Evans Parsons
L'homme arriva dans la clinique du village. Cette dernière avait été utilisée beaucoup trop de fois, les dernières semaines. La partie qui servait de morgue n'avait jamais été autant usée.
Le brun se rendit directement dans la partie qui abritait les morts. Il suspendit son trench-coat au porte-manteau et s'habilla d'une blouse, d'un masque et de gants chirurgicaux. Il entra par la petite porte et rencontra le visage austère du maire et du chef de la gendarmerie.
Le brun les salua d'un hochement de tête et alla à leur rencontre.
—Que puis-je faire pour vous messieurs ? Les questionna-t-il.
—Je voudrais un rapport de l'autopsie. S'époumona le plus vieux des deux.
Evans acquiesça sans sourciller et leur demanda de quitter la pièce. Les deux s'exécutèrent sans hésiter. Cependant le brun sentit le regard inquisiteur du maire poser sur sa nuque. Lorsque la porte se referma, il soupira.
En effet, il n'appréciait pas le maire. Il se prenait mutuellement pour des idiots. Ce sentiment réciproque créait une rivalité qui ne faisait qu'amplifier à chacune de leurs rencontres. Au point, que désormais ils avaient du mal à communiquer civilement.
Le médecin but un verre qui avait été déposé sur une étagère et commença l'opération. Dans un premier il examina la plaie de la victime. Cette dernière se situait sur le crâne et était profonde de deux centimètres. La lésion était surement due à un objet dur qui avait dû être jeté délibérément sur la victime. Le brun pensait qu'il s'agissait d'une pierre mais il n'avait aucun moyen de le prouver.
Après avoir noté ses recherches, ses analyses et sa conjecture dans un petit carnet, il passa à la deuxième partie. Celle-ci était beaucoup sympathique que la première. Et c'était surement la chose que le médecin détestait par-dessus tout dans son travail.
Evans se saisit d'un scalpel, la lame d'acier inoxydable brillait sous la lumière blanche du néon. Il déposa la lame délicatement sur le haut du buste du cinquantenaire et appuya légèrement. En temps normal, le patient aurait crié et saigné, mais là ce n'était qu'un cadavre sans vie et sans volonté alors le brun enfonça plus profondément la petite lame. Puis, il ouvrit l'entièreté du torse du cadavre. Ensuite, il repoussa la chair et examina les organes internes avec un intérêt et une méticulosité sans pareille.
Les organes vitaux n'avaient pas été endommagés. Ils étaient encore dans parfait état et n'avaient pas commencé à se dégrader après leurs arrêts. Leurs états étaient tellement peu endommagés qu'ils auraient pu être transplantés.
Le brun referma le cadavre pour qu'il puisse être décent lors de l'enterrement puis attrapa son petit carnet et un stylo à l'encre brune. Il s'appuya contre un plan de travail en inox qui couvrait le mur droit de la pièce. Il écrivit quelques annotations que seul lui pouvait déceler. Après tout ne disait pas-t-on que l'écriture des médecins était illisible ? Le brun ne semblait pas échapper à cette norme donc écrivait comme un enfant en bas âge.
Il annota méticuleusement tout ce qu'il avait repéré sur l'homme. Alors qu'il écrivait, il fronça les sourcils, quelque chose n'allait pas. Le brun était persuadé d'avoir raté quelque chose d'important donc il se retourna en direction du cadavre et examina de nouveau la blessure.
Celle-ci se situait sur l'arrière du crâne, il posa délicatement le bout de ses doigts sur la blessure puis commença à palper cette dernière. Alors que la pulpe de ses doigts faisait des petits cercles sur la cicatrice, il se rappela subitement que cette zone du crâne était connue pour être particulièrement sensible et faible.
Le brun se haït de ne pas y avoir pensé plus tôt et se dépêcha d'aller noter cette information sur le petit carnet de notes.
Il resta quelques minutes encore dans la pièce, en se préparant à l'affrontement qui allait suivre. Evans ouvrit la porte puis se dépêcha d'aller dans la salle d'attente, où les deux hommes avec qui il avait conversé plus tôt se tenaient.
Il leur fit signe de la main pour aller dans le bureau occupé par son prédécesseur puis il leur indiqua de s'asseoir et tous deux s'exécutèrent avec une synchronisation quasi parfaite.
Le brun sourit aux deux hommes en face de lui puis commença à leur expliquer ses découvertes. La façon dont le crâne avait été fracassé.
—Pensez-vous que c'était prémédité ? L'interrogea le plus vieux.
Evans arbora une mine concentrée. Il n'avait pas pu déterminer les intentions du tueur. En effet, l'acte aurait très bien pu être "innocent" dans la panique et la violence générale.
Alors Evans répondit calmement au gendarme :
—Je ne peux pas répondre à votre question, il n'y a pas assez de preuves et d'élément pour déterminer si l'acte était intentionnel ou pas.
—Ce n'est pas très grave, je ferais de mon mieux de mon côté et en combinant nos deux analyses nous arriverons à quelque chose. Positiva l'ainée. Faites-moi confiance j'en suis persuadé.
Le maire souffla l'air énervé, il ramena l'attention sur lui et cracha :
—Je suis sûr qu'Angelina aurait pu répondre à nos questions, au moins, elle savait faire son travail.
Les personnes de la pièce retinrent leur souffle, la première était parce qu'elle n'avait encore jamais vu le maire aussi virulent dans ses propos. En effet, le gendarme avait l'habitude de quelqu'un de sérieux d'intelligent et de respectueux. Pourtant, là, la personne qui se tenait devant lui ne détenait d'Elias que son visage.
Le brun, quant à lui avait cessé de fonctionner, il savait que sa relation avec le maire n'avait pas des plus cordial mais il n'avait jamais été autant insulté qu'a l'instant. Plusieurs sentiments commencèrent à prédominer à l'intérieur de son ventre. Le blond venait d'ouvrir la boîte de pandore du brun, laissant s'échapper la colère, et l'orgueil.
Evans, se releva bomba le torse, et fusilla du regard le maire. Il ferma les yeux, souffla un bon coup puis se racla la gorge et ouvrit les yeux avant de déclarer :
—Je vous prierais de sortir, vous n'êtes plus le bienvenu, de toutes façons vous n'avez pas de temps à perdre avec un bon à rien, n'est-ce pas ?
Le blond se leva et annonça d'un air nonchalant :
—Vous n'avez pas tort, alors je m'en vais de ce pas.
Le sourire qu'il adressa à l'autre jeune homme n'était pas un signe de paix entre les deux paroissiens, loin de là. En effet, c'était même le signe de la guerre qui se tramait et qui ravageait le village.

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Est Sauvage
Lupi mannariDans l'Est Sauvage un petit village devient la cible de redoutables créatures nocturnes. Chaque nuit, le cadavre d'un paroissien est retrouvé et tous se retrouvent déroutés par ces attaques qui semblent venir de nulle part. Mais lorsqu'une nuit Rudy...