Chapitre 43

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Elias Bridgestone

Le blond resta plusieurs heures devant la tombe de ses défunts parents. Éden resta contre lui au début mais elle finit par le quitter pour le laisser méditer. Elle devait savoir que dans ces moments-là le blond parlait aux morts.

En effet, peu de temps après son départ, Elias commença à murmurer un flot continu de mots. Il ne s'arrêtait même pas pour reprendre sa respiration et se contentait de respirer par le nez.

—Je vous aime, je vous vengerais, je vous promets de sauver votre honneur.

Ses phrases n'avaient ni queue ni tête. Par moments, il se mettait même à délirer et commençait à tenir des propos sur son enfance et ce qu'il aurait imaginé vivre si sa famille était encore du même monde que lui.

Sa voix finit bien évidemment par se briser mais cela ne l'arrêta pas, il continua à réciter son mantra dans sa tête. Chaque mot était soigneusement pensé et était reconnu comme une prière. Le blond, lui-même ne savait pas si tout ce qu'il faisait été adressé à ses parents ou une entité supérieure en qui il avait foi.

En fin d'après-midi, Éden vient le chercher et l'en mena sans vraiment qu'Elias s'en aperçoive. Elle le plaça sur une chaise d'un petit patio puis elle revient avec le diner. Ce dernier se passa dans un silence respectueux. Les deux blonds n'osaient pas parler alors qu'ils étaient dans le lieu de mort de leurs parents.

Elias se mit à manger avec des gestes mécaniques. La douleur avait anesthésié les sensations qui auraient pu l'atteindre en temps normal. Il ne s'aperçut même de ce qu'il mangeait. Il aurait pu ingurgiter un rat crut qu'il ne s'en serait pas rendu compte.

Éden sembla le remarquer mais elle n'eut la gentillesse de ne poser aucune question et de faire aucune remarque. Dès que le blond eut fini son assiette elle la débarrassa et le laissa tranquille.

Elias du passer encore quelques heures sur sa chaise. Il reprenait peu à peu conscience en observant le soleil se coucher de l'autre côté du globe. Le ciel avait pris une couleur orangée mais elle semblait aussi mélangée à du rosâtre.

Le blond se demanda de quelles couleurs il avait besoin pour peindre ce magnifique paysage. Puis il se questionna sur la dernière fois qu'il avait peint. Il ne sut pas répondre à cette question et il s'aperçut que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pris du temps pour lui avec l'exécution de leur vengeance.

Il soupira, il était fatigué par tout cela. Malheureusement, il ne pouvait pas s'arrêter comme ça. Il se le refusait. Le blond n'était pas près d'abandonner ce qu'il avait mis tant de temps à accomplir.

Les dernières lumières du soleil se noyaient dans l'obscurité la plus profonde. Elias regarda l'astre plonger dans les ténèbres comme lui avait été plongé dans les ténèbres à la mort de ses parents.

Lorsqu'il se posait des questions sur ses objectifs et ses motivations, il pensait au sourire de sa mère et à la fierté qui brillait dans les yeux de son père. Dans ces moments, comme par magie, sa rage recommençait à bruler.

Le blond n'eut plus rien à voir lorsque le soleil fut définitivement couché alors il décida de rentrer à l'intérieur de la veille bâtisse.

Le manoir de la famille, lorsqu'il était encore en parfait état était la parfaite réincarnation des maisons hantées contée dans les livres de paranormal. Cependant, même s'il paraissait dangereux de l'extérieur, il était tout le contraire avec l'atmosphère chaleureuse qui se dégageait des habitants.

Les humains avaient toujours trouvé cela étrange, bizarre. Une communauté de personnes qui vivait ensemble et qui n'étaient pas de la même famille était forcément une secte aux yeux de l'autre espèce.

C'était surement ce qui avait poussé les paroissiens à attaquer le manoir. Ils haïssaient la différence. Elias eut un sourire machiavélique, il se dit que les villageois allaient être servis, eux qui n'aimaient pas la différence, ils finiraient tous six pieds sous terre.

Elias salua sa sœur et alla s'asseoir sur un plan de travail de la cuisine. Il agita sa main, pour lui signifier de le rejoindre.

Lorsqu'elle arriva, il entra directement dans le vif du sujet :

—Je compte appeler les autres loups et leur ordonner de nous rejoindre.

Éden fronça les sourcils avant de rétorquer :

—Il ne serait pas plus intelligent de laisser des indics au village ? Je pense qu'il faut avoir un minimum de nouvelle pour que l'on ne se fasse pas attraper par surprise. Je pense que ton idée est mauvaise.

A cet instant Éden vit la tête de son frère devenir encore plus sombre qu'elle ne l'était déjà. Quand, il était de mauvaise humeur, il détestait être contredit. Pour pouvoir continuer tranquillement la discussion la blonde se rattrapa comme elle put.

—Il ne faudrait pas trouver une alternative. Ce n'est pas forcément la bonne décision.

Au plus grand bonheur de la blonde, le visage de l'ex-maire se défroissa quelque peu. Eden n'avait pas l'air d'aimer quand son frère arborait cette expression. Elle semblait stressée que quelque chose lui arrive.

Le blond se mit à réfléchir, il trouvait que l'idée d'Éden n'était pas bête. Cependant, il pensait qu'il était suffisamment en sécurité dans le manoir et que les humains ne les trouveraient jamais. En plus, il avait besoin de ses congénères pour finaliser et concrétiser son plan.

—Nous sommes en sécurité ici, en plus, tu sais très que nous aurons besoin de main-d'œuvre pour finir cette tâche.

Éden haussa les épaules puis elle se retourna en direction du couloir. Cela voulait dire qu'elle remettait la décision finale entre les mains de son frère. Elle avait donné son opinion, cela n'était désormais plus de son ressort.

Elias se leva à sa suite puis alla dans le jardin. Sous le clair de lune, il se transforma. Ses os craquèrent. Son squelette se reforma puis sa peau muta à son tour.

Désormais, un gros loup trônait au milieu verger. Il avait remplacé l'homme qui se tenait quelques instants plus tôt. Le brun montrait sa véritable nature qu'il avait cachée pour mieux tromper les villageois.

Le lycanthrope leva sa mâchoire en direction de la lune puis un dangereux et puissant hurlement sorti de ses entrailles. Le bruit porta sur plusieurs centaines de kilomètres. Les villageois l'entendirent comme si Elias était dans leurs dos.

Les autres loups comprirent le signal qui était passé dans la voix de leur chef. Il devait être au manoir dès le lendemain au coucher du soleil. Si un d'eux manquait à l'appel, il serait désigné comme traitre au clan et serait pourchassé et tué au même titre que les humains.

Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant