Est Sauvage

Chapitre 1

Angelina Adams

Les rayons du soleil frappaient le corps de la jeune femme encore endormie. Après plusieurs minutes où elle peinait à se réveiller, elle décida subitement de se lever. Répétant des gestes précis et familiers, elle commença à se préparer pour la journée qui l'attendait. Passant devant le miroir, elle prit quelques minutes pour s'observer. Angelina était plutôt grande et fine, ses longs cheveux bouclés de métisse lui arrivaient au bas des reins. Quant à ses yeux ils étaient d'un marron chocolat qui rayonnait de joie. C'était une fille qui avait toujours le sourire aux lèvres et qui en général mettait tout le monde à l'aise.

Après s'être préparé Angelina descendit les escaliers, elle s'aperçut vite que quelque chose clochait. En effet son petit frère, Rudy était absent. Elle le chercha dans la maison et ses alentours mais ne le trouva nulle part. Elle prit alors le chemin de la maison de ses voisins, Monsieur et Madame Fuller. Rudy avait l'habitude de leur rendre visite. Arrivé devant la petite chaumière, elle toqua et entra. Elle s'attendait à trouver son frère attablé à la petite table de la cuisine avec les deux septuagénaires, comme il le faisait chaque week-end.

Cependant, lorsqu'elle arriva dans la pièce elle fut étonnée de ne pas trouver Rudy. Il aurait dû se trouver là, mais quand elle questionna ses deux voisins, Madame Fuller l'informa qu'ils n'avaient pas vu Rudy depuis la veille, où il était venu déjeuner avec eux comme à son habitude.

Angelina commença à s'inquiéter, car ce n'était pas dans les habitudes de son frère adoptif de disparaître de cette manière. Il y avait un détail qui lui échappait, ce qui faussait son raisonnement. Faisant part de son inquiétude à ses voisins, elle commença lentement mais surement à paniquer.

Monsieur Fuller avec tout le tact dont il était capable, lui rappela que les mystérieuses morts des nuits précédentes pouvaient être en rapport avec la disparition de Rudy.

La brune, qui ne voulait pas alerter ses deux voisins sur son état de détresse, se dépêcha de les saluer et de rentrer chez elle.

Sur le chemin du retour, une terrible chaleur sembla s'échapper d'elle. Elle suait à grosses gouttes et devient vite poisseuse et collante. Ses émotions tourbillonnaient et se battaient dans son ventre. C'était cela qui lui valait une monstrueuse fièvre. Son cœur commençait à battre à un rythme effréné et l'air manquait dans ses poumons. Elle luttait pour continuer à avancer alors qu'elle imaginait mille et un scénarios, tous pire les uns que les autres. Tantôt, elle pensait au corps déchiqueté de son frère, tantôt elle inventait le roux lui esquissant son plus beau sourire.

Elle monta les quelques marches du perron et se retrouva devant sa porte. Elle fouilla dans le bizarre de ses poches et finit par trouver son trousseau de clefs. Elle déverrouilla la porte, passa dans le vestibule et se dépêcha de se rendre dans son salon. Celui-ci était somme toute assez banale mais il comportait une large méridienne sur laquelle elle se pressa de s'avachir.

Ses émotions continuaient de se mélanger et l'épuisaient de plus en plus. Sans qu'elle n'en eût conscience, elle s'endormit avant d'avoir pu amorcer le moindre geste.

À son réveil une tempête faisait rage à l'extérieur. Le ciel s'était assombri et possédait des nuages d'un noir encre. Les dieux de la foudre et du tonnerre se déchainaient contre les paroissiens. Les volets claquaient contre les murs de la maison. Ils étaient battus au rythme des différents vents. Cela créait une cacophonie qui aurait dû réveiller la brune depuis longtemps.

La pluie battait le sol et les carreaux de fenêtres. Elle s'abattait avec une telle dureté qu'elle en brisait presque le verre. Elle était si violente, qu'elle s'introduisait dans chaque interstice de la bâtisse et nettoyait le moindre grain de saleté.

Du haut de la colline qui surplombait le village, les nuages donnaient naissance aux éclairs éclairant la pénombre ambiante. On disait souvent que la foudre ne tombait jamais au même endroit pourtant, il y avait tant d'éclair que la jeune femme doutait que cela soit vrai. Le ciel grondait en permanence si bien que l'on ne pouvait pas identifier la source du bruit.

Angelina n'avait pas rarement vu une tempête aussi puissante. Celle-ci était habituelle dans cette partie du continent, lors du changement de saison. Cependant, il était assez rare d'en observer d'aussi dévastatrice.

La brune habituée à ces orages, se dépêcha d'enfiler une veste de pluie. Elle ouvrit à peine la porte que celle-ci alla s'écraser avec force contre le mur. Elle se hâta de la refermer puisque la pluie avait déjà commencé à tremper le parquet de l'entrée.

Armée de sa lampe électrique, elle s'activa à barricader les volets. Le vent essayait de l'emporter, il tourbillonnait autour d'elle, faisant voleter sa veste. La tache se releva ardue pour la jeune femme, les éléments n'étant pas de sont cotés faisaient tout pour qu'elle ne réussisse pas sa besogne.

Lorsque le dernier fut rabattu, elle entendit le hurlement d'un loup, la jeune femme se crut en train d'halluciner, puisque la région n'abritait plus de descendants de Lycaon depuis longtemps.

Angelina finit par vaincre l'essence de la tempête et put enfin rentrer chez elle. Dans sa maison, elle alla dans sa salle de bain prendre une serviette douce et soyeuse et se sécha. Après s'être assuré de ne pas pouvoir attraper la mort. Elle alla dans son salon et supplia tous les dieux qu'elle connaissait de lui rendre son frère et de veiller sur lui.