Est Sauvage

Chapitre 56

Ivana Tobins

Le cri d'un loup se fit entendre. Ivana se dépêcha de faire un pas de plus en direction du village. Le trio courait jusqu'à un endroit assez grand pour que la jeune femme puisse se transformer.

Aller au manoir avait été une mauvaise idée, que la blanche regrettait fortement. Elle avait laissé le village sans défense. Les paroissiens étaient en danger. Après tout, elle était la seule à pouvoir rivaliser avec ses congénères.

— Là-bas, indiqua Valentin du doigt. Je pense que tu peux te transformer.

Ivana acquiesça à se dire puis ne tarda pas à se déshabiller. Elle enleva en vitesse son dernier vêtement puis commença sa mutation. Celle-ci était difficile et douloureuse, mais la jeune femme avait fini par s'habituer au fil du temps.

Victoire et Valentin se dépêchèrent de monter sur le dos de la blanche et se positionnèrent comme à l'aller. La louve se mit à courir, bondir et slalomer entre les arbres. Ils dépassèrent bien vite le cromlech de la forêt. Et ne tardèrent pas non plus à arriver au village.

La louve bondit hors des fourrés et n'arrêta même pas sa course à l'orée des grandes plaines. Se faire voir et reconnaitre ou pire chassé était bien à ce moment, le cadet des soucis de la blanche.

Elle bondit dans la rue principale du village. Lorsque Victoire et Valentin furent descendus, la louve commença sa mutation dans une ruelle parallèle.

La jeune femme n'était pas pudique, après tout chez loup, la nudité était normale surtout après la mutation. Cependant, les humains ne possédaient pas les mœurs et Victoire serait devenu rouge de jalousie si la blanche avait osé faire ça à la vue de toute.

Ivana aurait bien voulu voir cette réaction mais ce n'était décidément pas le moment.

— Il y a un feu, s'exclama Valentin en pointant du doigt le ciel.

Les deux jeunes femmes relevèrent la tête dans la direction montrée par le brun. Une intense fumée s'échappait d'un bâtiment. Les flammes semblaient se propager au bâtiment proche.

Victoire fronça ses sourcils sous le regard intrigué de la blanche puis elle affirma :

— Je ne sais pas ce qui pourrait cramer.

Valentin ferma ses yeux puis fronça ses sourcils. Il semblait être dans un état d'extrême concentration.

— En tout cas, j'ai un mauvais présentement, dit la blanche.

Ivana avait un très bon instinct. Il était particulièrement fiable et la jeune femme ne manquait pas une occasion de l'écouter. Le plus souvent, lorsqu'elle ne le faisait pas, les conséquences n'étaient pas joyeuses.

— Oh, non. J'espère que ce n'est pas ça, murmura Valentin.

Le ton de la voix du jeune homme alerta immédiatement les deux amantes.

— ça, quoi, demanda abruptement la brune.

Valentin reporta son attention sur Victoire.

— La clinique.

Il se racla la gorge avant de recommencer.

— Je pense que ce qui est en train de bruler, c'est la clinique.

Ivana écarquilla des yeux pendant que la bouche de Victoire s'entrouvrait sous la surprise.

— J'ai un mauvais pressentiment.

L'instinct de la blanche était très développé, il ne se trompait presque jamais.

— Il peut encore s'agir d'un bâtiment à côté, non ? Supposa la brune.