Chapitre 13 (Léna)

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Nous sommes mortes de rire depuis une dizaine de minutes dans un couloir vide. Lorsque nous arrivons enfin à nous calmer, Lucie m'emmène au réfectoire. Nous tournons à deux, trois intersections puis, nous arrivons devant une porte grise immense. Mais quand je dis immense, c'est immense. Elle doit mesurer 6 ou 7 mètres, atteignant presque le plafond. Et son gris est argenté et brille de mille feux. Elle est magnifique. Oui, oui. Je suis en train de m'extasier devant une porte.

- Euh, du coup, Léna, tu viens ou tu restes là à admirer la porte ?

- Alors là, franchement, j'hésite.

Elle me regarde, étonnée.

- Non, je rigole ! Je reste à regarder la porte, évidemment.

Elle reste un moment à me fixer puis éclate d'un rire sincère. Je me retiens le plus longtemps possible avant de la rejoindre dans son fou rire. Je crois que j'ai rarement autant rigolé en une journée. Et, rien qu'en la regardant, je sens que ça ne va pas être la dernière fois. Nous nous retournons ensuite vers la porte et l'ouvrons. Difficilement. Ok, elle est belle, mais elle est lourde. Très lourde. Ou alors, c'est nous qui sommes faibles. . . Nous nous retrouvons à pousser la porte à deux, avec toute notre force. Vu de l'extérieur, nous devions vraiment passer pour des folles. Une fois ouverte, enfin entre ouverte, nous nous faufilons à l'intérieur de la salle.

- Normalement, des tuteurs tiennent la porte ouverte, mais c'est seulement pendant les 5 minutes qui suivent la sonnerie. m'avoue-t-elle.

Je ne lui réponds pas. La porte était déjà magnifique, mais alors, la salle. . . C'est sûr, je suis dans Harry Potter. Vous voyez le réfectoire de Poudlard ? Eh bien, c'est presque pareil. La pièce est immense. Elle est moderne. Plusieurs tables sont alignées sur quatre rangées. Il n'y a pas de chaises mais des bancs gris, comme le plafond, la porte et les tables. Sur le mur de droite, d'immenses fenêtres qui éclairent la pièce. Oui, tout est immense ici. De l'autre côté de la salle, une grande estrade avec une longue table et plusieurs chaises assez imposantes. La chaise du milieu, cependant, ressemble davantage à un trône en argent. Sûrement la place du directeur. Un peu plus haut, un énorme écran plasma. Un espoir s'installe dans mon esprit, un minime espoir : ils passent peut être des dessins-animés le matin!

Sur ces pensées extrêmement matures, Lucie m'emmène vers le mur de gauche où se trouve une petite porte verte qui déteint dans cette salle blanche, grise et immense. Lucie l'ouvre avec énormément de facilité. De l'autre côté se trouve une petite pièce aux murs vert pomme et au carrelage gris. Sur le mur du fond, plusieurs petits écrans sont alignés et incrustés dans le mur. Lucie me prend le poignet et me tire vers un écran inoccupé. Lucie appuie dessus et il s'allume. Deux cases apparaissent :

- Entre ton nom et ton prénom. m'explique Lucie pendant qu'elle fait de même sur celui d'à côté.

Je m'exécute. Six rectangles apparaissent : « Entrée », « Plat », « Produits laitiers/Fromage », « Dessert », « Boisson » et « Autre ».

- « Autre » ?

- C'est tout ce qui est sucreries, chocolat et tout et tout.

- Ah, Ok ! Euh. . . Tout est gratuit ?

- Oui, oui. T'inquiète ! Et normalement, tu as du choix. Tout ce qui existe en fait.

- Ah d'accord. . . Attends, quoi ?!

Lucie continue de choisir ce qu'elle va manger en m'ignorant.

Pour une fois, je décide de faire light. Je prends une omelette avec des brocolis, de l'eau et une pomme. J'attends, quand soudain, un petit carré de mur en dessous de l'écran disparait. Un plateau en sort, avec un verre d'eau, une assiette contenant mon plat et ma pomme. Je reste un moment bouche bée, puis je prends mon plateau et m'empresse de suivre Lucie qui commence déjà à sortir par une petite porte jaune à gauche de la porte verte, qui nous ramène au réfectoire. Nous nous installons sur une table vide et commençons à faire connaissance avec des questions simples :

- C'est quoi ta couleur préférée ?

- Le bleu. répondé-je sans hésitation. Et toi ?

- Le vert.

Nous continuons pendant quelques minutes ainsi, dans la bonne humeur. Après avoir fini mon plateau, je fixe intensément la mousse au chocolat sur le plateau de Lucie qui en ai toujours au plat. Au bout d'un moment, Lucie relève le regard et me dit :

- Tu sais que tu peux aller te resservir ?

Je reste un moment sans bouger avant de déclarer :

- Je reviens !

Elle lâche un petit rire. Je me lève et disparais très vite de sa vue, aspirée dans la foule de personnes qui affluent de plus en plus dans la salle. Je me dirige vers la porte verte, mais avant de pouvoir l'atteindre, un coup d'épaule me propulse au sol. Je me prépare au choc de l'atterrissage mais, avant d'entrer en contact avec le sol, deux mains agrippent mon bras gauche pour me tirer en arrière. Je me retrouve collé contre le torse de mon « sauveur ». Et quel torse ! Je relève un peu la tête et un seul mot me vient à l'esprit : Apollon. Ses cheveux blonds sont coupés courts mais certaines mèches lui retombent sur le front. Il a de magnifiques yeux bleus et quelques tâches de rousseurs sur le haut de ses joues et sur son nez, mais vraiment très peu. Juste assez.

Je me rends compte que je le fixe depuis un moment lorsqu'il se racle la gorge d'un air gêné.

- Euh. . .

Et moi et ma super intelligence déclarons, sans réellement réfléchir d'un rêveur :

- Oui, Apollon ?

Oui, oui. Vous avez bien lu. Je viens de l'appeler Apollon. Attends ! Je viens de l'appeler Apollon à haute voix ? Vu son regard surpris, oui. Je passe toutes les répliques ou actions que je pourrais utiliser pour me sortir de ce mauvais pas lorsque mon instinct de survie prend le dessus, et, sans réfléchir, je me mets à courir me faufilant entre les personnes qui entrent dans le réfectoire et donc, en sortir. Je continue de courir et tourne à deux, trois intersections avant de m'arrêter, essoufflée. Je m'adosse à un mur, puis, réfléchis à ce qu'il vient de se passer.

Bon, ma réaction est complètement stupide. Mais, je n'y peux rien. Je réagis toujours comme ça lorsque je me sens coincée. Je ferme les yeux, respire et me calme. Je rouvre les yeux. Ok. C'est partie. Je me redresse et retourne au réfectoire. J'y arrive après m'être perdue cinq ou six fois. Oh non. La porte est fermée. Bon, ce n'est pas grave. Je commence à pousser la porte avec toute la force que je possède. Malgré tout, je glisse plus que la porte ne s'ouvre.

- Besoin d'aide ?

Je me retourne. Deux garçons de mon âge m'observent. Ils sont tous les deux assez beau à vrai dire, mais moins qu'Apollon et Maxou. Eh bien, s'ils sont tous aussi beaux ici, je sens que je vais me plaire ! Ils n'ont pas l'air hautain mais plutôt sympathique. L'un aux cheveux bruns et les yeux marrons alors que l'autre est roux aux yeux verts.

- Avec plaisir.

Ils s'avancent, et se mettent à pousser la porte, qui se déplacent, comme par magie. Une fois ouverte, je les remercie et leur adresse un sourire avant de me diriger vers l'endroit où est sensée se trouver Lucie. Elle est à la même place que tout à l'heure, mais elle n'est plus seule.

Dix adolescents de notre âge sont autour d'elle mais seulement quatre sont assis. Les autres sont debout autour d'elle. Si l'on se base sur les définitions de caractérisation du collège, je dirais que se sont des « populaires ».

Parmi eux, je retrouve Maxou et Apollon. Il y a aussi la fille blonde aux yeux bleus que j'ai aperçu au cours d'espagnol, et une fille blonde aux yeux bleus que j'ai aperçus au. . . Oh ! Des jumelles ! Il y a aussi un brun ténébreux aux yeux noirs, un blond vénitien aux yeux bleus avec des lunettes noires et un blond aux yeux bleu-vert. Ils sont accompagnés de trois filles : une rousse aux yeux noisette, une brune avec les mêmes yeux et une blonde aux cheveux coupés au carré et des yeux couleur amande qui me rappelle quelqu'un, mais qui. . . ?

La salle a beau être pleine, il y a surtout des jeunes, et ils regardent tous Lucie et les « populaires » comme s'ils regardaient un spectacle. D'ailleurs, même si les populaires ont l'air de bien s'amuser, Lucie n'a pas l'air en forme. Soudain, une phrase que ma meilleure amie auto-proclamée m'a dit tout à l'heure me revient : « Les natifs rejetteront toujours les non-natifs. Ce qu'ils aiment le plus, c'est les humilier. » 

W.S.P. (World Secret Protection)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant