Chapitre 16

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Gabriel Deakin

Quand le crépuscule laissa sa place à la nuit, le jeune homme sorti de sa maison. Attentif au moindre mouvement, au moindre bruit, au moindre frémissement, il se dissimula dans l'ombre pour ne pas se faire remarquer et tuer. Il prit alors le chemin qu'il avait emprunter des semaines auparavant quand il pensait que son don fonctionnait encore.

Les cheveux étincelant sous l'éclat de la lune rousse, il essayait tant bien que mal d'être discret. Il devait protéger les deux âmes en évitant de se faire tuer puisque ce n'était pour l'instant pas au programme.

Il atteignit bien vite la limite du village, cette barrière qui servait de protection contre les loups. Les rumeurs disaient que si on franchissait cette frontière la nuit tombée, on se faisait immédiatement déchiqueter par une bête aussi grosse qu'une montagne et aux crocs aussi long que des troncs d'arbres.

Les maisons cédèrent leurs places aux grandes plaines de l'Est sauvage. Aujourd'hui contrairement aux autres nuits, les plantes ne créaient pas un halo de lumière. La luminosité que dégageai la lune au reflet cuivrée était telle que l'on voyait presque comme en plein jour. La brume qui parsemait cette nuit se teintait de cuivre sous les reflets de la lune. Gabriel frissonnait il avait l'impression que des brumes de sang s'emmêlaient autour de lui et l'étouffait inexorablement. Il était peu rassuré. Il voulut se trouver à proximité d'un de ses congénères, il marcha d'un pas rapide jusqu'au moulin et grimpa dans l'arbre qui se trouvait à côté.

Assis sur l'une des premières branches de l'arbre, il observa les moindres faits et gestes de l'habitante du petit moulin. Il avait choisi de protéger en priorité cette maison puisqu'elle était particulièrement exposée au danger. Elle se trouvait à l'écart du village dans un coin isolé de la vallée, pourtant la personne qui résidait avait décidé de rester caché à l'intérieur de celle-ci. Alors que les dernières flammes finissaient de s'éteindre dans l'âtre, la porte s'ouvrit dans un grincement sonore et une silhouette se retrouva dans l'ombre du perron.

Cette dernière prit la direction de la forêt. Son pas était rapide et agile, si Gabriel ne descendait pas vite de son arbre, elle lui filerait entre les doigts. Les hautes herbes engloutissaient une partie de son corps, elles semblaient menaçantes sans la floraison qui apportait d'habitude une lumière douce et apaisante.

Quand elle fut à l'orée de la forêt, Gabriel se dépêcha de descendre de son arbre, il la suivit, se déplaçant comme un fauve invisible aux yeux de sa proie. Il courut, slalomant entre les arbres, il restait à une distance respectable d'elle.

Ses cheveux volaient dans le vent froid de la nuit. Gabriel se sentait revivre par les sensations que lui procurait cette course en pleine forêt et la découverte de ce paysage jusqu'alors inconnue. La nuit rendait l'endroit aussi beau que terrifiant. Alors que Gabriel courait, sa cible s'arrêta, elle était au milieu d'un cercle de pierre.

Le jeune homme qui était un bienveillant sentait que cet endroit n'était pas sans histoire. La magie qui sommeillait en ce lieu était puissante et dévastatrice. Pourtant quand elle le caressa il en fut hypnotisé, une force mystérieuse l'attirait. L'appel de sa nature le rendait euphorique. Il avait envie de se laisser attirer auprès de cette impressionnant édifice. Celui-ci devait dater de plusieurs millénaires avant sa naissance. Il était si vieux que même les plus vieux êtres magiques ne savaient plus comment l'utiliser.

Gabriel reprit ses esprits au dernier moment, il allait avancer dans la clairière, obnubilé par la magie ambiante. En l'observant il trouva sa cible de plus en plus suspect, pour mieux l'analyser il se déplaça en silence. Il alla se cacher dans l'ombre d'un arbre à la lisière du cercle de pierre où la jeune femme se trouvait. Elle se tenait droite sous les rayons de la lune. La tête légèrement inclinée en direction de l'astre.

La jeune femme tomba soudainement au sol. A quatre pattes, elle semblait souffrir le martyr. Sa tête se releva dans un cri douleur muet. D'horrible craquement se faisait entendre. Les nerfs, les muscles, la peau et les os se détruisirent pour reprendre une nouvelle forme. Ces organes malmenés créaient une douleur qui aurait été insupportable pour n'importe quel humain lambda. Le jeune homme n'osait pas imaginer la douleur qu'était cette transformation. Au milieu du processus, avant que le poil ne pousse, le lycanthrope ressemblait à un animal venant de naitre. C'est à dire sans poil, rachitique et brillant d'une substance gluante. Pourtant à la fin de la transformation, la louve était plus grande qu'un loup de taille lambda, elle se différenciait également par ses yeux rouges comme un rubis. D'un mouvement majestueux elle se leva et la gueule lever vers la lune, elle hurla un magnifique son. D'autre loup lui répondit, satisfaite, elle fit un bond qui frôlait la limite de l'entendable. Ses muscles la propulsaient si haut qu'on aurait dit qu'elle volait. Le temps qu'elle s'enfonce dans la forêt Gabriel eut le temps de reprendre ses esprits. Il s'enfonça dans son domaine, la suivant avec vigilance.

Gabriel eut du mal à rester à sa hauteur, bientôt il l'a perdu de vue. Il était seul au milieu des bois et n'avait pas pensé au fait qu'il ne connaissait pas très bien la région. Le foret était un lieu dans lequel il avait préfère ne pas s'aventurer auparavant. Cela faisait seulement deux ans qu'il c'était établi dans le patelin. Il continua tout droit ne savant pas vraiment où il allait. Les hautes branches des arbres l'empêchaient de voir où se situait la montagne, le seul élément du paysage grâce auquel il aurait pu se repérer. Il arriva devant un gros caillou qui le surplombait d'au moins quatre têtes. Il contourna et s'arrêta soudainement. Derrière ce dernier se trouvait le loup prêt à attaquer face à un jeune garçon sanguinolent.

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Hey !!!

J'ai réfléchi et j'ai assez de chapitre pour en publier un par semaine. Ça vous irait un nouveau chapitre chaque week-end ?

Aimer

Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant