Chapitre 28

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Victoire William-Anthéa

La jeune passa devant une vitrine et s'aperçut qu'elle avait une tâche de chocolat sur la joue. Elle s'approcha de son reflet et gratta la tache noire qui contrastait avec sa peau blanche et laiteuse. Quand elle laissa retomber sa main le long de son corps, elle prit le temps de s'observer.

Elle ne le faisait pas souvent attention à son allure parce que cela lui importait peu. Mais elle ne sut pas pourquoi, ce jour-ci, une forte envie la poussa à s'admirer.

Elle avait des cheveux fins et lisses. Ce jour-là, elles les portaient attachées avec un crayon de couleur dans un chignon bas. De celui-ci s'échappaient quelques mèches de cheveux noirs qui venaient encadrer son visage d'une charmante façon. Ce dernier était d'une forme ovale et était orné par deux yeux noirs soulignés de petites paupières presque inexistantes. Son nez était droit et fin, il s'adaptait parfaitement avec les autres éléments de son visage. Mais ce qu'on l'admirait souvent chez Victoire c'était sa bouche d'un rose pâle et éclatant à la fois.

Cependant la jeune femme n'avait pas conscience que l'ont l'admirait, ou elle n'en avait rien à faire tout simplement. Elle n'avait jamais fait attention à la façon dont elle s'habillait et n'y ferait sans doute jamais attention. Par exemple, ce jour-là, elle avait pris les premiers vêtements un peu près propre qui était passé sous sa main. En effet elle portait une salopette et un t-shirt à rayures rouge et noir.

La jeune femme soupira, elle ne savait pas ce qui lui prenait de faire attention à une chose aussi futile, elle continua donc son chemin en direction de sa petite boutique.

Elle répéta un rituel précis et particulier qu'elle connaissait depuis l'enfance. En effet la boutique familiale était son bien le plus précieux et elle avait toujours rêvé de la reprendre. Elle adorait passer ses journées dans cet endroit exigu, qui sentait un mélange de cuire et de livre neuf. Ce parfum embaumait la pièce jusqu'à lui monter à la tête. La jeune femme en devenait folle.

Alors qu'elle respirait comme une droguée cette odeur, une autre mille fois plus savoureuse se répandit dans la pièce. La brune ferma les yeux, pour graver à vie cette senteur. Mais le charme fut rompu quand elle entendit le raclement de gorge d'une personne qui se tenait derrière elle. La jeune femme embarrassée par le fait de s'être fait surprendre dans un geste déplacé, n'osa pas croiser le regard de son client. Elle fit tout pour éviter un contact avec ses pupilles. Alors elle alla chercher un carton qui contenait des livres et commença à les ranger en lui demandant :

—Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Elle se concentrait au maximum sur sa tâche, et sentait les yeux de son client lui bruler le corps. Comme celui-ci ne réagissait pas, dans un élan d'incompréhension, elle se retourna oubliant sa gêne et rencontra le regard d'Ivana Tobins. Cette femme qu'elle connaissait depuis le jardin d'enfants était issue d'un métissage mais cela ne se remarquait pas au premier regard puisqu'elle était albinos. Ce jour-là elle portait des tresses qui ressemblaient à des serpents. La brune rougie, elle n'avait encore jamais remarqué que son ainée était aussi belle.

Alors qu'elle l'admirait, elle croisa le regard améthyste de la blanche et fut hypotonisée au point de ne plus pouvoir bouger. Elle n'arrivait pas à détacher son regard de son ainée. En effet, la brune se sentait étrangement attirée par l'autre jeune femme, elle n'avait jamais eu ce genre de pensée pour elle, ou pour n'importe qui d'autre auparavant. Donc elle se sentait grandement décontenancée par cette sensation inédite.

La métisse posa délicatement sa main sur la joue de Victoire et fit un mouvement circulaire avec son pouce. Quand elle remarqua le malaise évident de l'autre femme, elle s'excusa et immédiatement et prétexta essuyer une tache de chocolat.

Puisqu'elle se rendit compte de son acte malpoli, elle laissa retomber sa main le long de son corps et prit une posture qui trahissait son embarras. Elle colla un bras le long de son corps et passa l'autre sous sa poitrine pour attraper le premier.

Victoire, pour fuir cette étrange attraction décida de se reculer légèrement. Elle alla chercher une nouvelle boite de livre et réitéra sa question. Seulement, cette fois-ci elle obtient une réponse immédiate.

—Qu'est-ce que tu as à me conseiller ?

La voix de la jeune femme était bizarre, elle semblait essoufflée et hachée. Mais la brune ne releva et n'essaya de rester plus professionnel que la fois d'avant.

—Tout dépend de quel livre vous aimez lire. Fantastique ? Horreur ? Triller ? Science-fict...

—Amour. Tu as des romances ?

La brune rougie jusqu'à la racine des cheveux, la demande avait été faite si intensément qu'elle en perdit ses mots. Elle resta immobiliser, ne sachant pas quoi répondre. Et la jeune femme laissa quelques secondes son regard dérivé sur les lèvres de son ainé. Elle se reprit vite, mais la blanche s'en était déjà aperçu. Cette dernière abordait d'ailleurs un sourire mutin au coin des lèvres. Tout se passa si vite que la jeune femme ne sut pas réellement ce qui s'était passé. Mais quand elle retrouva ses esprits, les lèvres d'Ivana étaient posées sur les siennes et sa langue était sur le point de rencontrer celle de la brune.

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Hey !!

Je viens de m'apercevoir qu'on est arrivé aux 5000 lectures. Je n'ai pas de mots pour vous remercier.

Je ne pensais pas en commençant ce livre être autant lu.

Aimer

Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant