Chapitre 3

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Élias Bridgestone

Le maire du petit village entra dans la chambre et demanda à Angelina et Rudy de venir dans son bureau pour qu'ils puissent parler de la situation. Ces deux visiteurs acceptèrent de le suivre, ils sortirent de la pièce et Éden partit vaquer à ses occupations. Elle allait sûrement rédiger un article et à vrai dire quand on était la sœur du maire, il n'était pas bien difficile d'avoir les meilleurs scoops.

L'homme jeta un coup d'œil derrière lui pour vérifier que la femme et l'enfant le suivaient toujours. Il tourna pour prendre un nouveau couloir, dans le labyrinthe que formait le petit manoir qui faisait office de mairie. Car en ce lieu il était plus que facile de se perdre. Arrivé devant une grosse porte en chêne, il l'ouvrit et les fit entrer sans plus de cérémonie. Dans son bureau Élias s'assit sur son fauteuil en cuir et finit par reporter son attention sur les deux personnes assises en face de lui. Il choisit ses mots avec soin afin que l'enfant puisse l'aider de son mieux.

— Rudy, tu peux nous expliquer ce qui t'est arrivé cette nuit-là ? Lui demanda Élias de sa voix la plus douce.

Le petit garçon prit quelques secondes de réflexion avant de déclarer :

— Je ne sais plus trop ce qui s'est passé, il releva la tête et ses yeux traduisaient de multiples émotions, parmi les principales il y avait de la peur, de l'incompréhension ainsi qu'une force d'esprit qui serait sûrement mise à rude épreuve dans un avenir proche. Tout est si flou, continua-t-il, je ne sais même pas si ce que j'ai vu n'est pas tout simplement des hallucinations.

Elias insista sur le fait que même si Rudy n'était pas persuadé de ce qu'il avait vu, c'était pour l'instant la seule piste qu'ils avaient. Et Elias était bien décidé à l'explorer jusqu'au bout, alors il incita le garçon à continuer son histoire.

Tandis que Rudy reprenait son récit, Elias, lui, enregistrait et examinait chaque détail avec une attention toute particulière.

— Ils m'ont attiré dehors et quand je suis arrivé au point de rendez-vous, ils ont commencé à me pourchasser.

Pendant que Rudy reprenait son souffle, Angelina se décida à intervenir :

— Parce que maintenant tu as rencard avec des meurtriers en pleine nuit ? Ironisa Angelina, faisant part de sa désapprobation. Rudy baissa la tête, fautif, il comprenait la colère de sa sœur.

Elias quant à lui était perplexe :

— Tu peux développer la façon dont ils t'ont contacté ?

Rudy lui répondit précipitamment :

— J'ai reçu un mot, il n'était pas signé mais on aurait dit une lettre importante. Ils me demandaient de les rejoindre au cercle de pierres. Il déballa cela si vite, qu'a la fin de sa phrase il était essoufflé. Rudy avait l'impression que plus il raconterait vite son histoire, plus vite il passerait à autre chose. Arrivé là-bas, j'ai senti que quelque chose n'allait pas, poursuivie-il. Je ne sais pas comment l'expliquer mais j'ai décidé de rentrer chez moi sur-le-champ, je me sentais menacé.

Rudy fit une pause et chercha l'approbation des adultes avant d'ajouter :

— Sur le chemin du retour j'ai entendu des bruits inhabituels, des halètements ainsi que des bruits de pas. Les oiseaux ne faisaient plus de bruit, je me sentais en danger. Alors je me suis mis à courir parce que j'avais peur et je me souvenais des morts des nuits précédentes.

Rudy se mordilla la lèvre peu sûre de lui, mais continua son récit :

— Je sais que cela peut paraître fou mais lorsque je me suis tordu la cheville j'ai vu un énorme loup.

Angelina soutient ses dires, en leurs apprenants qu'elle avait, elle est aussi entendue le hurlement d'un loup, la nuit dernière.

Elias quant à lui était sceptique, il n'y avait pas de loup dans la région, pourtant il ne pouvait ignorer que deux personnes différentes, à deux moments différents attestait avoir vu ou entendu l'animal.

Rudy prit de nouveau la parole :

— Vous allez peut-être me prendre pour un fou mais il y a quelque temps j'ai lu un livre à la bibliothèque, qui parlait de personne pouvant se transformer en loup. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, pour moi il s'agirait de la raison la plus logique pour laquelle des loups soient dans la région ?

Elias et Angelina prirent quelques secondes de réflexion. Angelina, elle, ne trouvait pas cette solution plausible, Elias quant à lui était de l'avis qu'il fallait prendre en compte toutes solutions possibles.

Il demanda à Rudy s'il se souvenait de la référence du livre pour qu'ils puissent approfondir cette hypothèse.

L'homme raccompagna la jeune femme et son frère jusqu'à la sortie. Il s'en alla lui-même jusqu'à l'ancienne bibliothèque qui avait fait la fierté de ses prédécesseurs. Arrivé à l'accueil il demanda qu'on lui donne le livre que Rudy lui avait recommandé.

Il parcourait quelques pages avant de trouver la bonne, arrivé à celle-ci il commença la lecture d'une page illustrée d'une image de film d'horreur :

" De tous les monstres et créatures qui hantent nos contrées, il n'en est guère de plus étrange ni de plus mortel que le loup-garou, connu également sous le nom de lycanthrope. * À la nuit tombée, il tue sans distinction toutes personnes se trouvant sur son chemin. Il fait partie un plus redoutable surnaturel connu à ce jour. Réputé pour sa perfidité, il se cache souvent au sein du village, qui est la cible de ses attaques."

En haut du page se trouvait une annotation faite à la main :

"Faire attention extrêmement maléfique"

Elias ferma en vitesse le bouquin, le rangea et prit vite la direction de sa maison.

Sur le chemin il décida de faire une allocution pour prévenir les habitants du petit village. Il était désormais persuadé, après avoir lu le texte, qu'il tenait le pourquoi du comment des mystérieuses morts des nuits précédentes. Cependant le livre n'expliquait pas comment se débarrasser de la menace.

Elias décida de positiver et de se dire qu'il avait déjà bien avancé par rapport à hier et que demain il ferait encore un pas de plus pour résoudre le problème. Mais, surtout ce qui l'inquiétait, était la réaction des paroissiens. Car en cas de crises les humains pouvaient se montrer violents. Dans ces conditions les villageois voudraient sûrement riposter. Et ce serait un vrai carnage. Ils ne savaient même pas qui accusait. Ce seraient les personnes différentes qui seraient soupçonnées en premier et peut-être même pire : tuées. Les humains reclus ou exclus qualifiés de non "normal" auraient sérieusement des problèmes dans les prochains jours. Et Élias ne voulait absolument pas que la situation dégénère à ce point. Il choisit donc ses mots avec soin pour que les habitants n'aient pas une réaction disproportionnée sous l'effet de la peur.

*Phrase inspirée de la page arrachée qui a permis à Hermione d'identifier le basilic dans Harry Potter et la Chambre de secrets de J.K Rowling.

Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant