner, je te le promets.
VOUS LISEZ
W.S.P. (World Secret Protection)
Ação{Terminée} {Corrigée} Après la mort de leur père, Léna et son frère sont recrutés par une agence d'espionnage secrète. Persuadée que la mort de son père n'est pas accidentelle, Léna et son équipe vont devoir passer de nombreuses épreuves pour pouvo...