Chapitre 5

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Rudy Mitchell

Le petit garçon se leva à l'aurore, il devait se rendre à l'école en ce premier jour de semaine. Après avoir fini son petit déjeuner, il monta l'escalier pour se laver les dents et coiffer ses cheveux d'un roux éclatant. Rudy se trouvait de petite taille mais il avait encore le temps de grandir. Selon sa sœur il avait une bonne croissante et c'est tout ce qui devait lui importer. Pourtant Rudy ne pouvait s'empêcher de complexer. Il laissa échapper un soupir et redescendit le grand escalier de la maison. Alors qu'il s'apprêtait à partir et à saluer sa sœur, il se souvient qu'elle était partie précipitamment dans la nuit pour essayer d'aider la pauvre victime.

Sur le chemin de l'école il rejoignit son meilleur ami, Loup Morrison. Son complice était âgé d'une quinzaine d'années. Il avait une silhouette longiligne, des cheveux crépus ainsi que la peau brunie par la lumière du jour. Loup était quelqu'un d'assez discret, on ne le remarquait que peu souvent au premier coup d'œil. Généralement les gens passaient devant lui sans même lui faire attention. Il ne s'en plaignait jamais et quand il faisait assez confiance à une personne il s'ouvrait comme une fleur les premiers jours du printemps. C'est-à-dire lentement, timidement mais sûrement. Quand on apprenait à le connaître il était facile à vivre et il plaisantait à longueur de journée.

Loup riait aux éclats tandis que Rudy racontait une anecdote aux dépens de sa sœur. Ils bavardaient sur tout et sur rien mais à un moment vient le sujet de prédilection de tous les villageois en ce moment. Ils parlèrent des morts plus si mystérieuses que ça. Ils avaient pour l'instant eu de la chance, aucun de leurs proches n'avait été la cible des attaques.

Ensemble, ils se dirigèrent vers la petite école qui comprenait une classe pour tout le village. Elle allait de la première année de l'élémentaire à la dernière année de lycée. En tout ils devaient être une trentaine d'étudiantes filles et garçons confondus.

Arrivés dans la cour de la petite école construite suite aux réformes de Jules Ferry, ils rejoignirent leurs camarades assis près du portail. En attendant de rentrer en classe, ils parlèrent de la révélation faite par le maire deux semaines auparavant. Ce sujet était devenu récurrent, Rudy commençait à en avoir marre, car depuis qu'une de ses camarades avait appris par inadvertance son aventure il était devenu la petite star de l'école.

Pouvant parler librement sans un adulte prêt à les reprendre chacun s'épanouissait assez pour donner son avis sur l'histoire. Tous avaient un avis pourtant une méfiance commençaient à s'installer à l'encontre de quelques paroissiens. Les personnes vivant recluses ou encore celle revenant au village après leurs études étaient les principales concernées. Rudy était perplexe, il ne savait pas qui, parmi les siens était l'auteur de ces massacres. Il n'avait pas la moindre idée de qui accusait. Car même, parmi les personnes qu'il connaissait le moins, il n'aurait pu en cibler une.

La cloche finit par sonner et lui et ses compères rentrèrent en classe. Rudy était plutôt satisfait de l'organisation de la classe. Le fait qu'ils étaient tous d'âges différents, créait à chacun une certaine autonomie. Ils n'étaient pas surveillés en permanence ce qui faisait ressortir le côté polisson de certains de ses camarades. Les journées se passaient dans la joie et la bonne humeur malgré les légers différends des uns et des autres.

La journée se déroula de façon peu différente que celle que Rudy avait connue jusqu'à présent. L'unique chose qui différait était que leurs professeurs Monsieur Cohen et Madame Hale leur avaient fait une sorte de prévention. A vrai dire c'était la même depuis deux semaines. Ils répétaient, répétaient et répétaient encore chaque jour et le suivant pour être sûr que les enfants avaient bien compris.

Selon Rudy c'était une bonne initiative, mais cela faisait quand même beaucoup, au bout de onze jours Rudy avait assimilé ce qu'il devait faire ou ne pas faire. Ce n'était pas une solution sur le long terme mais par la suite le village trouverait sûrement une forme de résilience beaucoup plus efficace. Pour l'instant, Thiercelieux faisait son maximum pour se protéger de la menace. Bien qu'à l'avenir il faudrait sûrement l'éradiquer.


Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant