Chapitre 50

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Victoire William-Anthéa

Les deux jeunes femmes avaient été terrifiées lorsque le hurlement d'un loup avait retenti dans le village. Cette nuit Victoire était venue chez la blanche pour concrétiser leur relation et se réconcilier autour d'un bon repas. Il était évident qu'après les événements de la semaine passée la louve n'allait pas laisser sa compagne rentrer seule un soir où la nuit et les loups pouvaient l'engloutir. En plus depuis qu'elle avait trahi les loups, elle ne pouvait plus garder un œil discrètement sur la brune.

— C'est une nouvelle attaque, demanda Victoire.

La jeune femme paniqua et Ivana ne voulait plus lui mentir alors confirma la suggestion de sa petite amie.

— Oui, ne t'inquiètes pas je te protégerais s'ils décident de venir jusqu'ici.

La jeune femme fronça les sourcils.

— Et les autres villageois que va-t-il leur arrivée ? Ils ne t'auront pas pour les protéger.

Ivana acquiesça à ses dires avant d'oser répondre.

— Il faut parfois être égoïste et je vais l'être ce soir. Je tiens plus à toi qu'à personne d'autre dans la paroisse. Alors je ne veux pas qu'il t'arrive malheur et le seul moyen de te protéger et de rester en permanence avec toi.

Victoire sourit à cette déclaration, elle-même n'était pas vraiment proche des autres villageois. Cela la révoltait bien évidemment de voir les siens décimés. Mais il s'agissait plus d'une question d'égo. La jeune femme en vient à se poser une question primordiale. Elle ne savait même pas comment elle omit de poser cette question à la blanche.

— Pourquoi attaquez-vous le village ? Qu'est-ce-que les humains ont fait pour mériter ce châtiment.

La jeune femme s'était retournée vers la blanche. Celle-ci surement embarrassée ou tout simplement mal à l'aise continua à fixer le plafond.

— Il y a vingt ans. Lorsque j'étais encore un bambin. Le manoir où vivait ma meute a été attaqué. Des humains avaient mis le feu à l'immense maison et nos parents se sont battus contre ses ordures pour nous laisser le temps de nous échapper.

La jeune femme prit une longue respiration puis se tourna en direction de Victoire avant de continuer tout en la fixant dans les yeux.

— Je ne me souviens pas très bien de cette soirée, j'étais encore petite et mon cerveau était tellement traumatisé qu'il en a oublié une majeure partie des souvenirs. Cependant, je peux encore voir le visage dévasté de ma mère et la fumée s'élever de la maison lorsque nous courions en pyjama dans la forêt. Je me rappelle encore mes pieds en sang après avoir couru si longtemps sur des cailloux et des épines de sapin.

La jeune femme avait les yeux dans le vide elle semblait revivre ses souvenirs en même temps qu'elles les racontaient. Victoire eut un mouvement compréhensif en touchant doucement les cheveux de la blanche. Mais cette dernière était désormais loin de là et elle ne sentit pas la présence de celle qu'elle aimait. Elle était seule dans ses souvenirs qui lui revenaient petit à petit en mémoire. Il réapparaissait miraculeusement et défilait dans la tête de la blanche.

— Plus nous nous éloignions moins nous entendions les cris de nos parents. Ils auraient pu décimer nos attaquants mais ils se sont sacrifiés pour être le centre de l'attention et nous permettre de nous enfuir.

Des larmes coulèrent le long des joues de la jeune femme, ses yeux ne tardèrent pas à rougir et ses épaules tressautèrent.

— Je suis responsable de leurs morts, si mes parents n'avaient pas cherché à tout prix à me protéger, ils seraient encore en vie.

La voix de la jeune femme se fêla sous l'émotion.

— Je me souviens du sourire de ma mère et des yeux rieurs de mon père. Ils doivent être si déçus de moi de ne pas avoir réussi à tuer les ennemis qu'ils les ont massacrés. Je les ai trahis pour toi, Victoire. Je t'aime mais eux aussi je les aimais alors je suis tiraillé entre les camps. J'ai fait mon choix et je ne le regrette pas, eux son mort toi, tu es bel et bien vivante. Cependant, quand je repense à cette nuit et à eux, je me demande s'ils peuvent être fiers de moi alors que je les aie trahis.

Victoire laissa elle aussi échapper une larme qui coula le long de sa pommette. La blanche la regarda lentement coulée. Elle ne pouvait pas s'empêcher de la fixer. Un silence s'installa alors que la gouttelette d'eau salée descendait dans le cou de la brune. L'autre jeune femme tendit doucement sa main puis alla cueillir la larme.

Elle la porta sous son nez puis la renifla. Enfin, elle sembla sortir de cette bien étrange transe. La blanche se rendit compte que Victoire pleurait. Elle réalisa que ses mots avaient pu la blesser. La jeune femme ouvrit complètement ses yeux sous l'étonnement. Elle n'avait pas eu conscience de parler et encore moins de dire ce qu'elle dit.

— Je suis désolée, je ne pensais pas mes mots. Je n'étais même pas consciente de te parler alors s'il te plait n'en tient pas compte. Je ne fais que des gaffes en ce moment mais c'est parce que c'est tout nouveau pour moi. Alors je me répète s'il te plait oublie ça.

Victoire secoua sa tête et laissa échapper un doux rire.

— Ta tête, lorsque tu paniques est vraiment trop mignonne. En fait, j'ai laissé échapper une larme parce que j'ai vraiment été touchée par ton histoire. Je ne t'en veux absolument pas pour ce que tu as pu dire.

Elle prit le visage de la blanche entre ses mains.

— Je te le promets. Et je suis désolée de ce qui a pu t'arriver. Sache que ce n'est pas de la pitié que je te témoigne mais plutôt une certaine forme de compassion.

La blanche haussa ses sourcils avant de la prendre tendrement dans ces bras et de simplement laisser échapper :

— Merci.

Elle n'avait pas besoin d'autre mot pour communiquer à ce moment ses sentiments. Les deux femmes n'avaient plus aucun secret l'une pour l'autre. Elles semblaient désormais connectées. Elles n'avaient aucun mal à sentir les émotions de l'autre et à être connecté.

Les amantes se serrent encore plusieurs minutes dans leurs bras avant de se séparer et que Victoire ne recentre la conversation.

Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant