Chapitre 14 (Léna)

173 15 0
                                    

J'entends leurs rires ironiques d'ici. Une des jumelles, que je vais appeler « Blonde n°1 », saisit son verre d'eau et le renverse sur Lucie, comme si c'était normal. Euh. . . Elle est sérieuse là ? Ma mâchoire se crispe de colère. Je me rapproche de la table assez vite et plusieurs têtes se tournent vers moi. Mais ça ne m'intimide pas le moins du monde. Une fois devant la table, je frappe cette dernière de mes deux mains pour attirer leur attention. Ils se retournent tous vers moi et certains sursautent même. J'affiche un sourire calme et jovial. Au bout d'un moment, Blonde n°1 me demande, toujours très gentiment :

- Qu'est-ce que tu veux ?

Alors là, franchement, sur le moment, j'ai très envie que mon poing fasse la rencontre de ta joue. Non, Léna, garde ton calme. Je me glisse entre le mec blond à lunette, et je me rappelle alors l'avoir vu près des salles de tir, il s'appelle Tim je crois, et Apollon, me positionnant ainsi devant elle. Je saisis la soupe sur le plateau de Tim, lui adresse un sourire désolé, et, me redressant un peu, déverse son contenu sur Blonde n°1. Je prends ensuite un faux air horrifié et déclare, en surjouant :

- Oh non ! Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée ! Qu'est-ce que je peux être maladroite !

Du coin de l'œil, j'aperçois Lucie se mordre la joue pour ne pas rire. Les autres sont trop surpris pour réagir. J'enchaîne donc en me tournant vers Maxou.

- Maxou ! Comment ça va ?

- Ne. M'appelle. Plus. Jamais. Comme. Ça.

- Mais oui Maxou ! T'inquiète ! Bon, Lucie, on bouge ? Il y a... Beaucoup trop d'ondes négatives par ici.

Elle ne se fait pas prier, se lève, et nous partons en courant mais, pendant que nous galérons à ouvrir cette stupide, mais magnifique, porte, un liquide visqueux dégouline dans mon dos. Je jette un regard derrière moi tout en continuant de pousser cette maudite porte. Blonde n°1 et tous ses petits copains se sont mis debout et nous ont rejoint. Génial, après tout, plus on est de fou, plus on rit !

- Tu viens de me balancer de la soupe au visage, et tu comptes partir, comme ça ?

La porte s'entrouvre enfin.

- Oui, d'ailleurs, tu devrais essayer la soupe plus souvent, ça va bien à ton teint.

Puis, nous nous mettons à courir le plus vite possible en direction de ma chambre, enfin, d'après Lucie.
Une fois arrivées, je me dépêche de passer mon poignet devant le boîtier pour que la porte s'ouvre. Nous rentrons dans la chambre et refermons la porte derrière nous. Nous partons nous asseoir sur le lit et restons quelques minutes silencieuses.

- Je vais me faire tuer pas vrai ? dis-je avec un sourire.

- Non, t'inquiète. Ils ne vont pas te tuer. Ce serait beaucoup trop facile !

- Ah merci, tu me rassures !

Nous nous regardons en souriant.

- Bon, il doit nous rester une bonne demi-heure avant d'aller en cours de tir. Tu as déjà rangé tes affaires ?

Sur cette question, nous nous tournons vers les cartons rassemblés au coin de ma chambre.

- Je prends ça pour un non. Alors ? Par quoi on commence ?

- Eh bien, il y a des affaires à Léo et des affaires à moi. Donc, il faut tout d'abord les séparer.

- Ok, pendant ce temps, je m'occupe de ranger tes vêtements dans le dressing !

- Le dressing ? Quel dressing ?

Elle me sourit et ouvre l'armoire, qui n'est en fait pas du tout une armoire. Elle donne sur une pièce de taille moyenne avec plein d'étagères et de dressings sur les murs.

- Ok. Je pense que je vais pouvoir m'habituer sans problème à cette pièce.

Lucie lâche un petit rire, puis nous nous mettons au travail. Au bout d'une vingtaine de minutes, il ne nous reste que les cartons de Léo.

- Mon Dieu ! Sérieux, c'est quoi tous ces vêtements ? J'ai cru que j'allais me noyer sous toutes ces chaussures, ces tee-shirts, ces robes, ces pantalons. . . C'est quoi cette garde-robe ?!

Je souris en regardant le plafond, tranquillement allongée sur mon nouveau lit.

- Oh mince !

- Quoi ? demandé-je tout en me redressant.

- On a cours dans dix minutes ! Je n'ai pas le temps de repasser par ma chambre !

Je reste un moment silencieuse.

- Euh. . . Tu es sérieuse ou c'est un moyen pour que je te prête mes habits ?

Elle me regarde sans comprendre. Je soupire.

- Bon, il faut mettre quoi pour les cours de tir ?

Elle sourit et s'assied sur mon lit pendant que je me dirige vers ma garde-robe. Je referme l'armoire derrière moi et, deux minutes après, en ressors avec un collant et un tee-shirt moulant noir, une perruque rose avec des cheveux coupés au carré, des lunettes de soleil noires et des bottes à talons noires qui m'arrivent aux genoux.

- C'est bien ça ? demandé-je tout en défilant devant une Lucie morte de rire.

- N'importe te quoi ! Laisse faire la pro !

Elle me pousse vers mon lit et se dirige vers l'armoire. Lorsqu'elle ressort, elle porte une perruque verte coiffée Rock'n'roll, un sac à dos "Dora l'exploratrice", oui, j'avais bon goût quand j'avais 5 ans, et une combinaison rouge avec, sacrilège, des tongues avec des chaussettes hautes. Nous continuons nos défilés jusqu'à trouver la bonne tenue : baskets et leggings noirs ainsi qu'un tee-shirt bleu foncé, pour moi, et tennis blanches, jogging gris et tee-shirt vert foncé pour Lucie. Puis nous attachons nos cheveux en queue de cheval haute.

Nous nous dirigeons ensuite vers le couloir de tir. Nous déposons nos sacs contenant nos propres vêtements dans les vestiaires rouges puis, nous passons la porte de la salle rouge. Elle donne sur un long couloir que nous traversons tranquillement. Nous arrivons devant une porte métallique que nous ouvrons facilement. Nous entrons ainsi dans une salle rouge sang. Plusieurs ordinateurs sont postés sur des tables, collés au mur d'en face. Le mur de droite est une immense vitre qui surplombe un immense labyrinthe.

Dans la pièce, un homme d'une quarantaine d'années tape sur le clavier d'un des ordinateurs. Sur notre gauche, les autres élèves nous fixent en silence. "Les autres élèves" sont composés "des populaires" dont nous avons fait l'agréable connaissance ce midi, des six filles ayant chacune une couleur de cheveux différente, allant du noir au blanc en passant par le vert, le rouge, l'orange, le vert, le jaune et le bleu. Il y a aussi six autres garçons dont les deux jeunes hommes qui m'ont aidé ce midi à ouvrir la porte du réfectoire. Je leur souris mais ils détournent rapidement le regard, ce qui me fait sourire encore plus. Alors comme ça, "les populaires" ont jeté une "malédiction" sur toute personne faisant ami-ami avec nous...

Tout à coup, le prof prend la parole. Il commence à nous expliquer que nous allons nous entraîner à viser et à monter et démonter une arme rapidement mais qu'avant, cinq d'entre nous vont se rendre dans le labyrinthe. Le but ? Ne pas se prendre de balle. Dès que l'on se prend une balle, on est éliminé. Il commence à annoncer les noms des participants.

- Alors ce sera. . . Mélanie, Line, Julie, Jenny et. . . Léna tiens !

Soit, Blonde n°1, ses trois toutous et. . . moi ?! Je vois déjà les quatre autres comploter contre moi, mais ce n'est pas ce qui m'affole.

Dites, je vous avais dit que je n'avais jamais ne serait-ce que vu un flingue de ma vie ?



W.S.P. (World Secret Protection)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant