Chapitre 26

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Elias Bridgestone

Le maire du petit village de Thiercelieux sentait le mépris et la colère monter plus les minutes passaient. Les habitants étaient déchainés et chacun alimentait la colère des uns et des autres. L'agressivité ambiante rendait l'air presque irrespirable. Le blond se sentait étouffé par les vapeurs d'antipathie que rejetaient certaines personnes de la pièce. Il alla s'appuyer contre un meuble, au fond de la pièce et reprit ses esprits avec une grande goulée d'air.

Il revient quelques minutes plus tard, mais les paroissiens en étaient restés au même stade leur discussion. Ils en avaient assez d'être les proies et souhaitaient en quelque sorte devenir les prédateurs. Cependant, leur souhait allait être difficile à réaliser puisque le rapport de forces entre les deux camps n'était pas le même. De plus comme les loups se cachaient et vivaient parmi les habitants, Elias était persuadé que les plus virulents s'attaqueraient aux mauvaises personnes puisqu'ils accuseraient sûrement aux personnes qui vivaient recluse. D'autre part certains en profiteraient pour faire accuser les personnes qu'ils n'appréciaient pas. Le blond allait devoir veiller à réguler le tout pour qu'aucun habitant ne meure d'une façon aussi tragique. La première étape allait être de calmer la colère qui les consumait à petit feu.

—Il faut les abattre avant qu'il ne nous tue tout. Hurla une brune à l'allure escogriffe. Elle devait être âgée d'une quarantaine et semblait être une des plus virulentes.

Le reste du comité présent lui cria son accord en faisant écho à ses paroles. Elias s'imposa pour tenter d'apaiser la réunion qui commençait à s'envenimer.

—Allons, mes amis, ceci est une mauvaise idée, le blond laissa sa phrase en suspend avant de la reprendre, il faut rester soudé, parce que les loups n'attendent qu'une chose : que nous nous entredéchirions.

Une vague de murmure suivit ses paroles, une approbation semblait se dégager de la foule, malheureusement pour le maire la plupart des villageois campèrent sur leurs idées. Ils semblaient sourds aux arguments divergents de leurs façons de pensées.

Elias ne savait plus quoi faire, de plus il avait peur que les habitants se laissent aller à leur noir dessein et ne tue pas un être reculé, étrange, anormal, qui leur était différent. Il décida alors de faire une chose qui le répugnait. Il appela le chef de la police du village et lui ordonna d'arrêter toute personne ou tout groupe menaçant de s'en prendre à une autre personne. Il n'aimait faire preuve de violence ou abuser de son autorité mais pour ce qu'il considérait être le bien commun, il pouvait bafouer ses valeurs et arrêter les récalcitrants.

Le policier aux cheveux poivre et sel sépara la foule, et sous plus de protestation qu'il n'aurait dû en avoir, il fit repartir les paroissiens chez eux. Par la suite il chargea ses hommes de vérifier que le groupe ne se reformait pas un peu plus loin. Puis il revient voir le blond et l'informa de la situation. Ce dernier l'invita à boire un verre. Alors, tous les deux, ils se dirigèrent vers le petit bistrot du village. Le patron vient les accueillir les bras ouverts. On leur offrit leur consommation, et ils allèrent s'asseoir sur la table un peu à l'écart.

—La vie continue bien que la menace plane toujours sur nous, pensa l'ainé à voix haute.

Il avait enlevé son long manteau et son chapeau et s'était posé sur une des veilles banquette de cuire.

—Oui, c'est vrai mais je pense que c'est mieux ainsi. Les gens ont le droit de pouvoir penser à autre chose. Ce serait intenable si nous luttions en permanence.

Le policier laissa un silence s'imposer, ce n'était pas gênant puisque les deux hommes étaient tous deux perdus dans leurs pensées. Ils reprirent une longue gorgée de leur boisson alors que le brun grisonnant ajoutait :

—Ce qui s'est passé tout à l'heure, ça me fait vraiment peur, je redoute que quelqu'un ne soit blessé.

Il releva les yeux vers son interlocuteur lui faisant passer toutes ses craintes face à la situation actuelle.

Elias détourna le regard après un moment aussi intime. Pour cacher son malaise, il fit tournoyer le liquide coloré de sa boisson sous la lumière d'une lampe.

Le maire réfléchit avec soin particulier aux mots qu'il allait employer, il se devait d'être rassurant, et que l'on ne se méprenne pas sur ses intentions. De plus, comme le chef de la police était extrêmement respecté, il lui serait d'un grand soutien par la suite. Si Elias voulait gérer la situation de crise efficacement, il se devait de le rassurer pour qu'il soit dans les meilleures conditions possibles pour le seconder dans cette phase difficile.

—Je comprends, mais il faut que tu m'aides à rassurer la population, pour qu'elles ne fassent pas d'acte irréfléchi. Tu le comprends n'est-ce pas ?

Son ainé frotta sa barbe du bout des doigts, et affirma son entière confiance envers le maire en posant une main sur son épaule en le regardant dans les yeux. Il se rassit après ce geste et prit une longue gorgée de sa boisson.

—Je suis d'accord avec toi, ça me paraît être la meilleure solution.

Alors qu'il disait ces mots, il se leva remis son manteau et son chapeau. Il salua le blond et s'en alla en lui signifiant :

—Je m'en vais prévenir mes hommes, alors je te souhaite une bonne fin de soirée.

Il partit du petit bistrot sous une lune d'un noir profond. Un vent glacial faisait valser les pans de son long manteau et l'obligeant à tenir son chapeau contre son torse alors qu'il luttait pour avancer et sauver le village.

Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant