Chapitre 36

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Rudy Mitchell

Le petit roux avait décidé de se promener dans les rues de Thiercelieux. Il se dirigeait vers un quartier résidentiel, où de petites maisons à colombages et de toutes les couleurs s'alignaient. Il longea une rue peu passante et se dirigea vers une petite place. Il se souvenait des jours qu'il avait passés en compagnie de Loup à jouer à des jeux quelconques. Il se rappelait son préféré : chat perché. Quand il était petit il avait la manie de grimper et de se suspendre à n'importe quel objet. Alors ce jeu s'était imposé tout naturellement dans l'esprit du petit roux.

Rudy se rendit sur la petite place. Alors qu'il arrivait au coin de la rue, il vit Elias accompagné de Valentin s'assoir sur un banc. Contrairement au maire, Rudy ne connaissait pas bien Valentin. Ce dernier était le photographe de l'école. Par conséquent, Rudy le croisait chaque année mais n'avait encore jamais eu l'occasion de lui parler.

Il ne sut pas pourquoi, mais l'instinct du petit roux lui ordonnait de ne pas s'annoncer. Il contourna alors le banc et fit en sorte de ne jamais se retrouver dans la vision des deux hommes.

Rudy se positionna derrière le banc. Mais il se prémunit d'une distance respectable pour ne pas se faire prendre. Il sut garder un bon compromis entre être trop loin et ne pas entendre la conversation ainsi qu'être trop près et que les deux hommes s'aperçoivent de sa présence.

Le maire et le photographe ne parlèrent pas. Rudy ne savait pas si c'était parce qu'ils profitaient de la présence de l'autre ou si c'était parce qu'ils étaient gênés. Neuf heures et demie sonna et Rudy commença à trouver le temps long.

Quand est-ce qu'ils allaient parler ? Au moment où le petit roux se fit cette réflexion, le brun ouvrit la bouche et déclara :

—Nous sommes amis mais je ne peux pas accepter ce que tu as fait.

Rudy trouvait ses paroles louches. Il ne fut d'ailleurs pas le seul puisque Elias se retourna en direction de Valentin, une expression consternée collée sur le visage. Cependant, au grand étonnement du petit roux, le maire n'ouvrit pas la bouche pour questionner le brun sur ses propos. Rudy s'en trouva frustré, il voulait savoir la raison qui justifiait cette déclaration.

C'était surement le jour de chance du petit roux puisque Valentin annonça sans plus tarder :

—Je sais que tu es un loup.

Le maire passa d'une expression consternée à la surprise. Au grand dam du petit roux. Celui-ci crut voir une expression de culpabilité sur le visage du blond. Mais si cette expression eut lieu, elle fut vite remplacée par une assurance et une méchanceté dont Rudy n'aurait pas cru le maire capable.

—Comment l'as-tu su ?

Elias venait d'avouer, les oreilles du petit roux se mirent à bourdonner et il n'écouta plus la conversation. Le sang battait à ses tempes et une colère sourde grondait au creux de son ventre. Il l'avait une confiance quasi aveugle en Elias et elle venait d'être brisée. Même une glace et ses sept ans de malheur ne l'aurait pas plus ébranlée. Il se questionnait. Qu'aillait-il pouvoir faire de cette information ? Il avait toujours une l'intention de se venger. Il décida qu'aujourd'hui ce ne serait plus qu'une intention.

Le petit roux s'éloigna pour ne pas se faire repérer. Une fois qu'il fut assez loin, il se mit à courir. Il avait le cœur au bord des lèvres et les larmes au bord des yeux. Il se dirigea instinctivement vers la maison de son enfance. Il ne souhaitait pas que son tuteur le voie dans un tel état. De plus, si Elias était un loup alors Evans pouvait être de cette même nature. Il fustigea d'avoir été aussi naïf et se fit promettre de ne pas recommencer cette même erreur.

Rudy continua de courir pour monter la colline. Il passa si vite devant le dernier tombeau de sa sœur que les souvenirs n'eurent pas le temps d'affluer. Il ne s'arrêta que devant sa porte et sorti ses clefs. La porte s'ouvrit d'un grincement sourd. Cette dernière n'avait été ni utilisée, ni graissée ces derniers temps. Le couloir sombre paraissait aux yeux du petit garçon, bien plus effrayant qu'à l'habitude. Il se glissa à l'intérieur, ferma la porte et alluma la lumière. Tout de suite l'endroit fut plus chaleureux, bien qu'une fine couche de poussière commençât à se déposer sur les meubles.

Il se dirigea vers le bureau. Lorsqu'il courait, il avait réussi à élaborer un plan. Celui-ci était très simple, il consistait juste à balancer des tracs avec la révélation. Il commença à créer le texte sur le grand ordinateur du bureau. Il devait écrire d'une manière qui n'aurait jamais pu être la sienne. Il avait été stupide de faire confiance à n'importe qui, mais il n'était pas né de la dernière pluie et savait par conséquent, très bien les dangers qu'il encourait. Une fois qu'il eut fini, il s'attela à imprimer les petits fascicules de papier.

Lorsqu'il, réfléchissait à comment les distribuer, il reçut un message, sur le nouveau téléphone que lui avait acheté son tuteur.

"Je dois me rendre dans un coin éloigné du canton pour soigner quelqu'un alors je passerais la nuit sur place et je ne reviendrais pas à la maison ce soir." Cette déclaration facilitait les affaires du jeune homme puisqu'il pourrait déplacer les papiers cette nuit sans avoir de compte à rendre au brun. De plus, Rudy n'avait pas peur des loups puisqu'il les avait déjà affrontés et qu'il savait pertinemment que ces derniers n'osaient pas rentrer dans le village.

Son problème étant réglé, Rudy s'attela à finir sa tâche. Il allait déguster sa vengeance un verre à la main. Il boirait surement du sirop mais il était sûr d'apprécier le spectacle et quelles que soient les circonstances.

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Hey !!!

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais j'ai changé la couverture. C'est une première avec Photoshop. Qu'est-ce que vous pensez ? J'ai vraiment galéré à incruster le loup du coup s'est réussi ?

Aimer

Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant