Tout commença un soir de pleine lune.
Dans l'est sauvage du continent d'Edéa, plus précisément dans la paroisse de Thiercelieux, se trouvait une immense forêt qui s'étendait sur plusieurs kilomètres jusqu'aux très lointaines montagnes.
Les immenses arbres couvraient le cœur des bois et le moindre rayon de la lune qui tentait de traverser la verdure était immédiatement stoppé. L'obscurité régnait en maître durant la nuit, mais elle était bien moins redoutable lorsque le soleil commençait à pointer le bout de son nez.
Cependant, un endroit réussissait à capter la lumière. Il était comme le dernier espoir dans une tempête. Ce lieu était une grande clairière qui se trouvait au beau milieu de la pinède. En son centre trônait un monument fait de hautes pierres disposées en un cercle quasiment parfait. Les mégalithes mesuraient deux mètres de large chacune et devaient bien faire une demi-douzaine de mètres de haut.
Un garçon franchit la butte qui permettait d'accéder au cromlech puis il posa doucement la paume de sa main contre la pierre. Elle était froide et lui servait de point d'ancrage avec la réalité.
— Est-ce que quelqu'un est là ?
La voix du jeune homme était aussi claire que de l'eau de roche. Elle n'avait pas encore subi les ravages de la puberté. Le garçon venait en effet, de souffler son douzième anniversaire quelques jours plus tôt.
Seul le silence répondit à la question.
Le vent commença à souffler d'abord doucement. Puis, plus le temps passait et plus la lune était haute dans le ciel, plus la brise printanière devenait un véritable ouragan.
Les cheveux roux du garçon s'emmêlèrent avec une facilité déconcertante. Les feuilles qui venaient juste de pousser étaient encore frêles et ne résistèrent pas à la puissance du vent. Le jeune homme lui-même capitula. Il fut obligé de reculer de quelques pas pour que la butte de terre puisse le protéger.
— Mon Dieu, qu'est-ce que c'est que ça.
Une immense bête était sortie des fourrés. Elle devait bien mesurer un peu moins qu'un humain adulte, mais pour le jeune Rudy, elle semblait démesurément grande.
La créature s'assit dans la pénombre puis elle se mit à fixer le petit roux dans les yeux. Les prunelles de l'animal étaient aussi rouges qu'un rubis. Deux points incarnats. C'était uniquement ce que voyait Rudy. Il avait beau froncé les sourcils ou plisser les yeux. Il n'arrivait pas à voir à quoi ressemblait réellement la bête.
— Tu fais partie de ceux qui attaquent le village ?
L'animal bougea la gueule comme pour montrer qu'il accordait toute son attention au petit roux. Il posa une patte dans la lumière.
Rudy attendit, mais la créature semblait bien décidée à ne pas bouger. Le roux décida de l'imiter.
Au bout de plusieurs minutes, le vent se calma. Les feuilles et les bourgeons se posèrent sur le sol comme un tapis de verdure.
Le jeune homme remarqua alors, pour la première fois que la forêt ne semblait plus vivante. Les animaux devaient sentir un prédateur. Il n'y avait aucun bruit, ni aucune agitation ne venait ébranler le silence qui s'était installé dans la paroisse.
Tout du moins, c'est ce que cru dans un premier temps Rudy. Cependant, il s'aperçut bien vite qu'en plus de sa respiration hachée, il avait la jolie mélodie de gouttes s'éclatant sur le sol.
Le premier réflexe du jeune homme fut de relever la tête vers le ciel pour voir s'il pleuvait. Mais, au grand désarroi du roux, il n'y avait aucun nuage à l'horizon. Cela ne l'aurait pas étonné dans le cas contraire puisque la région n'allait pas tarder à voir s'abattre des pluies diluviennes. Seulement, ce jour-là, il n'y avait rien.
Le jeune homme fronça ses sourcils puis tourna sa tête dans tous les sens pour essayer de repérer la source de cet étrange bruit. Il fit fi du prédateur et ne reporta pas son attention seulement quand il établit le lien entre le bruit et la bête.
Lorsque le roux comprit que ce qui coulait des babines de l'animal et qui se déversait au sol était du sang, le sien se glaça d'effroi. Une goutte de sueur glissa le long de son échine et son souffle se coupa.
Il avait affaire à l'instigateur des morts que l'on retrouvait au village depuis quelques jours. Sa sœur, qui était le médecin de la paroisse, lui avait indiqué que chaque cadavre qui avait été retrouvé était entièrement déchiqueté. Les crocs de la créature, que Rudy imaginait immense, correspondaient à la description faite par la jeune femme.
Son pied-droit recula d'un pas. La bête sentit du mouvement et releva sa gueule pour ne pas rater un seul mouvement du garçon. Celui-ci se décida à compter jusqu'à trois, avant de s'enfuir en courant et de regagner le village.
— Un, se murmura-t-il.
L'adrénaline commença à courir dans ses veines.
— Deux, continua-t-il.
Son cœur s'emballa sous la peur et la panique.
— Trois, finit-il.
À ce départ, il rebroussa chemin et se mit à courir le plus vite possible. L'animal le suivit. Il fit un saut qu'il le fit traverser la moitié de la clairière puis il s'enfonça dans la forêt à la suite du garçon. La chasse venait de commencer.
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Est Sauvage
WerewolfDans l'Est Sauvage un petit village devient la cible de redoutables créatures nocturnes. Chaque nuit, le cadavre d'un paroissien est retrouvé et tous se retrouvent déroutés par ces attaques qui semblent venir de nulle part. Mais lorsqu'une nuit Rudy...